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L'obscurité de la cellule semblait l'étouffer, l'avaler tout entière. Les murs étaient proches, si proches qu'ils semblaient se resserrer sur elle, comme les mâchoires d'un piège qui se referme lentement. L'air était lourd, imprégné d'humidité et de désespoir, chaque respiration devenait un effort douloureux. Dans cette noirceur totale, les contours de son propre corps lui échappaient, et elle avait l'impression de se dissoudre dans le néant, de perdre peu à peu la notion de son existence. L'angoisse la rongeait, un frisson glacé qui parcourait sa peau, et la peur, tapie dans les ombres, semblait prête à bondir et à la dévorer.

Elle perdait la tête, Shearazad semblait devenir folle. Cela faisait des jours qu'elle n'avait pas vu ne serait-ce qu'un simple rayon de soleil, même fin. Des jours qu'elle n'avait entendu aucune voix, sauf celle de la septa qui se chargeait de lui apporter ses repas, glissant un bol d'eau trouble et une assiette de nourriture rance à travers une fente de bois. Mais même ces visites étaient rares, courtes, comme un battement de cils dans l'éternité de son isolement. Des jours qu'elle n'avalait rien, incapable de trouver la force ou l'envie d'avaler quoi que ce soit. Son corps s'affaiblissait, mais son esprit lui, ne trouvait pas le repos.

Elle vivait dans l'angoisse, une angoisse brûlante qui ne faisait que grandir. Ses lèvres bougeaient toutes seules, murmurant des mots sans sens, comme si la peur et le désespoir avaient pris possession de son être. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, son esprit la torturait avec des visions cauchemardesques de son amie, capturée et torturée par les gardes. Elle les imaginait se rapprochant, lentement, menaçants, prêts à faire subir à son amie mille tourments. Elle imaginait les cris étouffés, les pleurs étouffés, et cela la dévorait.

Le temps n'avait plus de sens pour elle. Était-ce le jour ? Était-ce la nuit ? Les heures, les minutes, tout se confondait dans cette noirceur infinie. La solitude pesait si lourdement sur ses épaules qu'elle avait l'impression de porter le monde entier. Jamais elle n'avait fermé l'œil, pas une seule fois. Elle restait là, blottie dans un coin de sa cellule, tremblante, l'esprit vacillant entre la réalité et la folie, incapable de trouver le réconfort, incapable de fuir ce cauchemar éveillé.

Le tremblement de son corps s'arrêtait parfois, comme une mer en colère qui trouve un instant de répit avant de se déchaîner à nouveau. Quelques secondes, peut-être quelques minutes, pendant lesquelles le silence régnait, oppressant. Puis, invariablement, les spasmes revenaient, plus violents, plus féroces, comme si son propre corps cherchait à se libérer d'une terreur invisible. Pourtant, malgré la violence de ces tremblements, Shearazad n'avait versé aucune goutte de larmes. Son regard restait dur, fixé dans l'obscurité, résolu. Elle tenait, inébranlable, accrochée à l'espoir fragile que Tyana ait réussi à échapper à Aemond.

Elle ne s'inquiétait pas pour elle-même. Elle savait qu'Aemond, malgré toute sa cruauté, ne lui ôterait pas la vie. Il la connaissait trop bien, savait trop bien ce qui la briserait vraiment. Il préférerait la torturer, lui infliger une souffrance émotionnelle intense, une douleur si large et si lourde qu'elle pourrait la broyer de l'intérieur. Mais la tuer ? Non, jamais. Elle en était convaincue. C'était une certitude froide, ancrée au plus profond de son esprit. Peut-être que cela aussi faisait partie de son supplice — vivre avec la certitude qu'elle resterait en vie, mais dans un état de tourment constant. Elle serrait les dents, son esprit revenant sans cesse à Tyana. À elle seule. Tyana devait être libre. Il fallait qu'elle le soit. C'était le seul fil qui la retenait encore dans cette réalité, dans cette noirceur suffocante qui tentait de l'engloutir.

Mais elle ignorait que, dans peu de temps, elle sombrerait enfin, que la vérité briserait les digues de ses illusions et reviendrait au galop, violente et implacable. Pas la réalité qu'elle s'efforçait de modeler dans son esprit depuis des jours, cette image réconfortante où elle pouvait se convaincre que Tyana était libre et que sa propre souffrance avait un but. Non, ce n'était pas cette réalité-là. Ce n'était pas la fausse image de la fille haineuse et manipulatrice qu'elle prétendait être pour se protéger des remords et des peurs. Elle se tiendrait bientôt face à une autre réalité, plus crue, plus brutale, celle où elle découvrirait que, quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle imagine, il aurait toujours une longueur d'avance.

Aemond. Ce nom résonnait dans son esprit comme un écho sinistre, une ombre qui l'étreignait. Elle se rendrait compte, trop tard, qu'il avait toujours anticipé ses mouvements, qu'il avait toujours su où frapper pour la briser un peu plus. Chaque effort qu'elle avait fait pour rester forte, chaque murmure qu'elle avait lancé dans l'obscurité pour se rassurer, tout cela n'était que du vent, dispersé par la précision cruelle de l'esprit d'Aemond. Elle n'avait jamais eu de véritable contrôle. Il jouait avec elle, se délectant de la voir se débattre contre des chaînes invisibles. Elle le comprendrait bientôt, quand cette réalité éclaterait enfin dans toute sa violence, emportant avec elle ses dernières défenses.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant