Chapitre 125

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- J'ai réellement intégré la Garde, rit-il. Johann a rapidement tenté de me contacter, et pendant des semaines, mais j'ai choisi de ne pas lui répondre. C'était plus simple ainsi. Je commençais une nouvelle aventure dont elle ne faisait pas partie et je savais que rester amis m'empêcherait de passer à autre chose, me donnerait de faux espoirs. J'ai failli céder à plusieurs reprises mais j'ai tenu bon. Et puis un jour je l'ai aperçu sur ma base. J'ai naturellement pensé qu'elle accompagnait son père mais non, elle était là pour moi. Je ne pensais plus la revoir après avoir quitté l'Institut mais elle était bien là. Nous avons eu une longue conversation, elle m'a confié qu'après mon départ elle avait compris ce que serait la vie sans moi et qu'elle n'en voulait pas.

- Elle voulait que tu reviennes à Kalisk ?

- Hum. Mais retrouver mon nom, m'engager dans la Garde, je ne m'étais plus senti aussi moi-même depuis des mois ! Alors je lui ai dit qu'il n'y avait pas de retour possible pour moi.

- Et ?!

- Et elle m'a dit que ce n'était pas non plus ce qu'elle souhaitait. Surtout, elle m'a expliqué qu'elle avait définitivement rompu avec Nina avant de chercher à me rejoindre.

- Mais pourquoi n'as-tu pas simplement commencé par cela ?

- Je voulais tout te dire, et maintenant tu sais absolument tout ! rit-il. Je suis engagé dans la Garde, et de nouveau en couple avec Johann.

Je luis souris.

- Alors tout va bien ?

- Je crois oui. J'apprends de mes erreurs et j'essaie de faire mieux. Je guéris. J'ai repris à zéro à l'armée mais je sens que ça ira. Je suis encore en phase d'entraînement mais je serais bientôt officiellement soldat de la Garde. Et puis j'ai été placé sur la même base que Tyler tu sais ? Nous ne sommes pas au même niveau bien sûr, mais cela m'a permis d'essayer d'arranger les choses avec lui. Ce n'est pas parfait et ce ne sera probablement plus jamais comme avant mais il ne m'a pas repoussé quand je l'ai contacté donc j'ai bon espoir que l'on réussisse à renouer. Je sais que je l'ai beaucoup blessé lui aussi, alors je suis prêt à attendre le temps qu'il faudra pour obtenir son pardon.

- Tu as le mien, soufflais-je.

Il me prit dans ses bras et j'acceptais son étreinte.

- Je suis fière de toi Lucas.

- J'essaie simplement d'arranger les choses.

- Justement. Tu as commis des erreurs et tu essaies d'y remédier, c'est une bonne chose.

- Ça m'avait manqué, dit-il finalement en me relâchant, de pouvoir me confier sans jugement. Tu as toujours été une superbe amie et tu m'as réellement manqué.

- Tout pareil ! Mais ne t'avise plus jamais de disparaître ainsi, fis-je en lui donnant une tape sur l'épaule.

Il faillit basculer et tomber du banc mais se redressa in extremis. Je joignis mon rire au sien et nous ne tardâmes pas à retourner au palais.

Je fis de grands gestes en apercevant Johann sous un petit chauffage, exactement là où elle nous avait dit qu'elle serait. Je rendis sa veste à Lucas et me précipitais vers elle, les pans de ma robe voletant dans mon sillage. Elle me tendit les bras et s'élança vers moi en riant puis me serra contre elle.

- Je suis désolée ! dis-je en même temps qu'elle.

- Je suis désolée d'avoir réagi ainsi tout à l'heure. Je suis vraiment heureuse de te voir Johann !

- Et je suis désolée pour toute cette histoire !

Je secouais la tête et leur fis signe de se rapprocher du chauffage.

- Ne le sois pas. Lucas et moi nous sommes compliqués la vie nous-même.

- Quand bien même, je me sens un peu responsable ...

- Pas du tout, éludais-je.

- Je crois pouvoir dire après cette discussion que nous avons mis les choses à plat, fit Lucas en guettant ma confirmation.

- Oui, il est temps de passer à autre chose, souriais-je. D'ailleurs Lucas m'a tout raconté ! sifflais-je. Je peux en conclure que tout va bien entre vous maintenant ?

Ils se sourirent et se rapprochèrent l'un de l'autre.

- Oui. Mais je regrette qu'il ait fallu que je te perde pour comprendre mes sentiments pour toi, fit Johann en entrelaçant ses doigts à ceux de Lucas. Je ne sais pas ce que je ferais si je ne t'avais pas à mes côtés, ni même comment j'aurais fait si tu ne m'avais pas laissé une seconde chance.

Je souris. Ils étaient tellement à l'aise l'un avec l'autre et avaient l'air si heureux ensemble !

- Qu'en est-il de ta famille Johann ?

- De mon père tu veux dire ? J'ai eu une conversation avec lui et avec le soutien de mon frère il a fini par lâcher du lest. Si tout se passe bien, je devrais intégrer un établissement de niveau 2 au prochain cycle institutaire. Sinon je commencerais à travailler, mais je ne ferais pas une année de plus à Kalisk !

- C'est génial ! m'exclamais-je.

- Oui, mais je pense surtout qu'il est rassuré parce que je suis officiellement en couple avec un garçon. Mais bon, je prends ce que je peux obtenir !

- Peu importe ce qu'il pense, tu n'as jamais rien fait pour mériter un tel traitement, grogna Lucas.

- Je le sais, mais tu as bien vu comme il était prêt à annoncer nos fiançailles quand nous lui en avons parlé !

- Fiançailles ? manquais-je de m'étouffer.

- Non ! s'écria Lucas. Enfin ce n'est pas que je ne veux pas, précisa-t-il à l'attention de Johann, mais nous ne sommes pas fiancés.

- Mon père se réjouit de notre situation, que nous formions officiellement un couple, mais je suppose qu'une part de lui a besoin d'être rassuré quant à mon orientation sexuelle, qui je le précise, n'a jamais changé. Il ne comprend pas que j'ai choisi Lucas non pas parce qu'il est un garçon, mais parce que mes sentiments pour lui sont indiscutables. Il ne comprend pas non plus que j'ai réellement éprouvé des choses fortes pour Nina, mais que je n'ai jamais été amoureuse d'elle.

Elle finit sa phrase en se tournant vers Lucas et son regard en dit long. Je ne sais pas pourquoi elle ne prononça pas ces quelques mots, peut-être ne les avaient-ils encore jamais échangés, ou peut-être ne voulait-elle pas les dire devant moi, mais une chose était évidente : ils étaient amoureux. Cela m'apparaissait tout aussi clairement que lorsque j'avais vu Logan et Estelle danser un peu plus tôt dans la soirée. Je déglutis. Nous étions encore jeunes et pourtant eux semblaient avoir déjà trouvé un amour fort et sincère...

- Et donc, continuait-elle, il voulait annoncer au monde entier notre relation et la meilleure idée qu'il ait eu était des fiançailles en bonne et due forme, rit-elle.

- Ce n'est pas que l'idée ne nous plaît pas, clarifia Lucas, mais nous ne sommes pas prêts pour ça, pas encore ! Au contraire, nous nous sommes accordés sur le fait de prendre notre temps, de voir comment les choses évolueront maintenant que je ne suis plus à Kalisk.

- Je vois, le Général s'est un peu emballé ! plaisantais-je.

- C'est le moins que l'on puisse dire !

- Je suis heureuse pour vous les amis, dis-je sincèrement.

Ils me questionnèrent sur ma vie à Europa, je leur répondis en détail, ravie de pouvoir partager cela avec eux, et finis par les quitter avec la promesse de les revoir très prochainement à l'Ecole. 

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant