LOCKED || AEMOND TARGARYEN•

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« Aemond ! » lança Shearazad en direction du Prince, sa voix tranchante perçant le silence de la pièce. Aemond, assis à une grande table encombrée de documents, leva à peine les yeux, absorbé dans sa lecture. Son expression restait impassible, son visage fermé, comme s'il n'avait ni le temps ni la patience de lui accorder la moindre attention.

« Si tu es venue me dire à quel point tu es désolée, et me jeter à la figure toutes les raisons pour lesquelles tu n'aurais jamais dû me laisser te toucher, tu peux faire demi-tour, » dit-il d'un ton sec sans relever la tête. « Je sais. » Ses yeux glacés se levèrent un bref instant pour croiser les siens, puis retombèrent sur les papiers devant lui.

Shearazad sentit un poids tomber dans son estomac, mais elle tenta de maintenir sa résolution. « Aemond, je... je suis désolée- » commença-t-elle, sa voix vacillant légèrement, mais elle fut interrompue par le bruit soudain d'un coup sur la table. Le bois massif vibra sous l'impact, et elle sursauta, le cœur battant.

« Es-tu sourde en plus d'être désolée ? » répliqua-t-il en se redressant sur sa chaise, son regard brûlant d'agacement. « Je viens de te dire de partir. »

La colère monta en elle, un feu qu'elle avait essayé de contenir, mais qui maintenant se libérait. Elle fit un pas en avant, ses yeux lançant des éclairs. « Je suis sortie de ma chambre, dans laquelle je me suis enfermée pendant des semaines, juste pour te voir, et- »

« Bravo, je t'applaudis. C'est vraiment chou d'être enfin sortie de ta taule, » l'interrompit-il d'un ton acerbe, ses lèvres se tordant en un rictus moqueur. « Tu veux un trophée ? Non ? Alors la porte est derrière toi, » dit-il froidement, sa voix vibrante d'un léger agacement, comme si sa présence était une simple nuisance.

Shearazad sentit sa colère grandir en elle comme une marée montante. Elle se mordit la lèvre, essayant de contenir l'explosion imminente, mais c'était trop. Il la traitait avec un tel mépris, avec cette froideur qu'elle avait pourtant appris à connaître et à détester. Ses mains se serrèrent en poings, ses ongles s'enfonçant dans sa paume. Elle s'avança encore, ses pas lourds de détermination.

« Tu n'as pas le droit de me parler comme ça, Aemond, » dit-elle d'une voix vibrante, presque grondante. « Pas après ce que nous avons partagé. Pas après ce que je ressens... » Elle s'interrompit, sentant sa voix se briser sur les mots qu'elle n'était pas sûre de vouloir dire.

Aemond plissa les yeux, son masque de froideur vacillant un instant. « Ce que tu ressens ? » murmura-t-il, une lueur de scepticisme brillant dans ses yeux. « Et qu'est-ce que tu ressens, Shearazad ? Parce que tout ce que je vois, c'est de la confusion et des excuses vides. »

Elle sentit une bouffée de rage lui monter à la tête. « Je ressens... que tu es le seul à me faire sentir vivante et morte à la fois. Je ressens que je te hais autant que je te... » Elle s'arrêta, son souffle se bloquant dans sa gorge. L'aveu qu'elle avait failli prononcer se bloqua sur ses lèvres.

Aemond resta silencieux un instant, ses yeux se fixant sur elle, analysant chaque nuance de ses paroles, chaque mouvement de son corps. Puis, lentement, il se leva de sa chaise, s'approchant d'elle. Il s'arrêta à quelques centimètres, son regard plongeant dans le sien, brûlant de quelque chose qu'elle ne pouvait définir.

« Finis ta phrase, Shearazad, » murmura-t-il d'une voix grave, un défi dans son ton. « Dis-le. »

Elle le regarda, sentant le poids de son regard brûler sur elle, et dans ce silence tendu, elle réalisa que ce combat ne se gagnerait pas par des mots. Il y avait quelque chose de plus profond, de plus viscéral, un duel silencieux où aucun des deux ne céderait.

Aemond s'avança d'un pas, et instinctivement, Shearazad recula, mais il ne s'arrêta pas. Il continuait d'avancer vers elle, lentement, inexorablement, comme un prédateur traquant sa proie. Elle, poussée par une force invisible, recula encore, ses pieds butant contre le sol froid.