GraceBlacke

Chapitre 32 | No service

Johann m'entraîna à sa table habituelle. Je m'installais à côté de David et face à Pierre, qui étaient déjà là. Elle s'assit près de Pierre, qui passa son bras autour de son cou.

- Alors ? Racontes-moi tout ! Comment c'était la Seigneurie française ?

- Génial, vraiment très intéressant en plus! On a assisté aux cours avec les élèves du niveau supérieur et c'était passionnant, répondit-il.

- J'aurais tellement aimé être de la partie !

- Je suis sûr que tu aurais aimé ça...

Je les enviais, David et Pierre, d'avoir eu la chance d'aller en France. Je n'étais parti que depuis quelques semaines mais j'avais déjà envie d'y retourner ! Kalisk était tellement différente de là où j'avais vécu avant, j'avais encore du mal à me faire à leurs habitudes et plus globalement à leur mode de vie ; ils étaient constamment entourés de technologie et semblaient quelque peu déconnectés des usages que l'on m'avait enseignés dans les niveaux inférieurs de l'Institut. C'était un peu comme si le niveau 4 évoluait indépendamment des autres... Par exemple je n'avais jamais vu un couple s'embrasser en public avant de venir ici, et encore moins travaillé avec une tablette ! De toute façon l'orphelinat n'avait certainement pas les moyens pour avoir ce type de matériel.

Comme à chaque fois que je commençais à songer à l'Ecole je repensais à mes amis. Je les avais informés de la présence de Lucas dans le même établissement que moi et ils n'avaient pas manqué de me remonter le moral et de me donner le courage de continuer malgré cela. Je ne sais pas comment j'aurais pu surmonter cela sans eux, ils étaient sans aucun doute les personnes en qui j'avais le plus confiance mais nous étions dispersés dans le Royaume. Je m'étais finalement fait des amis ici, en la personne de Johann notamment, ce qui était plutôt étonnant dû à la teneur de ses relations avec Lucas, mais ce n'était pas pareil. Je les appréciais, en quelque sorte, sans leur faire confiance. Qui pouvait m'en blâmer ? En y pensant bien, je réalisais à l'instant que je ne connaissais quasiment rien des gens que je fréquentais au quotidien.

J'observais Pierre et Johann durant leur conversation. Ses deux-là avaient l'air très complices, plus que ne le seraient de simples amis. Mais je n'arrivais pas à définir quel type de relation ils entretenaient. Pierre sembla remarquer mon air songeur et me sourit avant que son regard ne se déplace et que son expression ne se durcisse aussitôt.

- Filip. Il avait prononcé ce prénom de manière sèche, et le méprit dans sa voix était parfaitement perceptible.

- Pierre, répondit l'autre, qui passait derrière moi.

Le jeune homme le suivit du regard jusqu'à ce qu'il se soit assis à côté de Johann. Celle-ci déposa un baiser sur la joue du nouveau venu. J'essayais de ne pas détourner le regard mais j'étais particulièrement mal-à-l'aise. Le simple fait que Lucas s'asseye à leur table en se faisant passer pour Dieu sait qui était déplacé et en ne disant rien j'avais l'impression d'avoir pris part à cette étrange machination.

- C'est bon Pierre, ne te la joue pas protecteur à peine rentré, fit Johann.

- Père serait déçu si je n'assurais pas cette tâche, sourit-il.

Pour seule réponse elle lui asséna une tape sur l'épaule.

- Père ? demandais-je. Vous êtes...

- Frère et sœur, confirma David, ne vois-tu donc pas cette ressemblance ?

- Maintenant que tu en parles... Ils avaient tous deux les cheveux extrêmement sombres et les yeux d'un superbe marron brillant. Ils partageaient également le même sourire et les petites fossettes qui creusaient leurs joues. Malgré leur ressemblance à présent flagrante, il était clair que Pierre était le plus âgé des deux.

Je n'avais encore jamais rencontré de personnes qui appartenaient à la même fratrie. A l'Ecole, tous les enfants étaient des orphelins et bien que l'on se soit toujours considéré comme une famille, nous ne partagions aucun lien du sang. Et depuis que je suis à l'Institut, je n'avais jamais vue d'étudiants de la même famille dans le même établissement. Bien évidemment je savais que certains avaient des frères et sœurs, mais je ne les avais jamais vu au même endroit au même moment. Je souris à cette idée.

- Qu'y a-t-il ? demanda Pierre.

- C'est la première fois que je rencontre des frère et sœur, souriais-je.

- Oh, fis Johann. Eh bien Annie, je te présente mon frère ! plaisanta-t-elle.

Nous avons déjeuné en discutant et riant. Je finis même par apprendre que c'était grâce à leur père, au sujet duquel ils restaient vagues, que Johann et Pierre était dans le même établissement et qu'ils avaient rencontré Filip. 

- A quelle heure est la diffusion du service ? risquais-je.

Ils prirent un instant avant de me répondre, se lançant des regards amusés. C'est finalement David qui pris la parole. Il posa sa main sur mon bras et sourit, découvrant ses dents tordues :

- Hum, comment te dire ça... Ma puce, personne ne regarde ça. Ici on applique le "no service", plaisanta-t-il.

- Mais c'est obligatoire, non ? Tout le monde doit le regarder...

- Oui enfin presque. Peut-être que là d'où tu viens c'était comme ça mais ici, au niveau 4, on est trop occupé pour perdre notre temps à regarder ça, ajouta Lucas, enfin Filip.

Je hochais la tête. Son ton ne m'avait pas plu, cette manière de constamment rejeter l'orphelinat était ridicule. Je ne voulais pas faire un scandale, alors j'ignorais simplement son intervention et demandais: Alors que va-t-on faire?

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Ce chapitre vous a plu? Que pensez-vous du fait qu'ils ne visionne pas le service royal?

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