Le soleil avait disparu derrière l'horizon, laissant place à une lune pâle qui montait lentement dans le ciel. Devant son miroir, Shearazad se tenait droite, son regard fixé sur son reflet. Ses yeux fatigués et légèrement gonflés trahissaient les larmes versées en silence, leur éclat autrefois vif maintenant voilé par la lassitude. Elle avait tenté de s'apprêter seule, mais ses mains tremblaient trop pour accomplir quoi que ce soit. Finalement, elle avait appelé l'une des servantes pour l'aider. Les gestes précis et minutieux de la jeune fille avaient arrangé sa chevelure en une cascade de mèches lisses et plates, un choix qu'elle avait fait sans trop savoir pourquoi, peut-être pour tenter d'aplanir le chaos intérieur qui la ravageait.
Elle fixait ses cheveux, constatant comment ils s'aplatissaient, perdant peu à peu leur volume. D'habitude, elle préférait les boucles et les ondulations qui encadraient son visage avec douceur, mais ce soir, elle voulait de la simplicité, quelque chose de droit et de lisse, comme si la sobriété de sa coiffure pouvait masquer l'épuisement qui se lisait sur ses traits. Ce soir, elle voulais ressembler à sa mère, forte et courageuse. Elle savait que cette pseudo fête d'anniversaire ne ferait qu'exacerber sa douleur. La simple idée d'y être entourée d'yeux curieux, de sourire forcé, lui serrait déjà la gorge. Pourtant, elle irait, par respect pour Alicent, pour l'affection sincère de Helaena. Parce que c'était ce que l'on attendait d'elle.
Elle ajusta sa robe noire, sombre et élégante, aux épaules dénudées, révélant sa peau pâle. Les manches, ouvertes de l'avant-bras jusqu'au poignet, se balançaient doucement à chacun de ses mouvements. Le tissu, aussi sombre que la nuit, tombait avec grâce autour de son corps, soulignant sa silhouette affinée. Elle était magnifique, mais cette beauté lui semblait lointaine, comme un masque qu'elle portait sans véritablement s'y reconnaître. Elle n'y voyait qu'une version d'elle-même, différente, presque étrangère.
Elle n'avait pas l'intention de se contempler; elle s'observait sans vraiment se voir, se préparant mentalement à endurer cette soirée. Tout en fixant son reflet, elle se demanda combien de temps il lui faudrait pour pouvoir s'éclipser, combien de sourires forcés elle devrait afficher avant de pouvoir retourner à l'ombre de sa chambre. Son rôle était d'être présente, de jouer la comédie, et de partir dès que l'on aurait cessé de la regarder.
Inspirant profondément, elle se détourna du miroir, décidée à affronter cette épreuve. Les rumeurs, les regards, les murmures à demi-voix l'attendaient sûrement derrière les portes du banquet. Mais ce soir, elle n'était plus la Shearazad d'autrefois. Ce soir, elle n'était qu'une ombre parmi les ombres, prête à traverser ce moment, espérant que cette mascarade serait la dernière avant que le destin n'en décide autrement.
Elle parcourut les couloirs du château, chacun de ses pas résonnant faiblement sur les dalles de pierre froide. Le temps semblait s'étirer à mesure qu'elle avançait, ses pieds traînant presque sur le sol, comme si la gravité elle-même pesait plus lourd ce soir-là. Derrière elle, à une distance respectueuse, Ser Bron, son garde du corps attitré, suivait son allure languissante sans un mot. Son silence était une forme de respect, une compréhension tacite de la douleur qu'elle portait en elle.
Les torches accrochées aux murs diffusaient une lueur vacillante, projetant des ombres dansantes qui semblaient se moquer d'elle à chaque pas. Elle descendit les escaliers de pierre en prenant soin de ne pas précipiter sa descente, retardant autant que possible le moment où elle devrait entrer dans la salle où l'attendaient les invités. Chaque salle qu'elle traversait semblait lui peser davantage, chaque porte franchie était un pas de plus vers la confrontation qu'elle redoutait tant.
Ses mains tremblaient légèrement, et elle serra un peu plus les pans de sa robe, cherchant un semblant de réconfort dans la texture du tissu. Elle ne voulait pas être là, et pourtant elle avançait, résignée, s'accrochant à une once de devoir qui lui restait. Plus elle approchait de la salle de banquet, plus elle sentait les bruits s'élever : les murmures étouffés, les rires faussement joyeux, le tintement des coupes que l'on remplit de vin. Chaque son pénétrait ses oreilles comme une aiguille, perçant sa bulle de solitude.
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LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...