Chapitre 15 | Révélation

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"Il n'est plus à l'armée."

Ce fut mon tour d'écarquiller les yeux. Pendant un instant tout semblait flou autour de moi et tout ce que je pouvais entendre était un bourdonnement. « Il n'est plus à l'armée. » Lucas aurait donc quitté l'armée. Mais pourquoi ne me l'avait-il pas dit ?

- Qu'est-ce qu'il fait alors ? Pourquoi est-ce qu'il n'est pas revenu ici ?

- Honnêtement je n'en sais rien. Comme je te l'ai dit je ne l'ai pas vu depuis un moment, deux ou trois semaines, peut-être plus...

- Okay... mais ça fait combien de temps qu'il a quitté l'armée au juste ?

- Eh bien, comment dire ça... je ne suis pas sûr qu'il se soit un jour engagé.

- Quoi ... ? fis-je dans un soupire.

- Je m'explique : quand on est arrivé là-bas, on a été mis à l'essai, une sorte de période probatoire à la fin de laquelle on devait choisir si on souhaitait continuer ou non.

- Combien de temps ?

- Seulement quelques semaines. Je me suis engagé en juillet.

- Oh... Ce n'est pas récent alors... Tu m'excuse un instant ?

Je me levais sans même attendre sa réponse et me dirigeais machinalement vers ma chambre. J'ouvris mon armoire et cherchais du bout des doigts la boîte dissimulée au fond. Je m'assis sur mon lit pour vérifier les dates sur les dernières de ses lettres, une dizaine depuis juillet. J'attrapais la première chose qui me passa sous la main, en l'occurrence un coussin, et l'envoyais valser à travers la pièce. Il atterrie contre la porte qui se referma sur Tyler, qui venait d'apparaître dans le couloir. Je me laissais tomber sur le dos, fixant le plafond.

- Tu peux entrer, lui lançais-je avant même qu'il ne l'ait demandé. Excuse-moi pour le coussin.

- Annie ? dit-il en jetant un coup d'œil méfiant dans ma direction.

- Je ne vais rien te lancer d'autre... d'ailleurs je ne te visais même pas, je ne savais pas que tu étais là. C'est que tu en as mis du temps pour monter !

- Oui, sourit-il, j'avais oublié à quel point cet endroit est grand. En plus je n'avais pas vraiment pour habitude de venir dans l'aile des filles.

- Vrai, riais-je avant de perdre mon sourire.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en s'approchant.

- Ce qui se passe ? Tu veux le savoir ? répliquais-je en me redressant aussitôt. Ça fait des semaines qu'il me balade ! Des semaines!

Il jeta un coup d'œil rapide aux lettres dispersées sur le lit.

- Et il a écrit tout ça après avoir abandonné l'armée ?

- Apparemment oui, c'est tout ce que j'ai reçu depuis juillet. Mais à aucun moment il n'en parle ! Et j'ai répondu à chacun de ses tissus des mensonges. Il aurait pu simplement me le dire !

- Peut-être qu'il avait simplement honte...

- Ne prends pas sa défense tu veux! A moins que tu ais une bonne raison de le faire. C'était sa décision de laisser tomber, pas de quoi en avoir honte!

Il s'assit par terre en s'adossant à mon lit et fixa le plafond à son tour. Je regrettais aussitôt mes paroles, j'y avais été un peu fort quand même. Je passais mes doigts dans ses cheveux noirs puis j'entrepris de dessiner les lignes de son profil et de sa mâchoire. A ma grande surprise il ne broncha pas et continua à fixer les murs de ma chambre.

- Je suis désolée, me lançais-je, je n'aurais pas dû être aussi dure. C'est juste que je lui en veux tellement et que je ne comprends pas! Si tu savais quelque chose, tu me le dirais?

Il immobilisa ma main en l'attrapant et déposa un baiser sur mes doigts.

- Bien sûr.

- Je sais bien que vous êtes amis mais ...

- ... Je te l'ai dit Ann, on ne s'est pas parlé depuis longtemps.

- Est-ce que ça va Ty?

Il se tourna vers moi en s'appuyant sur mon lit

- Oui, c'est juste qu'on a eu quelques désaccords avec Lucas et que je ne sais pas si on peut encore considérer qu'on est amis.

- Oh, désolé je ne savais pas.

- Ouais. On a grandi ensemble donc on a un lien spécial, enfin je pense, mais ce n'est plus tout à fait pareil. Peut-être qu'on ne défend tout simplement plus les mêmes valeurs.

- Quelles sont tes valeurs alors?

- Celles de l'armée je dirais. Pour moi c'est un peu comme avoir enfin trouvé ma place, une famille. Vous, vous êtes ma famille, mais ils sont comme une seconde famille. Tu comprends?

- Je crois oui. Tu es entouré de personnes qui veulent atteindre le même but que toi et en qui tu dois finir par avoir confiance. Ce genre de relation crée forcément des liens particuliers. Je suis contente pour toi, tu as trouvé ta voie.

- Oui, mais qu'en est-il de toi? D'où viennent ses regrets soudains?

- Je ne sais pas vraiment en fait, et ce n'est pas soudain. Etre prof ça m'a toujours intéressé... Le truc c'est que je peux très bien faire l'Institut et y devenir prof ensuite.

- Mais tu as choisis de ne pas le faire, c'est de là que vient le vrai problème. Si tu n'es pas capable de mettre le doigt dessus, tu n'y trouveras pas de solution.

- Mon problème c'est que je regrette de ne pas avoir accepté l'offre de l'Institut!

- Peut-être, mais tu n'aurais eu aucun regret si tu avais accepté...

- C'est logique oui, mais je ne vois pas où tu veux en venir!

- Au contraire, je pense que tu sais parfaitement de quoi je parle, mais tu n'es peut-être pas prête à l'admettre. Quand tu le seras, fais-moi signe.

Il se leva et avança vers la porte.

- Tyler... Je suis dans le néant là! Éclaire-moi s'il te plait.

- Très bien. Pourquoi as-tu refusé l'offre de l'Institut Ann?

GraceBlackeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant