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« Est-ce que tu es débile ou tu le fais exprès ? » cracha Shearazad, sa voix tranchante comme une lame. Son ton, acide et glacé, fendait l'air avec une violence inattendue, et ses yeux, sombres et perçants, se posèrent sur la servante maladroite qui s'affairait à tresser ses cheveux. Elle avait demandé une seule tresse, simple et rapide, mais la domestique, dans sa nervosité, s'était trompée, s'acharnant à séparer les mèches en deux tresses distinctes. Une erreur infime, mais aux yeux de Shearazad, c'était la goutte de trop.

« Désolée, Princesse, je ne... » balbutia la servante, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle tentait de s'expliquer.

Mais Shearazad ne lui laissa pas le temps de finir. « Rahh, bouge ! » aboya-t-elle, repoussant violemment sa chaise vers l'arrière, les pieds de bois crissant sur le sol en un son strident. Elle se leva d'un bond, ses mouvements brusques et nerveux trahissant l'agitation qui la consumait de l'intérieur. Sa patience était une corde tendue depuis trop longtemps, prête à se rompre à tout moment.

« Princesse... » tenta la servante, la voix vacillante, cherchant à calmer la tempête qui grondait devant elle.

Shearazad la coupa sèchement, son regard étincelant de fureur. « Bouge, je t'ai dit ! Sors ! Dégage ! Tu veux que je te fasse une liste de synonymes, ou que je te coupe la main d'abord ? » Sa voix, basse mais mordante, vibrait d'une menace sous-jacente qui n'avait rien de feinte. Elle parlait avec une froideur calculée, chaque mot s'écrasant comme un coup de poing, et la servante, terrifiée, comprit que la princesse n'était plus en état de tolérer la moindre erreur. D'un regard effrayé, elle quitta précipitamment la pièce, ses pas précipités résonnant à mesure qu'elle disparaissait.

Shearazad se retrouva seule, face à son reflet. Un silence pesant envahit la pièce, seulement troublé par le souffle rapide de la princesse. Elle se fixa dans le miroir, ses yeux rencontrant les siens, mais ce qu'elle y vit la rendit furieuse. Son visage était tendu, ses traits marqués par l'épuisement, la douleur et cette rage bouillonnante qu'elle ne pouvait plus contenir. Elle ne se reconnaissait plus, ou peut-être se reconnaissait-elle trop bien dans cette image d'elle-même déformée par la souffrance.

Soudain, comme animée par une impulsion irrépressible, elle renversa le miroir d'un geste brusque et violent. L'objet bascula et s'écrasa au sol dans un fracas assourdissant, le verre éclatant en une pluie d'éclats tranchants. Le bruit fut comme une détonation dans la pièce, une explosion de sa propre frustration contenue trop longtemps. Chaque éclat projeté renvoyait une image fragmentée d'elle-même, éparpillée comme les morceaux de son esprit, comme les débris de ses espoirs et de ses rêves.

Elle resta là, au milieu de la pièce, haletante, ses mains tremblant encore sous l'effet de la colère. Le fracas de verre résonnait encore dans ses oreilles, mêlé au battement frénétique de son propre cœur. Ses yeux se posèrent sur les morceaux de miroir au sol, et elle sentit un rire amer monter de sa gorge, un son déchirant entre le désespoir et la folie.

Sans prévenir, d'un pas furieux, elle sortit de sa chambre, son souffle court et irrégulier, sa respiration semblable à celle d'un animal traqué. Les éclats de verre pénétraient sa chair à chaque foulée, mais elle n'en avait cure. Une douleur de plus ou de moins ne ferait aucune différence maintenant. Elle traversa les couloirs comme une tempête, ses pieds ensanglantés laissant une traînée rouge sur le marbre froid, ses yeux brûlants de rage, fous, comme s'ils pouvaient réduire tout ce qui se trouvait sur son chemin en cendres. Son esprit, tendu à l'extrême, ne connaissait plus de barrière, son corps se mouvant uniquement sous l'impulsion d'une furie aveugle.

« Où est Mira ? » lança-t-elle avec un venin qui fit se figer la servante qui passait par là. Sa voix était une lame acérée, coupant l'air avec une violence déconcertante. La servante, une jeune femme frêle, sentit son corps se raidir à l'appel de la princesse, les yeux agrandis de peur. Elle ne savait pas quoi répondre, et cette hésitation ne fit qu'attiser la colère de Shearazad.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant