GraceBlacke

Chapitre 30 | Bonne nuit Annie

J'entendais des sons indistincts autour de moi, mais peu à peu ils se clarifièrent. J'entrouvris les yeux pour découvrir certaines de mes camarades agglutinées près de moi. Dans la pénombre qui régnait personne n'avait remarqué que j'étais réveillé et elles continuèrent à parler comme si je n'étais pas là.

- Mais qu'est-ce qui lui arrive au juste?

- On dirait qu'elle a fait un cauchemar, ou un truc du genre, vous ne croyez pas?

- Un cauchemar? Tu ne crois pas qu'elle a passé l'âge pour ce genre de chose?

- Peu importe. Je tiquais silencieusement en entendant la voix de Johann. J'ai entendu mon père dire que cette fille est certainement dérangée! Entre le fait qu'elle est orpheline, qu'elle a déjà était transféré au sein de l'Institut, qu'elle reste souvent seule et maintenant ça... des troubles du sommeil disons... Je commence à me dire qu'il avait raison.

- Ce n'est pas possible, tu viens d'inventer ça..

- Absolument pas, n'est-ce pas chère déléguée?

- Hum... eh bien ce n'est pas vraiment faux, répondit Nina.

- Voilà, je vous l'avais dit. Bon, je ne sais pas vous mais moi j'ai besoin de sommeil avec les examens de cette semaine.

Je sentis alors quelqu'un me prendre le bras et me secouer doucement. J'ouvris les yeux, consciente à moitié seulement de ce qui se passait. J'étais humide, de sueur et de larmes, je venais de faire un cauchemar. Ça ne m'était pas arrivé depuis un moment et voilà que maintenant je réveillais même les autres étudiantes !

Certaines me lançaient des regards noirs, comme si j'avais volontairement cherché à les déranger, ou peut-être était-ce une conséquence du discours de Johann. Nina fuit tout contact visuel avec moi. Étonnamment, ce fut Johann la plus douce. Elle lâcha mon bras et m'aida à me lever, me tandis ma robe de chambre et me proposa d'aller faire un tour pour me remettre de mes émotions. Je l'écoutais et elle m'observa gentiment quitter le dortoir, avant de murmurer un "Bonne nuit Annie" et de retourner se coucher.

Je me rinçais le visage avant de revenir au dortoir. J'appuyais sur la poignet de la porte pour découvrir avec horreur qu'elle avait été verrouillé de l'intérieur. Je me retrouvais donc forcer de passer la nuit à errer dans les couloirs.

***

J'étais allongé sur ce sofa depuis une bonne demi-heure. J'avais d'abord cru à une mauvaise blague mais il était maintenant clair que personne n'allait venir ouvrir cette porte.

Étrangement, je repensais à Daniel. A la conversation que l'on avait eu un soir. Il m'avait dit qu'il m'aimait bien mais qu'il ne me faisait pas confiance pour autant. Peut-être devais-je agir de la même façon, ce genre de mésaventure ne m'arriverait plus! J'avais fait confiance à ses filles bien trop facilement et je me retrouvais enfermée en dehors du dortoir comme une idiote.

Une autre de nos conversations me revînt à l'esprit. Celle sur les choses bizarres qui se passait à l'Institut, me rappelant les 2 hommes dans la cage d'escalier. Je me levais, me dirigeais vers les ascenseurs et me postais devant l'affiche indiquant les étages. "Neuvième étage : archives." Qu'est-ce que cela pouvait bien pouvoir dire ?

J'hésitais un instant et décidais de prendre les escaliers pour ne pas faire trop de bruit. Je resserrais les pans de ma robe de chambre autour de moi et commençais à monter. La porte s'ouvrit sans problème et je me retrouvais dans un couloir parfaitement normal. L'étage était composé de box en partie vitré, laissant apparaître quelques casiers, de nombreux ordinateurs ici et là, tout un tas de tablette et des tables qui semblaient être de très grands écrans. Je tentais de pénétrer dans l'un d'entre eux mais la porte ne s'ouvrit pas, j'en essayais d'autre en vain. Cela me rappela le second étage de l'autre établissement, Daniel avait décrit ça comme "bizarre" et avait fini par y entrer par effraction, découvrant que nos dossiers y été stocké.

Je m'empressais de quitter cet étage avant de me faire prendre. Dans l'autre institut, il y avait des caméras, qui sait ce qu'il pouvait y avoir ici. Je me rallongeais sur le sofa sans m'endormir pour autant. J'avais trop d'idée qui me tournais dans la tête. Cette petite mésaventure aura eu un point positif finalement. A présent je savais ce qu'il me restait à faire. Découvrir ce qui était "archivé" au neuvième étage.