"Annie, j'ai le plaisir de te présenter le Général Dinler."
Je déglutis. Il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour faire le rapprochement. Dinler? Comme dans Pierre et Johann Dinler? L'homme me tendis la main que je serrais rapidement.
- Enchantée monsieur Dinler. Ou devrais-je vous appeler Général?
- Moi de même mademoiselle. Vous ne faîte pas partie de la Garde, donc monsieur fera l'affaire. Je suis ravie de pouvoir enfin rencontrer celle dont tout le monde parle à l'Institut!
- Tout le monde? demandais-je, tout à coup extrêmement nerveuse.
- En haut lieux seulement, ne vous en faite pas pour ça. J'ai entendu dire que vous avez déjà été transféré plusieurs fois et que l'on cherche à vous placer définitivement dans un établissement de votre niveau.
- Heu... c'est bien ça oui, répondis-je en me demandant d'où il savait tout cela sur moi. J'attends de savoir quand est-ce que le nouveau test aura lieu.
- Pour bientôt très chère! Il est possible que je sois ici pour cela. Continuons Tobias, voulez-vous? Il me serra la main de plus belle avant de s'éloigner, Adamsky sur les talons.
Cet homme était particulièrement intimidant, par sa posture, sa carrure mais aussi sa façon de s'adresser à vous. Pas le choix, vous étiez obligé d'aller dans le même sens que lui, et je n'osais pas imaginer ce qui se passerait si on lui tenait tête. Le sourire effacé de Johann un peu plus tôt me revint à l'esprit, était-ce dû à son père? D'ailleurs savait-elle qu'il été là? Je comprenais maintenant pourquoi Lucas semblait si pressé un peu plus tôt. Sans doute avait-il vu monsieur Dinler et était-il monté prévenir Pierre et Johann de la présence de leur père. Les relations de la famille Dinler devaient être pour le moins compliquées au vu du remue-ménage que la venue du père provoquait.
Je décidais de me rendre à l'étage des étudiants où je découvris le Général en pleine conversation avec ses deux enfants, et Lucas. Ce dernier se trouvait en retrait mais prenait bien part à la conversation. A l'inverse, Nina, que j'aperçu cachée dans un coin, les épiait et n'était en rien la bienvenue. Lorsqu'elle me vit elle reprit son chemin l'air de rien. Je la rattrapais.
- Hé Nina, tu sais ce qui se passe là-bas?
- Rien qui ne nous concerne.
- Sérieusement? Je sais que tu les écoutais.
- Très bien... répondit-elle avec un sourire en coin. Rien de bien intéressant, les remontrances habituelles quand "papa Dinler" est dans le coin.
- Oh... mais pourquoi, hum, Philip assiste à ça?
- Parce qu'il est concerné? Parce qu'il est le petit ami ou le je ne sais quoi de Johann? Parce qu'il l'a rencontré grâce au Général? Honnêtement je n'en sais rien... Viens, on va dîner, ils nous retrouveront plus tard.
Sans le savoir, elle venait de me donner une piste pour le moins intéressante: Lucas avait rencontré Johann grâce au père de celle-ci, qui n'était autre qu'un militaire. Il était plus que probable qu'il ait fait la connaissance du Général lors de sa phase de test à l'armée.
Je suivis Nina sans contestation mais aucun d'entre eux ne nous rejoint, si bien que je décidais de partir à la recherche de Lucas, Philip ou peu importe comment vous souhaitez l'appeler. J'avais besoin d'avoir des réponses, et vite!
Je demandais aux autres élèves mais auncun ne semblait avoir vu les trois personnes concernées, alors je me fis à l'idée qu'ils devaient toujours être avec monsieur Dinler et me rendis à la bibliothèque pour me changer les idées. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver Lucas assis près de l'entrée, au bureau de Mme Pitfick, cette dernière étant absente. Il semblait m'attendre puisqu'il se leva en me voyant et me fis signe de le suivre parmi les allées remplies de livre, ce que je fis. Une fois suffisamment isolés il m'attira lentement à lui et m'embrassa tendrement. Je me laissais faire, sourire aux lèvres. Il me rendit mon sourire, caressant mes lèvres du bout des doigts.
- J'ai envie de t'embrasser depuis que tu m'as souri un peu plus tôt, ça faisait longtemps que je n'y avais pas eu le droit.
- Je n'ai souris que parce que tu m'as appelé Ann, et ça aussi ça faisait longtemps.
- Je suis content que ça t'ait plu, Ann...
Je le fis taire en l'embrassant de plus belle. Je savais que je devais lui parler de choses sérieuses et que demain matin je m'en voudrais de l'avoir laissé m'embrasser, et de l'avoir embrassé en retour! Mais c'était plus fort que moi. Le sentir tout près de moi me rendais heureuse, je n'y pouvais rien. Je passais mes bras autour de son cou et mes mains dans ses cheveux blonds alors qu'il resserrait son étreinte.
- Tu m'as manqué, finit-il par lâcher entre deux baisers.
Je m'immobilisais aussitôt. Je lui avais manqué? Je souris, aussi bête que cela puisse paraître, ça me faisait du bien de l'entendre. Lui aussi m'avait manqué, évidemment, mais je me gardais bien de le lui dire. Il s'assit sur un des vieux fauteuils qui se trouvaient là et me serra dans ses bras. Il déposa un baiser chaste sur mes lèvres et reprit:
- Ses derniers mois ont été un vrai enfer... tu m'as vraiment manqué, vous m'avez tous manqué. Je n'ai plus de nouvelles de personne depuis des semaines, pas même de Tyler!
Je restais silencieuse mais les larmes me montèrent aux yeux. Ce n'étais pas parce que j'avais de la peine pour lui, mais parce que l'entendre parler de cela me rappelait mes derniers mois à moi! Ceux durant lesquels je m'étais sentis tellement seule que j'avais cru mourir d'ennuie, ceux durant lesquels j'avais regretté d'avoir pris une décision qui s'était avérée ne pas être la bonne, ceux durant lesquels je l'avais maudit lui pour m'avoir abandonné, être parti sans se retourner et ne plus m'avoir donné de nouvelles.
Je lui assénais une gifle. Il ne réagit pas et fixa le sol, comme il avait l'habitude de le faire à chaque fois qu'il avait honte. Mais moi je voulais qu'il me regarde, qu'il admette ses erreurs, qu'il s'excuse! Alors je lui donnais une tape sur l'épaule, mais il ne résistait pas, alors je lui en donnais une autre, et une autre et encore une autre.
- Dis quelque chose! criais-je presque, je t'en prie...
Il leva vers moi des yeux humides et me présenta un sourire effacé. Il essuya mes joues trempées de larmes, me regarda dans les yeux et me dit, le plus sincèrement du monde "Je suis tellement désolé Ann..."
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GraceBlacke
Teen FictionSuite à de nombreuses guerres, la monarchie a été réinstaurée en Europe. En prévision d'une énième guerre, les Etats européens ont choisi de créer un seul et unique Royaume, plaçant la famille GraceBlacke à la tête de toutes les autres. Cette fa...