Dans ses appartements, Shearazad faisait les cents pas, son esprit tourbillonnant sous l'effet des émotions contradictoires qui la submergeaient. Les murs ornés de tapisseries richement tissées semblaient se refermer sur elle, comme pour emprisonner la tempête intérieure qui la ravageait. Ses pas étaient rapides, presque frénétiques, et ses pieds foulaient le sol de marbre avec une cadence nerveuse. Un stress immense avait pris possession de son corps tout entier, une tension palpable tendait ses muscles et alourdissait sa respiration.
Elle entendit frapper à sa porte et, sans perdre une seconde, s'y précipita. Dans le tumulte de ses pensées, elle espérait que ce soit l'une de ses servantes de confiance. Depuis la disparition inexplicable de Nimérya, elle avait dû se reposer entièrement sur Soraya, sa nouvelle confidente. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle jeta un regard rapide de chaque côté du couloir, s'assurant que personne n'observait. Elle tira Soraya à l'intérieur précipitamment avant de refermer la porte d'un geste sec.
« Tu as ce que je t'ai demandé ? » lança-t-elle, sa voix tremblante d'impatience. Son regard, perçant et pressant, était fixé sur le visage de la servante.
« Oui... » répondit Soraya avec une certaine hésitation dans la voix.
« Eh bien ? » Shearazad fronça les sourcils, ses yeux s'assombrissant de frustration. « Qu'est-ce que tu attends pour me le donner ? »
Soraya soupira discrètement, puis, avec une expression de réticence, tendit un récipient en terre cuite rempli d'une tisane encore chaude. Un parfum herbacé s'échappa du bol, une odeur amère qui trahissait la nature des ingrédients. Elle connaissait bien ce mélange ; il n'était ni pour le plaisir ni pour la guérison courante.
« Princesse, j'espère que vous savez ce que vous faites. C'est la troisième potion que vous avalez en moins de deux semaines, » murmura Soraya, son ton empreint d'une prudence sincère. Elle avait déjà vu des femmes prendre de telles tisanes, et elle connaissait les risques.
Shearazad ne prit pas la peine de répondre. Elle prit le bol avec empressement et porta le liquide à ses lèvres. La chaleur de la tisane brûla sa langue, mais elle n'y prêta aucune attention. Avalant d'un trait, le goût amer envahit sa bouche, la forçant à grimacer, mais elle persista, déterminée à boire jusqu'à la dernière goutte. Une fois terminée, elle s'essuya vivement la bouche du dos de la main, puis se remit à faire les cent pas dans la pièce, son esprit encore plus agité qu'avant.
Soraya, inquiète, observa la princesse marcher de long en large, consciente des risques qu'elle prenait mais incapable de la raisonner. Shearazad finit par s'arrêter brusquement, se tournant vers elle. « Je n'ai pas eu mes règles, » confessa-t-elle, sa voix légèrement plus basse, comme si avouer cette vulnérabilité lui coûtait un effort immense. « Elles étaient censées arriver la semaine dernière, mais je n'ai toujours pas fleuri. »
Elle finit par s'asseoir sur le bord de son lit, ses épaules se relâchant enfin sous le poids de l'angoisse. Ses mains glissèrent dans sa chevelure argentée parsemée de boucles, tirant légèrement sur quelques mèches comme pour se calmer. Elle pouvait sentir la tension monter en elle à chaque jour de retard, la peur s'infiltrant dans ses pensées les plus intimes. Elle n'avait jamais envisagé qu'elle pourrait être enceinte, pas maintenant, pas comme ça, et surtout pas dans ces circonstances complexes.
Soraya s'approcha doucement, s'agenouillant près d'elle. « Princesse, il est possible que ce soit juste un retard, dû au stress ou à autre chose... » essaya-t-elle de la rassurer, mais sa voix manquait de conviction. Elle savait que Shearazad, dans son état actuel, ne se contenterait pas de simples paroles apaisantes.
« Et s'il ne l'est pas ? » répliqua Shearazad, sa voix plus fragile qu'elle ne l'aurait voulu. Elle était d'habitude forte, résiliente, mais la perspective de cette grossesse la déstabilisait. Aemond ne devait jamais savoir, pas tant qu'elle n'était pas certaine. Si Alicent découvrait... Les pensées tourbillonnaient encore plus vite, et elle ferma les yeux pour tenter de les chasser.
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LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...