Chapitre 71 | Isabelle Crawford

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Le lendemain matin, une voiture avec chauffeur nous attendait devant l'Institut pour nous conduire chez les parents d'Estelle.

Nous roulions depuis une vingtaine de minutes déjà, dans un silence plutôt lourd. Le chauffeur avait remonté la vitre teintée qui le séparait de nous et nous nous étions retrouvé toutes les trois, Estelle face à Audrey et moi.

Nous avions quitté la banlieue de la capitale et roulions sur une route de campagne depuis à peine 5 minutes quand la voiture bifurqua et s'arrêta devant un haut portail. Le chauffeur présenta ses papiers à la sécurité. Le portail s'ouvrit alors et le véhicule s'engagea sur une voie privée bordée de part et d'autre de grands arbres aux pieds desquels de petites fleurs roses, blanches et violettes se côtoyaient.

- Je sais que tout ceci peut vous sembler étrange, mais je vous demande de me faire confiance. Tout sera plus clair une fois que l'on vous aura tout expliqué, dit faiblement Estelle.

Je lui fis un sourire hésitant sans rien ajouter. Qu'aurais-je pu ajouter? Tout ceci était étrange et j'espérais simplement qu'elle avait une bonne raison de faire autant de mystère.

Je me détournais d'elle, mon regard étant attiré par quelque chose d'autre. Nous avions atteint la lisère des arbres, et alors que le véhicule contournait la fontaine qui se trouvait au bout de l'allée, une grande bâtisse se dressait devant nous. L'entrée se trouvait au sommet d'un escalier aux larges marches devant lesquelles la voiture s'immobilisa.

Un majordome nous ouvrit la porte et nous accompagna à l'intérieur où d'autres membres du personnel nous attendait. Estelle nous présenta et les salua un à un par leur prénom alors qu'ils lui répondaient à coup de "Mademoiselle Crawford" et autres "Miss Estelle". Je restais silencieuse, confuse. Est-ce que sa mère travaillait ici maintenant qu'elle avait quitté le palais royal? 

- Il ne fallait pas vous donner la peine d'un tel accueil, ce n'est pas une visite officielle, continua Estelle.

- En effet Mademoiselle, mais Madame votre mère est très heureuse de rencontrer vos amies.

"Madame votre mère?" Je croyais que sa mère avait servi au château... Audrey me lança un regard étonné mais je ne puis qu'hausser les épaules, n'ayant pas de réponse à sa question silencieuse.

- Estelle est-elle arrivée? demanda une voix féminine venant de la pièce voisine. 

- A l'instant mère, répondit aussitôt l'intéressée. 

Une femme noire aux yeux noisette apparue bientôt dans le hall d'entrée. Elle portait un pantalon crayon vert sapin, un top couleur écru et une paire d'escarpins noirs. Ses cheveux bruns étaient tressés en une couronne, dégageant son visage. Elle devait avoir une quarantaine d'années, mais pour sûr moins de cinquante ans, et elle était rayonnante. 

Elle s'approcha de sa fille et la serra dans ses bras. Sa démarche était assurée et pleine d'élégance, Estelle tenait sans aucun doute d'elle.

- Comment allez-vous, mère? 

- Bien ma puce, je suis contente de te voir, répondit-elle en effleurant la joue de sa fille. Tu me présentes? 

- Bien sûr, fit-elle en pivotant vers nous. Maman, je vous présente Audrey et Annie, mes colocataires de l'Institut et amies. 

- Enchantée Mesdemoiselles, je suis Isabelle. Elle nous sera la main en nous détaillant avec attention. Quand son regard se posa sur moi j'eus l'impression qu'elle se crispa. Elle semblait étrange tout à coup, plongée dans ses pensées. Je, euh... Je viens de penser à quelque chose d'important. Vous m'excusez un instant? Je vous retrouve dans le salon, finit-elle à l'intention de sa fille avant de s'éloigner prestement. 

Nous suivîmes Estelle jusque dans le salon en question où on nous offrit du thé et des biscuits. Mes yeux parcouraient la pièce dans ses moindres détails. La décoration, bien qu'assez simple, était plutôt précieuse. Un superbe piano à queue trônait dans la salle voisine, de nombreuses œuvres était exposées çà et là, et le jardin sur lequel nous avions vu semblait sans fin. Une chose était sûre, ce n'était pas la maison d'une servante. 

- Dîtes-moi, vous n'êtes pas très bavardes Mesdemoiselles! s'exclama Madame Crawford en nous rejoignant. Je lui souris, reportant mon attention sur notre petit groupe. 

Elle déposa une petite boite sur la table, qu'elle ouvrit et nous présenta la fameuse broche en soleil qu'elle contenait.  

- Savez-vous ce dont il s'agit? 

- Oui, Estelle nous a dit que c'est une broche offerte aux employés du château royal, répondis-je.

- Hum... oui, enfin pas exactement, dit Madame Crawford en lançant un rapide regard à sa fille. Que vous a-t-elle dit au juste? 

- Que vous avait travaillé au château, répondit Audrey. 

- Je vois... Sachez qu'en réalité cette broche est offerte par la famille royale aux membres les plus importants de leur Cour. 

- Très bien... donc je suppose que vous n'étiez pas servante au palais? soufflais-je.

- Non, en effet.

- Puis-je vous demander qu'elle poste vous occupiez alors? fis Audrey.

- J'étais Dame de compagnie de la Reine Abigail.

J'écarquillais les yeux alors qu'Audrey se redressait dans son siège. Dame de compagnie de la Reine, rien que ça?!

 Dame de compagnie de la Reine, rien que ça?!

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