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Le soleil s'élevait lentement, projetant ses premiers rayons dorés à travers les fenêtres du château, réchauffant doucement la pièce où Shearazad était installée. Assise en tailleur, elle était plongée dans une concentration silencieuse, ses doigts agiles s'affairant à tresser ses cheveux noirs avec une précision presque rituelle. Le contraste entre ses mouvements délicats et la froideur glaciale de son regard créait une atmosphère étrange, où la beauté et la douleur se mêlaient de manière incongrue.

Son reflet dans le grand miroir à pied semblait presque détaché de la réalité, une figure d'apparence sereine mais intérieurement tumultueuse. Ses traits fatigués et marqués par les nuits blanches trahissaient la profondeur de son désespoir, mais elle refusait de le laisser transparaître. Ses cheveux, désormais noirs comme la nuit, serpentaient en tresses élaborées qui, malgré leur complexité, semblaient se plier à la maîtrise tranquille de Shearazad. Chaque mèche, chaque nœud était façonné avec une minutie qui cachait son état d'esprit chaotique.

Non loin de là, les cinq œufs de Blue reposaient dans la cheminée, soigneusement alignés pour profiter de la chaleur résiduelle. Shearazad savait que les œufs nécessitaient chaleur et soin, et bien qu'elle ne puisse pas précipiter leur éclosion, l'idée du bûcher l'aidait à garder une part de contrôle sur une situation qui échappait à son pouvoir. Les œufs devenaient pour elle un symbole d'espoir fragile, un lien avec quelque chose de pur et d'innocent qui pouvait encore naître malgré sa propre douleur.

Elle s'efforçait de repousser les souvenirs de la nuit précédente, cette nuit où la douleur s'était abattue sur elle avec une intensité dévastatrice. Le souvenir d'Aemond, ses paroles glaciales et son départ, était encore vif, mais elle refusait de s'y attarder. Elle ne voulait plus revivre cette douleur, la faire revivre serait un fardeau qu'elle ne pouvait plus supporter. Sa détermination à se protéger de cette douleur était maintenant aussi ferme que ses doigts qui tressaient ses cheveux.

Le sentiment d'abandon, l'ombre de la trahison laissée par Aemond, était devenu une partie d'elle-même, et elle était prête à vivre avec ce poids. Si haïr Aemond était nécessaire pour sa survie émotionnelle, alors elle le haïrait sans réserve. La colère et la rancœur, devenues ses compagnes de route, étaient ses seules défenses contre l'immense vide que la perte et la trahison avaient laissé dans son cœur. Elle était résolue à transformer sa douleur en une force qui la pousserait à avancer, coûte que coûte.

Shearazad se leva lentement, son corps se redressant avec une dignité qu'elle n'éprouvait plus vraiment. Sa robe noire, d'une élégance austère, épousait ses formes avec une précision parfaite, accentuant la pâleur de sa peau comme la nuit enveloppe la lumière du jour. Chaque pli de la robe semblait capturer l'ombre de son désespoir, tandis que ses mouvements demeuraient gracieux malgré la douleur qu'elle ressentait.

Elle examina son reflet avec une intensité froide, notant les détails de sa coiffure et de ses bijoux. Les tresses noires, soigneusement confectionnées, encadraient son visage comme une couronne sombre, chaque mèche tissée avec une précision qui trahissait autant son expertise que son état d'esprit fragile. Ses bijoux, étincelants mais d'un éclat plus sombre qu'à l'accoutumée, ajoutaient une touche de luxe austère à son apparence, contrastant avec la douleur qui se dégageait de ses yeux fatigués. Elle observa le collier de Saphir et d'Emeraude que lui avait offert Aemond, le bijou reposait sur son cou délicatement, mais il étais bien plus qu'un bijoux, bien plus que des simple pierres précieuses. Elle ferma d'abord les yeux avant de regarder son plafond battant ses cils pour réprimander ses larmes. Elle retira le collier et la rangea dans la boîte à bijoux, elle le remplaça par un autre, dont elle ignorait l'auteur et celui qui le lui avait offert.

Les détails qu'elle observait devenaient une distraction temporaire, une manière de repousser les pensées de l'incertitude et de la solitude. Ces ornements, bien que magnifiques, n'étaient que des parures sur une existence marquée par le chagrin. Pourtant, en les mettant, Shearazad cherchait à maintenir un semblant de contrôle, une façade de normalité dans un monde devenu chaotique et cruel.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant