Chapitre 34 | La Limite

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Je continuais à suivre le petit groupe composé d'élève de l'Institut dans les rues de Kalisk en me demandant comment ils arrivaient à s'y retrouver. Personnellement, hormis pour l'avenue qui menait à la place royale, toutes les rues me semblaient identiques. Elles étaient formées d'alignements de buildings aussi hauts les uns que les autres, et apparemment il en était de même dans toute la ville! Je posais la question à Johann, qui avait ralenti le pas pour m'attendre.

- Je suppose que je vis ici depuis suffisamment longtemps, fit-elle d'un rire qui me parut étrangement amère. Elle se ressaisit aussitôt, passant son bras sous le mien et ne laissant rien paraître. On emprunte ce chemin régulièrement alors on finit par le connaître!

- Régulièrement?

- Tous les dimanches, oui.

-Ah oui? Et où va-t-on exactement?

- A La Limite, mais je ne t'en dirais pas plus, les autres veulent voir ta réaction en arrivant et ils n'aimeraient pas que je gâche la surprise, dit-elle en désignant les élèves qui marchaient devant nous. Je croisais le regard de plusieurs d'entre eux, dont Nina, à qui je rendis son léger sourire. Je passais désormais plus de temps avec Johann qu'avec elle, qui l'eut cru?

- D'accord, riais-je. Mais comment faites-vous pour vous y retrouver quand vous n'allez vas pas à La Limite?

- Je n'en sais rien honnêtement, personnellement je me base sur les enseignes des bâtiments.

Je levais de nouveau les yeux vers les tours. Des plaques métalliques près de l'entrée indiquait ce que le bâtiment abritait.

- Tu vois, reprit-elle, "Global Corp" et "Genesis", quand je vois ses deux bâtiments je sais que je dois tourner à la prochaine et qu'ensuite je suis arrivée.

En effet, nous suivîmes les autres dans une ruelle avant de traverser un petit tunnel sombre. En arrivant à l'autre extrémité je fus aveuglée par une lumière vive. Quand j'eus retrouvé l'usage complet de la vue je restais sans voix. Il n'y avait plus un seul building, devant moi il n'y avait que d'immenses étendues de vert et jaune à perte de vue. Je me tenais debout sur un muret qui longeait une route déserte. Un grillage avait été érigé pour séparer l'espace où je me trouvais de la route, sans doute était-ce dangereux autrefois mais l'endroit était aujourd'hui abandonné et un trou béant trônait au milieu du grillage. Je le traversais et m'assit de l'autre côté, au bord du mur. Les autres, qui avaient déjà investis l'espace, me regardaient d'un air amusé. Ils avaient probablement deviné ce qu'un endroit comme celui-ci, des champs et rien d'autre, ferait à une fille de la campagne. Pierre revint vers moi et s'assit à son tour sur le muret.

- Bienvenue à La Limite! dit-il, tout sourire.

- La Limite, répétais-je dans un murmure. Je regardais par-dessus mon épaule et ce terme pris tout son sens. Les immenses buildings se dressaient juste derrière nous: nous nous trouvions à l'extérieur de la ville sans pour autant l'avoir vraiment quitté! C'est donc la limite de la ville.

- C'est beau n'est-ce pas? Ça te plait?

- C'est magnifique, répondis-je en mesurant l'étendu des champs qui se trouvaient devant nous. Je pris une grande inspiration et fermais les yeux pour profiter des rayons du soleil.

- C'est vrai oui, finit-il par dire, ça me fait penser à...

- ... la maison.

J'avais dit cela sans m'en rendre compte. Quand je rouvris les yeux, Pierre me regardait, intrigué, mais il n'était pas le seul. Lucas, assit non loin de là, face aux champs, semblait m'avoir entendu et regardait dans ma direction.

- Ah oui? reprit Pierre, et où est-ce, la maison?

- Là où j'ai grandi, répondis-je sans cesser de guetter Lucas du coin de l'œil. L'orphelinat de la Région sud de la Seigneurie française. A ses mots, Lucas eut un faible sourire avant de détourner le regard: il m'écoutait bien.

- Tu as grandi en France? Je ne le savais pas.

- Oui, c'est parce que je ne l'ai dit à personne. Mais j'espère que ton séjour là-bas t'as plu...

Je discutais un peu avec lui avant de chercher Johann des yeux. Je finis par la trouver, en compagnie de Nina, à l'écart du groupe. Elles semblaient avoir une conversation pour le moins animée. J'interrogeais Pierre à ce sujet. "C'est sans doute sans importance, elles sont bonnes amies" m'assura-t-il. Pourtant, il se leva aussitôt pour les rejoindre. Je pensais à ce qu'il venait d'affirmer, je n'avais pas vraiment l'impression qu'elles étaient "bonnes" amies, parce qu'elles ne passaient pas beaucoup de temps ensemble. J'observais silencieusement la scène qui se déroulait devant moi. J'eu l'impression que Pierre avait prononcé mon nom et aussitôt leur trois paires d'yeux se tournèrent vers moi.

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J'ai publié 2 chapitres ce week-end, j'espère qu'ils vous auront plu et j'attends vos retours!

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant