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Le calme apparent de la princesse dissimulait en réalité un tourbillon de frustration et d'inquiétude. Chaque matin, elle se réveillait avec l'espoir ténu de voir enfin une goutte de sang perler sur les draps blancs, marquant le retour tant attendu de son cycle. Mais, chaque matin, c'était la même déception. Les jours s'étaient étirés en semaines, et le temps semblait s'écouler sans relâche, sourd à son angoisse croissante. Elle se sentait prisonnière de son propre corps, comme enchaînée par une volonté étrangère et capricieuse.

Elle avait essayé d'être patiente, de comprendre ce que son corps essayait de lui dire, mais cette patience s'était lentement transformée en colère sourde. Pourquoi son corps la trahissait-il ainsi ? Elle n'avait jamais connu pareille incertitude. En tant que princesse, habituée à ce que sa volonté soit faite, elle trouvait insupportable de ne pas avoir le contrôle sur quelque chose d'aussi intime et vital. Son corps, autrefois un allié docile, lui semblait maintenant être un étranger mystérieux et incontrôlable.

Pourtant, elle avait tout tenté. Les potions amères et herbacées, préparées par les meilleurs guérisseurs du royaume, avaient glissé trois fois le long de sa gorge, laissant derrière elles un goût âcre de désespoir. Chaque gorgée était un acte de foi, une prière silencieuse pour que son corps réponde enfin. Mais rien ne s'était passé. Son ventre demeurait silencieux, ses entrailles aussi calmes que la surface d'un lac gelé. Aucun signe, aucun mouvement. Juste un vide assourdissant qui s'étendait à l'infini. Mais la princesse restait droite, le menton haut, refusant de laisser transparaître la tempête qui faisait rage en elle. Elle savait que montrer sa faiblesse, même l'ombre d'une inquiétude, serait perçu comme un signe de vulnérabilité, un aveu d'impuissance.

Mais, dans l'intimité de sa chambre, lorsque la nuit tombait et que les rideaux étaient tirés, elle se permettait d'être vulnérable. Ses doigts crispés s'agrippaient aux draps immaculés, et son regard se perdait dans le vide, cherchant désespérément des réponses. Était-ce une punition ? Une leçon que les dieux lui infligeaient ? Ou bien était-ce simplement la nature qui, de manière cruelle et incompréhensible, se jouait d'elle ?

Chaque jour, elle observait son reflet dans le miroir avec une intensité nouvelle, cherchant le moindre changement, le moindre indice. Était-ce sa peau, plus pâle qu'à l'habitude ? Ou ses yeux, un peu plus creusés, témoins de nuits d'insomnie ? Elle ne savait plus. Elle ne se reconnaissait plus. La princesse, dans son calme apparent, bouillonnait de colère, de tristesse, et d'une angoisse qui lui tordait l'estomac.

Elle ne pouvait s'empêcher de se demander : combien de temps encore ? Combien de temps son corps resterait-il sourd à ses prières silencieuses, réfractaire à sa volonté ? Combien de temps lui faudrait-il pour accepter que, parfois, même la plus forte des volontés ne peut rien contre les mystères de la chair ?

Dans les couloirs du royaume, la princesse se promenait doucement, sa tête plongée dans ses pensées, ses pas résonnant faiblement sur le marbre froid. À ses côtés, Soraya, sa fidèle compagne, marchait en silence. Soraya n'était pas seulement une dame de compagnie, mais aussi une amie de confiance, l'une des rares personnes en qui la princesse pouvait se confier. Pourtant, même la présence rassurante de Soraya ne parvenait à apaiser le tumulte qui tourbillonnait dans son esprit.

Elle aurait tant voulu que Tyana soit là, sa sœur dont la sagesse et l'affection lui manquaient tant. Tyana, qui, avec sa douceur et sa patience infinies, savait toujours trouver les mots justes pour apaiser ses inquiétudes. Et plus encore, elle aurait voulu que sa mère soit à ses côtés. Elle se rappelait les contes que sa mère lui racontait, les longues soirées passées à écouter ses conseils et ses récits sur la vie et ses mystères. Mais aujourd'hui, sa mère n'était plus là pour lui expliquer ce qui se passait dans son propre corps, pour lui apporter les réponses qu'elle cherchait désespérément. Son absence creusait un vide encore plus profond que son inquiétude.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant