GraceBlacke

Chapitre 8 | Résultats 4.

"C'est bien ça le problème, je ne veux pas entrer à l'Institut..."

_Pardon?

_Je refuse l'offre que me fait l'Institut.

_Non, Annie! Je regrette mais non!

_Quoi? Pourquoi?

_Parce qu'une offre pareille ne se refuse pas!

_Bien sûr que si et je viens de le faire! j'avais élevé la voix sans m'en rendre compte.

La porte s'ouvrit avant que je n'aie le temps de m'excuser.

_D..., heu, Marianne... Désolé je n'avais pas réalisé que tu n'étais pas seule, fis Monsieur David à l'intention de Mlle Marianne, confus. Je repasserai plus tard.

_Ne dis pas de bêtises David, j'arrives, répondis-t-elle, avec un regard en coin pour moi. Ne bouge pas je reviens dans un instant.

Elle était agacée, non pire encore, elle était en colère... à cause de moi je crois bien. Je ne comprenais pas pourquoi elle se sentait si concernée par ma décision, après tout j'avais bien le droit de faire ce que je voulais de ma vie. Et j'y avais déjà pensé d'ailleurs! Je voulais être formée pour devenir prof à l'Ecole, comme elle. Elle était inspirante et était comme un modèle pour moi.

J'entendais des brides de la conversation qui avait lieu derrière la porte. Elle réapparut finalement, suivit de M. David qui vînt s'asseoir à ses côtés dans le canapé. Je les observais alors qu'elle lui servait du thé et des gâteaux, et je fus surprise de constater qu'un simple sourire et quelques mots de celui qu'elle appelait familièrement "David" l'avaient calmé. La vérité me frappa de plein fouet quand il lui dit merci en posant furtivement sa main sur sa cuisse, la faisant légèrement rougir et sourire: il y avait un truc entre ses deux-là! Et s'était s'en doute plus que ça à voir la façon dont ils se comportaient ensemble en privé. Ce n'était d'ailleurs pas si privé que ça à ce moment-là puisque je les observais depuis le canapé d'en face pensais-je. Comment se faisait-il que je ne l'avais pas remarqué avant? Peut-être parce qu'alors je n'étais pas amoureuse et que tous ces signes m'échappaient encore. J'aspirais bruyamment une gorgée de mon délicieux thé, souriant bêtement quand les deux tourtereaux me regardèrent avec un air penaud. Reprenant consistance, Mlle Marianne se leva et vînt se placer à mes côtés, prenant ma main dans la sienne. Je ne trouvais pas ça étrange, j'avais toujours eu une relation privilégiée avec elle puisqu'elle me suivait plus attentivement que les autres à cause de mes insomnies.

_J'ai besoin d'être sûre que tu comprends les enjeux... Tu as sans doute eu d'excellent résultats pour être sélectionnée d'office. Tu es sûre de vouloir refuser cette chance? dit-elle finalement. En quelque minutes elle avait changé d'avis. Est-ce que M. David avait plaidé en ma faveur?

_J'y ai déjà réfléchis et oui, je suis sûre de moi.

D'un geste tendre elle passa sa main au sommet de ma tête, derrière mon oreille gauche, le long de ma mâchoire jusqu'à mon menton qu'elle souleva légèrement pour voir mes yeux. Elle jeta un dernier regard à son collègue qui l'encouragea d'un signe de tête avant d'ajouter "Très bien, Annie. Je ferais le nécessaire et j'espère que tu ne le regretteras pas."

***

La fin de semaine était passée vite, si bien que nous étions déjà le premier dimanche du mois, le jour du Service. Tout allait pour le mieux entre Lucas et moi malgré notre "dispute" et notre fête avait lieu ce soir. J'avais proposé mon idée aux autres, organiser la soirée dans le verger, et ils avaient tous accepté. Il faisait suffisamment chaud pour être en extérieur et c'était assez loin de l'Ecole pour ne pas gêner les dormeurs. Je sortis ma tenue de l'armoire en jetant un œil à celle que j'avais prévue pour ce soir. Puis je pris ma douche et enfilait ma robe couleur poudre et mes ballerines avant de descendre pour petit déjeuner.