Mes premiers jours à Europa c'étaient déroulés à merveilles. J'avais fait la rencontre de mes camarades de l'Institut. Nous n'étions que vingt, venues de tout coin du Royaume. Adamsky, le directeur de l'Institut de Kalisk, avait raison, le niveau de vie n'était pas le même. Tout ici été plus beau, plus grand, et sans doute plus cher aussi. L'Institut d'Europa était un joyau à lui seul! Les murs étaient décorés de tapisseries, tableaux, miroirs et dorures. Même les plafonds étaient couverts de fresques représentant tout un tas d'angelots sur fond de ciel bleu rehaussé, là-aussi, de dorures. Chaque pièce renfermait tout un tas d'objets précieux, et je me surprenais parfois à me demander s'il en était de même au château. Après tout, ce genre de décoration n'était pas monnaie courante là d'où je venais...
Le rez-de-chaussée était composé d'une grande salle à manger, des cuisines, des bureaux de l'administration et de salles communes. L'édifice était muni de larges escaliers en marbre mais ceux-ci étaient délaissés au profit des ascenseurs, surtout quand il était question de se rendre au deuxième ou troisième étages. Au premier se trouvaient d'autres salles communes, des salles de classe et une bibliothèque. L'étage supérieur était consacré aux étudiantes, il n'y avait que des chambres de deux lits mais Estelle et Audrey s'étaient portées volontaire pour m'accueillir dans la leur et m'éviter d'être logée seule. Enfin, au dernier il y avait les locaux réservés au personnel de l'Institut.
A mon plus grand étonnement, nous n'avions pas autant de cours théoriques que dans les autres niveaux, et je n'avais donc aucun retard à rattraper. Ce qui changeait radicalement de ce que je connaissais c'était les cours pratique de "savoir vivre", "vie en société" ou encore "diplomatie". Ils consistaient en des leçons qu'il fallait mettre en pratique lors d'ateliers. Je participais ce jour à mon premier atelier et, ne sachant pas à quoi m'attendre, commençais à être nerveuse.
Nous étions toutes les quinze alignées dans un couloir du rez-de-chaussée, attendant que l'on nous demande d'entrer dans la salle à manger. Je constatais que les autres filles se tenaient toutes de la même manière, debout à bonne distance du mur, le dos droit et les mains jointes à l'avant. Cette similitude était accentuée par le fait que nous portions toutes la même tenue, une robe noire fluide accompagné d'un boléro bordeaux portant les armureries de la famille royale. Je décidais de faire de mon mieux pour tenir la même posture qu'elles, ce qui fit rire Estelle, placée à côté de moi. Elle m'attrapa les épaules qu'elle ramena légèrement en arrière ce qui me fit légèrement bomber le torse. "Là c'est un peu mieux, chuchota-t-elle. On reverra tout ça en cours, ne t'inquiète pas."
Les portes finirent par s'ouvrir sur Julie qui nous fit signe de nous installer à table, où le couvert avait déjà été dressé. La directrice fit alors son entrée, accompagnée d'une femme soignée aux cheveux légèrement grisonnants, vêtue d'un tailleur gris qui lui donnait un air particulièrement sévère. Elle s'arrêta à l'extrémité de la table et nous scruta en ajustant ses petites lunettes, les lèvres pincées, ce qui n'améliora pas la première impression qu'elle m'avait faite.
- Qui est-ce? demandais-je faiblement à l'intention des étudiantes qui pouvaient m'entendre.
- Aucune idée, souffla Céline, assise à ma gauche.
- Vraiment? relançais-je, surprise.
Pour seule réponse plusieurs d'entre elles secouèrent la tête négativement.
- Mesdemoiselles, commença Madame Shirley, nous avons le plaisir de compter aujourd'hui parmi nous Madame Cortesia. Je veux que vous compreniez que c'est une véritable chance qu'elle se joigne à nous et vous demanderez par conséquent de porter une attention toute particulière à ce qu'elle vous enseignera, qui vous aidera, je n'en doute pas, à obtenir votre diplôme. Je vais donc la laisser se présenter d'elle-même.
- Bonjour Mesdemoiselles, je suis Madame Cortesia, chargée du respect du protocole et des règles de courtoisie pour la famille Royale. Ma fonction est donc d'assurer la bonne mise en oeuvre de ses règles lors des apparitions publiques des souverains, mais également lors des réunions privées et entre autres des soirées qui ont lieu au château. Plus encore, à mon arrivée au service de la famille GraceBlacke, il a fallu que je fasse en sorte que les héritiers maîtrisent tout cela aussi bien que leurs parents. Aujourd'hui je remplis cette tâche auprès du Prince, des régents et de leurs enfants. Cela vous semble peut-être encore éloigné mais vous avez toutes atteint le niveau deux, ce qui signifie que vous finirez probablement par obtenir le Grade 2, et le titre de Lady qui l'accompagne et vous pourriez même entrer à la Cours de GraceBlacke. Si cela devait arriver, vous devrez maîtriser toutes les règles immédiatement, il n'y a pas de période d'apprentissage. Par exemple, on doit s'adresser aux souverains par "Votre Majesté" et aux membres de la famille royale par "Votre Altesse", et ce dès le premier jour, me comprenez vous?...
Je souris à cette idée: obtenir le Grade 2, devenir Lady, entrer à la Cours, rencontrer la famille royale? Tout à coup l'Ecole me semblait bien loin... Comment étais-je arriver jusque-là? J'étais passé en quelque mois d'une vieille table en bois à une table couverte d'une nappe décorée de broderie, quatre fourchettes par personnes, trois couteaux et autant de verres! L'une des fourchettes, plus petites que les autres, attirait alors mon attention. Curieuse de connaître son utilité, je m'en saisie et la triturais, avant de la faire tomber. Elle heurta le sol dans un tintement, interrompant Madame Cortesia qui se tourna vers moi, l'air las.
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GraceBlacke
Teen FictionSuite à de nombreuses guerres, la monarchie a été réinstaurée en Europe. En prévision d'une énième guerre, les Etats européens ont choisi de créer un seul et unique Royaume, plaçant la famille GraceBlacke à la tête de toutes les autres. Cette fa...