Shearazad sentait chaque secousse de la calèche se répercuter dans son corps comme une douce berceuse mélancolique. Sa tête reposait contre la paroi de bois de la petite boîte roulante, ses pensées errant entre l'ennui et l'apaisement. Elle se sentait égarée, ballottée entre deux mondes : celui qu'elle fuyait et celui qui l'attendait. Hier, après une discussion tendue, Alicent avait finalement cédé à sa demande de quitter les murs étouffants du Donjon Rouge pour un temps. À l'aube, avec deux servantes et trois chevaliers assignés à sa protection, ils avaient pris la route des Bois du Roi.
Elle observait, d'un regard absent, les paysages qui défilaient lentement à travers la petite fenêtre. Les arbres se rapprochaient et s'éloignaient, leurs branches entrelacées formant des arches naturelles au-dessus du chemin. L'odeur de la forêt commençait à percer à travers l'air froid du matin, apportant une promesse de paix et de solitude. Mais même au milieu de la nature, Shearazad se sentait prisonnière, enfermée non plus par des murs de pierre mais par les souvenirs et la douleur qui ne la quittaient jamais.
Chaque soubresaut de la calèche semblait réveiller en elle des fragments de sa vie passée, des échos de son propre désespoir. Elle se remémorait la nuit dernière, où les larmes avaient coulé sans fin, où le poids de ses pertes l'avait presque écrasée. L'ombre d'Aemond, son indifférence cruelle, son absence... Tout cela tournait en boucle dans sa tête comme une vieille mélodie qu'elle ne pouvait se résoudre à oublier.
Elle serra les bras contre elle, cherchant un réconfort que le froid ne pouvait lui donner. Une des servantes, une jeune fille aux cheveux châtains nommée Lia, la regardait avec une curiosité voilée, mêlée de compassion. Elle ne dit rien, mais tendit une petite couverture vers Shearazad. La princesse accepta sans un mot, enveloppant ses épaules dans le tissu rugueux. La chaleur lui apporta un répit temporaire, mais pas la paix qu'elle recherchait désespérément.
Shearazad détourna son regard vers l'extérieur à nouveau. Elle savait que ce voyage dans les Bois du Roi n'était qu'une évasion temporaire. Elle ne pouvait pas fuir pour toujours, mais peut-être, juste peut-être, pourrait-elle trouver un fragment de paix dans l'immensité de la forêt. Un instant pour se retrouver, pour cesser d'être la femme déchirée qu'elle voyait chaque jour dans le miroir. Peut-être que là-bas, parmi les arbres silencieux et les clairières oubliées, elle pourrait enfin apprendre à respirer de nouveau.
La calèche s'arrêta soudain, et Shearazad releva la tête. Le bruissement des feuilles et le chant des oiseaux remplissaient l'air autour d'eux. Un des chevaliers ouvrit la porte, un air prudent sur son visage. « Nous sommes arrivés, ma princesse, » annonça-t-il doucement.
Elle prit une profonde inspiration, sentant l'odeur de la terre et du pin envahir ses poumons, et descendit de la calèche, prête à affronter les ombres qui se cachaient en elle-même.
Elle suivit les chevaliers, qui la menèrent à travers les arbres et les sentiers battus. Ses poumons s'imprégnaient peu à peu l'odeur des plantes et de la nature, la fraîcheur d'un lac non loin de là se faisait sentir.
« Nous y sommes presque ma princesse, » murmura l'un des chevaliers. Il n'avait pas l'air vieux, ni trop jeune. Il devait avoir la vingtaine, 4 ou 5 ans de plus que Shearazad.
Shearazad hocha la tête sans répondre, ses yeux fixés sur les arbres devant elle. Chaque pas semblait l'immerger davantage dans ce monde sauvage et indompté, loin du Donjon Rouge et de ses murs étouffants. L'air frais remplissait ses poumons, comme un baume apaisant pour son esprit tourmenté. L'odeur des pins se mêlait à celle de la mousse humide, et le murmure lointain d'un ruisseau ou d'un lac ajoutait une douce symphonie à cette échappée.
Elle s'efforçait de ressentir quelque chose, n'importe quoi, de plus que cette amertume et cette douleur sourde qui l'habitaient depuis si longtemps. Elle voulait croire que ces forêts pouvaient la guérir, que la nature pouvait être le refuge qu'elle cherchait désespérément.
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LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...