Là, dans le bois sacré, Shearazad sentit le monde autour d'elle devenir à la fois terriblement vaste et étrangement intime. Les arbres, silhouettes sombres dans la nuit, se dressaient comme des gardiens silencieux, leurs branches formant des arcs au-dessus de sa tête, telles des mains protectrices. Le murmure du vent chuchotant à travers les feuilles, semblant porteur d'anciens secret, de vérités oubliées.
Criston la déposa doucement sur le sole moussu, ses mains quittant son corps avec une hésitation presque imperceptible, comme s'il regrettait de rompre ce contact. Elle vacilla légèrement, resserrant le manteau blanc du Ser autour de ses épaules cachant d'avantage son corps exposé à la vue de tous, ses jambes encore tremblantes, elle prit une profonde inspiration, cherchant la force dans l'air frais du bois sacré. Elle sentait son regard posé sur elle, ce regard qui semblait mêlé d'inquiétude et d'autre chose qu'elle ne pouvait, ou ne voulait, pas nommer.
« Vous devriez vous reposer, princesse, » sa voix trahissait un soucis sincère. Shearazad ne repondit pas tout de suite, ses yeux s'élevant vers le grand barral au cendre du bois. Les feuilles rouge sang semblaient s'agiter doucement, comme appeler par un souffle invisible. Elle s'avança lentement vers l'arbre, le coeur battant, espérant y trouver un signe de réconfort, une réponse quelconque au tourment qui l'habitaient.
Elle s'agenouilla devant le barral, ses mains effleurant les racines noueuses, et ferma les yeux. Une prière muette monta de ses lèvres, un appel désespéré au anciens dieux pour qu'ils la guident, pour qu'ils apaisent le chaos dans sa tête. Mais au lieu du silence qu'elle espérait, une voix s'éleva derrière elle, basse et tendue.
« Vous ne devriez pas vous approcher de cet arbres. » C'était la voix d'Aemond, surgissant de l'obscurité comme un coup de tonnerre. Shearazad se retourna brusquement, son regard croisant le sien. Il se tenait là, immobile, une ombre menaçante dans la lumière de la lune. Son visage étais fermé, mais son œil brillait d'une lueur presque fiévreuse. « Les dieux ne t'écouteront pas, » poursuivit-il, ses mots empreints d'une amertume glaciale. « Pas plus qu'ils n'ont écouté ma mère... »
Criston se raidit à ces mots, son corps tout entier tendu comme la corde d'un arc. « Aemond, laisse-la, » dit-il d'une voix ferme mais neutre, plus dure que d'habitude, tout en se plaçant instinctivement entré Shearazad et son oncle. Un instant, le silence s'étira dans l'air glacé du bois sacré, seulement troublé par le bruissement des feuilles au dessus de leurs têtes.
Aemond éclata d'un rire sec et tranchant, un rire sans joie qui résonnait dans l'obscurité comme une lame contre la pierre. « Tu as trouvé quelqu'un à protéger, Criston ? » demanda-t-il son regard perçant s'attardant sur le chevalier avec un mépris évident. « Ou est-ce simplement parce qu'elle ressemble à la perfection à sa catin de mère ? »
Les mots, chargés de venin, frappèrent Shearazad en plein coeur. Elle sentit son souffle se couper un instant, ses mains serrant malgré elle. Criston, lui, ne bougea pas, mais un muscle tressaillit dans sa mâchoire serré. Aemond avait évoquer le sujet dont toute la cour étais parfaitement au courant, sauf la fille de son ex amant "cacher". Son regard s'endurcit face à celui de l'homme censé être son compagnon de stratagème.
« Surveillez vos mots, mon prince, » avertit-il sa voix désormais pleine de contrôle, tendu, mais ses yeux ne quitta pas un seul instant ceux de son adversaire. « Il n y a pas de raison de se montrer aussi cruel. »
Mais Aemond ne l'écoutait pas, son sourire moqueur s'élargissant encore. « Cruel ? Je suis réaliste, Criston Cole. Regarde-la... » dit-il désignant Shearazad d'un mouvement de tête. « La même arrogance, la même fierté aveugle... elle finira comme sa mère, trahie et seule, si tu ne fais pas attention. »
Shearazad sentit une rage montais en elle, se mêlant à la peur, et la douleur qu'avait causé les mots de son oncle. Elle se releva, et fit un pas en avant, le manteau blanc du chevalier s'est vu resserrer d'avantage contre le corps fébrile de la princesse. Elle brisa la ligne de défense qu'avait formée Criston. « Tu ne sais rien de ma mère, » sa voix vibrante de colère lâchant les mots qui peinaient à sortir d'entre ses dents. « et encore moins de moi, mon prince. » elle était froidement nerveuse, à cette instant la, si les regards pouvait ôter la vie, Aemond aurait quitter la terre sans l'ombre d'un doute. « Tu es juste un homme amer, blesser et consumé par ses propres démon intérieur, et tu essaies de nous entraîner avec toi. »
Aemond cessa de sourire. Un instant, ses yeux semblèrent brûlait d'une flamme dangereuse, son visage se fermant d'avantage. « Sois prudente, Shearazad, » murmura-t-il d'une voix basse et menaçante, « ou tu découvriras combien tes mots peuvent te coûter. »
Elle s'approcha de lui, défiant ouvertement son regard, ses pas lents mais déterminés. Elle ne prit pas la peine de masquer la rage qui bouillonnait en elle. « Et bien, ainsi soit-il, » cracha-t-elle, son visage désormais si près du sien.
Un éclat d'étonnement traversa le regard d'Aemond, mais il se ressaisit rapidement, une ombre plus profonde glissant sur ses traits. Pourtant avant qu'il ne puisse répondre, Shearazad avança, poursuivant sa route avec une froide determination, laissant le prince derrière elle, figé dans sa propre fureur.
Il y avait en elle, une amertume croissante, un dégoût pour l'homme qu'il étais devenu. Un homme qu'autrefois elle essayait de comprendre, un homme qu'elle aimait, mais qui maintenant se révélait être irrécupérable. Shearazad réalisa que tout espoir de rédemption pour Aemond étais vain. « Quand un arbre pourrit, » songea-t-elle, se parlant dans sa propre tête, « c'est la racine qu'il faut arracher, mais il étais trop tard pour songer sauver quoi que ce soit de lui. »
Elle s'arrêta brusquement dans sa marche, ressentant le besoin de déverser cette colère qu'elle avait trop longtemps contenu. Elle se tourna à nouveau vers Aemond qui n'avait pas bougé d'un pouce, son regard flamboyant d'une haine glacée. « C'est à toi que je souhaite d'être trahi et seul, Aemond, » lança-t-elle, sa voix tranchante comme une lame, « peut-être qu'à cette instant, tu comprendras enfin l'importance d'une famille, » elle le dévisagea avec dégoût, contemplant la créature sans humanité qu'il étais devenu, une simple âme déambulant ne contenant pas une seule once de sensibilité quelconque, ni altruisme, ni charité. « De ce que tu as choisi de détruire par ta propre amertume. »
Ses mots se heurtèrent au silence de la nuit, résonnant dans l'air froid comme un coup de fouet. Elle n'attendit pas de réponse, se retournant pour continuer sa marche. « Je pleins ta mère » c'était ses dernières paroles avant de disparaître dans les couloirs du palais.
Aemond resta immobile, figé par cette tirade inattendu. Ses lèvres se serrèrent, ses poings se crispèrent, et une étincelle de douleur traversa son regard, avant de disparaître sous un voile de colère. Les mots de Shearazad semblaient, s'insinuer dans son esprit, gravant des fissures dans son égo, ébranlant cette carapace d'arrogance et de froideur qu'il portait avec tant de fierté.
Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit vulnérable, touché là où il pensait être invincible.
Elle venait de le battre... à son propre jeu.
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LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...