Chapitre 47 | Cours d'étiquette

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Elle heurta le sol dans un tintement, interrompant Madame Cortesia qui se tourna vers moi, l'air las.

- Ce sont des couverts en argent jeune fille...

- Oh. Désolée...

Je me penchais rapidement pour ramasser l'objet et me cognais en me relevant, n'arrangeant pas mon compte.

- Très bien, nous allons pouvoir commencer : voilà un très bon exemple de ce qu'il ne faut pas faire, dit-elle en tendant la main vers moi, paume vers le haut. Je déglutis. Tout d'abord, on ne touche pas à ce qui est sur la table, la curiosité est un vilain défaut. Ensuite, continua-t-elle en comptant sur les doigts de sa main, si quelque chose tombe lors d'un cocktail ou d'un dîner en société, ne le ramassez pas vous-même, vous risquerez de vous prendre les pieds dans votre robe ou de vous cogner comme elle vient de le faire. Lors de telles soirées il y a des personnes chargées du service, elles se chargeront de ce genre de désagrément. Et enfin, on ne dit pas "désolé", encore moi "pardon", préférez "excusez-moi" ou "pardonnez-moi".

Elle finit sa phrase en me regardant avec insistance et je compris qu'elle attendait une réponse de ma part, je me lançais donc.

- Excusez-moi... Bafouillais-je. C'était un accident et heu... je ne savais pas, j'ignorais tout cela, mais ça ne se reproduira plus.

- Très bien, comment vous appelez-vous?

- Annie.

- Annie... répéta-t-elle, songeuse, un léger sourire au bord des lèvres. Sachez tout de même, et je m'adresse à vous toutes mesdemoiselles, pas seulement à Annie, que vous devez apprendre l'art de vivre. Selon moi le savoir-vivre est un ensemble de règles communes à toute la société. L'art de vivre, en revanche, n'est pas inné, il se cultive. Et je suis là pour vous l'enseigner.

La directrice nous salua peu de temps après et se retira. Madame Cortesia passa la matinée à nous expliquer les règles de bienséance à table, de l'utilisation des couverts à celle des verres en passant par le placement de la serviette sur les genoux. C'est ainsi que j'appris que la fourchette qui m'avait valu un regard noir était dédiée au dessert. Elle insista sur le fait que ses règles, au premier abord contraignantes, deviennent naturelles à force d'application.

L'après-midi nous avons eu un cours de danses protocolaires. Ce sont des danses, souvent de couples, qui ont une chorégraphie particulière qu'il faut connaître lorsque l'on participe à des cérémonies, au risque d'être invitée à danser et de ne pas en être capable. Selon notre professeure, ce genre de situation nuirait à notre image, en plus de nous plonger dans l'embarras !

- Le respect de l'étiquette, mesdemoiselles, est une chose importante. C'est une chose qu'une jeune femme de votre âge et de votre classe sociale doit maîtriser, conclu-t-elle en fin de journée.

- Je ne pourrais être plus d'accord, confirma la directrice en faisant son entrée. J'ai de bonnes nouvelles mesdemoiselles. Il me semble qu'une mise en application rapide de tous ce que vous venez d'apprendre serait une excellente chose. Dans cette optique, j'ai contacté l'Institut pour garçon d'Europa, pour tenter d'organiser une rencontre entre nos promotions. Sachez que j'ai obtenu une réponse positive de la part du directeur.

Il y eu une faible clameur dans la salle, les filles commençaient déjà à ricaner à cette idée. La directrice les fit taire d'un geste et poursuivit.

- Je vois que cette perspective vous enchante, je me dois donc de vous avertir que j'attends de vous toutes que vous soignez parfaite lors de la soirée organisée à cette occasion. Elle aura lieu samedi soir. Je sais oui, vous n'aurez donc pas beaucoup de temps pour revoir les fondamentaux, continua-t-elle malgré les protestations, raison pour laquelle Madame Cortesia a accepté de vous faire à nouveau cours demain, et je l'en remercie.

Je rejoignis ma chambre accompagnée d'Estelle et Audrey peu de temps après le dîner. Elles semblaient très excitées par cette future soirée, je l'étais bien évidemment, mais je l'appréhendais tout autant. 

- Tu n'as aucune raison de t'inquiéter! tenta de me rassurer Audrey. 

- Bien sûr que si! Tu as entendu la directrice... Je fais tomber les couverts et me ridiculise en permanence, comment veux-tu que je maîtrise toutes ses règles en moins de deux jours? désespérais-je. 

- Avec de l'aide, répondit Estelle en se mettant au lit, on est là pour ça.    

Je souris à cette idée.

- Merci beaucoup les filles, je m'en sortirai bien mieux avec votre aide, dis-je en m'asseyant sur mon lit et en retirant mon collier, jetant à nouveau un coup d'œil au mécanisme de fermeture. 

 - Ne nous remercie pas encore, on n'a pas commencé, plaisanta Audrey. Qu'est-ce que c'est que ça? C'est un collier? 

- Heu, oui. C'est apparemment le seul souvenir de ma famille qu'il me reste, le seul objet de valeur que j'avais sur moi en arrivant à l'orphelinat...

Mon ton s'était fait grave malgré moi et un silence pesant c'était installé. Je n'aimais pas parler de tout cela, surtout pas avec elles qui avaient grandis dans leur famille respective, elles ne comprendraient surement pas. Je rangeais le collier dans le tiroir de ma table de chevet et à mon soulagement, Estelle brisa le silence. 

- Il est très beau en tout cas. 

- Merci. Bonne nuit les filles. 

- Bonne nuit Annie, répondirent-elles en chœur.

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Le nouveau chapitre est là! Ce n'est pas le meilleur que j'ai écrit, mais il pose certains éléments qui seront importants pour la suite ;) J'attends vos avis! :D

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant