Chapitre 98

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- Je ne pense pas que cela soit judicieux, chuchota-t-il avec un sourire en coin.

- Je... soufflais-je, décontenancée. Il venait de prononcer la même phrase que moi lorsque je l'avais repoussé le soir du bal. Ce ne pouvait pas être une coïncidence.

Son sourire s'élargit quand il constata l'effet que ses quelques mots avaient eu. Il n'y avait plus de doute possible. Il entreprit de contourner la table pour me rejoindre et s'arrêta face à moi.

- Je n'étais pas sûre que tu m'aies reconnu... soufflais-je.

- Le son de ta voix, tes yeux, ton sourire, tes fossettes, lista-t-il en faisant un pas de plus vers moi. La couleur de tes cheveux, dit-il en retirant le crayon qui les maintenait pour les laisser onduler dans mon dos. Il faudrait que je sois aveugle pour ne pas te reconnaître à cause d'un masque.

- Pourquoi ne pas avoir évoqué le bal avant ? 

- Alex.

- Pourquoi ne lui en as-tu pas parlé ?

- Pourquoi ne l'as-tu pas fait ?

- J'ai demandé en première.

- Il est habitué à mes frasques, répondit-il honnêtement. Mais je ne voulais pas te faire mauvaise presse devant lui.

Je ne m'attendais pas à cette réponse. Je me sentis rougir et baissais la tête pour qu'il ne le remarque pas.

- Et pourquoi ne pas me l'avoir dit aussitôt était-il parti ?

- Je n'étais pas sûr que tu m'aies reconnu, fit-il en soulevant mon menton pour que je le regarde.

- Je t'ai reconnu à l'instant où nos regards se sont croisés, assurai-je.

Un court moment s'écoula sans qu'aucun de nous ne prononce un mot. Nous nous détaillions mutuellement. Il était à présent dangereusement proche de moi et je n'étais pas tout à fait sereine concernant ce qui pouvait se passer dans les prochaines secondes.

- Je suis heureux de te revoir, dit-il finalement.

- Moi aussi, je crois.

- Tu crois, rit-il doucement. C'est un bon début.

- Je ne pensais pas te revoir, et pourtant te voilà.

- Mais tu l'as senti n'est-ce pas ? Cette connexion irréfutable entre nous.

- Les conditions étaient particulières...

- Pourquoi ? Parce que nous portions des masques ?

- Non. Enfin si, mais pas seulement...

- Je t'écoute.

- Si j'avais su que tu étais le meilleur ami de Logan je ne t'aurais jamais laissé m'embrasser!

- Si je me souviens bien, tu m'as embrassé en retour, dit-il avec un air espiègle.

- Exact. Je ne sais plus quoi penser, fis-je en me détournant de lui et en m'appuyant sur la table.

- L'unique problème que je vois ici, c'est que tu penses peut-être trop, dit-il sans bouger.

- Pardon ?

- Peut-être que tu réfléchis trop et que tu ne ressens pas assez.

- C'est ridicule ! Il n'y a rien à ressentir.

- Très bien. Ose me dire que ce baiser ne t'a pas plu ?

- Toi d'abord.

- Je ne peux pas ! Je n'ai pas arrêté d'y repenser depuis le bal, de penser à toi.

Je déglutis et me tournais de nouveau vers lui.

- Ok, soufflais-je en posant ma main sur son avant-bras, peut-être que j'ai ressenti tout ce dont tu parles et que je n'ai cessé de penser à ce baiser. Mais à quoi bon ?

- Écoutes, dit-il en prenant mes mains dans les siennes, j'ai regretté de ne pas avoir insisté pour que tu me donnes ton nom, et tout à l'heure, quand je t'ai vu entrer dans le petit salon, je n'en croyais pas mes yeux. Peut-être devrions nous voir cela comme une chance de bien faire les choses.

Je lui souris et hochais la tête, convaincue.

Il lâcha ma main gauche, recula d'un pas et me fit un baise-main.

- Prince Nathanaël Wellington d'Angleterre, heureux de faire enfin votre connaissance Mademoiselle.

- Annie, votre Altesse. Enchantée de vous rencontrer, dis-je avec une révérence, ma main droite toujours dans la sienne.

Nous nous installâmes ensuite près de la fenêtre pour discuter. Je lui expliquais mon parcours scolaire avec l'Institut et il fit de même. Sa situation actuelle était quelque peu vague, même pour lui. Il avait fini ses études avec l'Institut et était diplômé mais il ne travaillait pas vraiment. Il était Prince d'Angleterre, destiné à régner mais pas maintenant. Il épaulait donc son père et assistait aux rendez-vous importants mais pour le moment il avait surtout un rôle de représentation auprès du public, ce qui n'avait pas vraiment l'air de le réjouir. Sa venue avait été décidé à la dernière minute et il était arrivé à Europa le samedi soir.

- C'est donc toi la raison de l'annulation de mon dîner avec Logan !

- C'est bien possible. Désolé, ajouta-t-il avec une moue.

- Ce n'est rien. Tu l'as accompagné chez les Crawford.

- En effet. Mais je suis resté en retrait, je n'étais pas vraiment en forme, c'est une longue histoire. Compliquée, et pas vraiment intéressante...

- Quand je t'ai vu je me souviens avoir remarqué que tu ressemblais à mon inconnu du bal.

- L'inconnu du bal, hein ?

- Pas mal, n'est-ce pas ?

- Oui, rit-il. Pour moi tu étais la demoiselle émeraude.

Je souris.

- Ça me plait bien.

Un bruit de pas dans le couloir attira mon attention et la porte ne tarda pas à s'ouvrir sur Hayden.

- Ah! Vous voilà ! s'exclama-t-elle en venant à notre rencontre, suivi par son frère.

- Hayden ! Sean ! Je suis heureuse de vous voir !

- Nous aussi! Excusez-nous pour le retard, fit Sean. Mère avait planifier les essayages de nos tenues de soirée pour Noël et ça a duré plus longtemps que prévu. La couturière a fait énormément de retouches sur la robe de Hayden!

- Oui, c'est ma faute, plaisanta-t-elle. Alex ne va pas tarder à nous rejoindre, nous devrions nous installer dans la grande salle.

- Parfait, assura Nate en se levant.

Il me fit signe de le suivre, attrapa livre et fiches au passage, et sorti de la bibliothèque.

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GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant