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Shearazad jouait nerveusement avec ses doigts tremblants, son regard fixé dans le vide. Elle luttait de toutes ses forces pour ne pas s'effondrer. Les larmes montaient à ses yeux, brouillant sa vision, et malgré ses battements de cils répétés, elles ne se dissipaient pas complètement. Un poids pesait sur sa poitrine, lourd comme une enclume, rendant chaque respiration difficile. Le silence dans la pièce était assourdissant, un vide oppressant rempli de non-dits et d'incertitudes.

Le regard d'Alicent Hightower, la reine mère, pesait sur elle comme une épée de Damoclès. Shearazad pouvait le sentir, cette attention froide et implacable qui lui brûlait la nuque, et pourtant, elle n'osait lever les yeux. Elle savait qu'Alicent l'observait, que la reine mère analysait chaque détail, chaque mouvement, chaque soupir qu'elle laissait échapper. C'était comme si l'air lui-même était saturé de jugement, et ce silence qui s'éternisait la rendait de plus en plus nerveuse.

Alicent n'avait encore rien dit. Ce silence, d'une longueur interminable, rendait chaque seconde plus étouffante que la précédente. C'était cela qui inquiétait Shearazad, bien plus que des mots durs ou des reproches. Le silence d'Alicent était un silence pesant, le genre de silence qui précède une tempête. Le visage de la reine mère restait impassible, mais son regard, intense et inébranlable, transperçait Shearazad comme une flèche empoisonnée.

Les secondes s'égrenaient lentement, chacune plus longue que la précédente. Le cœur de Shearazad battait dans sa poitrine avec une telle force qu'elle craignait qu'il ne s'arrête. La pièce était grande, mais l'espace entre elle et Alicent semblait se rétrécir de plus en plus, chaque souffle devenant plus difficile à prendre. Elle ne savait pas ce que la reine mère allait dire, mais ce silence... ce silence en disait déjà beaucoup.

Finalement, ne supportant plus cette attente insoutenable, Shearazad se risqua à relever timidement les yeux. Elle croisa le regard perçant d'Alicent, un regard calculateur et pénétrant. Il y avait dans les yeux de la reine une sorte de gravité austère, une sagesse acquise par des années de pouvoir et de survie à la cour. C'était le regard de quelqu'un qui avait vu et enduré bien plus que Shearazad ne pouvait imaginer.

Finalement, la reine soupira doucement, le poids de ses mots précédents pesant dans l'air épais de la pièce. Elle passa sa main dans ses cheveux auburn, un geste presque nerveux, révélateur de l'agitation qu'elle dissimulait derrière son masque de calme. « Tu sais ce que cela veut dire, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle, sa voix basse, mais chaque mot pesant comme une pierre.

Shearazad n'osait pas relever les yeux. Son regard restait rivé au sol, incapable de se détacher des motifs complexes des dalles de pierre sous ses pieds. Tout son être était couvert de honte, le poids de la situation lui écrasant les épaules comme une enclume. Elle n'avait jamais ressenti une telle humiliation, une telle vulnérabilité. Elle savait ce que cela signifiait, bien sûr. Mais l'admettre à haute voix était une autre chose, une chose qui rendrait tout cela encore plus réel, plus inévitable.

« Shearazad, » l'appela doucement Alicent, sa voix toujours calme, mais empreinte d'une autorité qui ne tolérait aucune désobéissance. Shearazad entendit son nom, mais c'était comme si son corps refusait de répondre, de bouger. Une peur paralysante l'enveloppait, l'empêchant de faire le moindre geste, comme si elle était figée dans le temps. « Shearazad, regarde-moi, » insista la reine, cette fois plus fermement.

Voyant qu'elle n'obéissait toujours pas, Alicent perdit patience. Elle avança d'un pas brusque et saisit la mâchoire de la jeune princesse d'une poigne ferme, presque brutale, forçant son visage à se tourner vers elle. « Regarde-moi, » répéta-t-elle, ses yeux bruns flamboyant d'une intensité impitoyable.

Le regard de Shearazad vacilla sous la pression de l'ordre, ses yeux rencontrant ceux de la reine mère. Les larmes coulaient silencieusement sur ses joues, traçant des sillons humides sur sa peau pâle. Elle sentait la colère, la déception, et le jugement dans les yeux d'Alicent, et chaque émotion la frappait comme une gifle invisible.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant