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« Tu savais que ta mère pensait que j'étais enceinte... » dit-elle en faisant le tour de la pièce, ses yeux gris scrutant chaque recoin, chaque mur, comme si elle cherchait un indice caché, quelque chose de non dit. La lueur des bougies projetait des ombres mouvantes sur les pierres anciennes, ajoutant une touche dramatique à son mouvement.

Assis sur sa chaise en bois sculpté, Aemond, un verre de vin à la main, esquissa un sourire, fin et presque imperceptible. Ce sourire n'atteignait pas ses yeux, comme s'il n'était là que pour masquer une autre pensée. « Oui », répondit-il d'un ton calme et posé, ses yeux restant fixés sur elle.

Shearazad s'arrêta devant un vieux tableau accroché au mur, ses doigts effleurant le cadre poussiéreux. Elle ne se détourna pas de son observation, mais il y avait une tension nouvelle dans son ton lorsqu'elle reprit la parole. « Et tu n'as pas jugé nécessaire de m'en informer ? Cela m'aurait évité des tonnes de questions gênantes et, surtout, des mains intrusives sur mes seins, cherchant à savoir s'ils avaient grossi... » Elle laissa sa phrase traîner dans l'air, lourde de reproches, avant de finalement se retourner pour faire face à Aemond.

Il la regardait maintenant avec un intérêt plus marqué, ses sourcils froncés. Son sourire s'était évanoui, remplacé par une expression plus grave, plus contemplative. « C'était très gênant », ajouta-t-elle, les yeux rivés sur lui, défiant son silence.

Un instant de silence suivit, lourd et dense, où l'on ne percevait que le crépitement du feu dans l'âtre. Aemond posa son verre de vin sur la table, le regard toujours fixé sur elle. « Je pensais que tu préférais l'apprendre par toi-même », dit-il finalement, sa voix basse mais teintée d'une légère ironie. « Après tout, ce genre de... découverte a son propre charme, n'est-ce pas ? »

Shearazad leva les yeux au ciel, exaspérée. « Oh, vraiment ? Tu trouves cela divertissant ? » Sa voix montait, un mélange d'agacement et d'incrédulité. « Être harcelée par ta mère, qui semble plus intéressée par ma poitrine que toi, c'est ça, ton idée du divertissement ? »

Il esquissa un sourire cette fois plus franc, un sourire qui trahissait une lueur d'amusement. « Ma mère a toujours été... curieuse de nature. »

« Curieuse ? » Shearazad secoua la tête, incrédule. « Elle a failli me soulever comme un baril de vin ! »

Aemond ne put retenir un léger rire. « Elle a le droit de se soucier de ses futurs petits-enfants, tu ne crois pas ? » Ses mots étaient teintés d'une douce moquerie, mais il y avait aussi une certaine chaleur dans sa voix.

Shearazad fronça les sourcils, clairement peu amusée. « Petits-enfants ? En laissant le grand mestre Orwyle appuyer sur mon sein comme un vulgaire chiffon ? C'était douloureux, Aemond, ça fait très mal, » répliqua-t-elle, ses yeux écarquillant légèrement, une lueur de frustration traversant son regard. Elle s'approcha lentement de lui, ses pas mesurés et sa propre voix s'affermissant à chaque mot.

Elle se tenait maintenant debout juste devant lui, sa présence imposante malgré sa silhouette frêle. Aemond, levant les yeux vers elle, perçut la tension qui irradiait de son corps. Sans se presser, il tendit les mains, ses doigts effleurant sa taille avant de la saisir doucement, la rapprochant de lui. Il inclina la tête, posant sa tête contre sa poitrine, ses cheveux argentés glissant contre le tissus de sa robe. « Je peux y remédier si la princesse le désire... » dit-il une voix pleine de sous-entendu.

Shearazad frémit légèrement à ce contact inattendu. « Arrête, Aemond, » ses doigts légèrement tremblant vinrent caresser la chevelure du prince. « C'est pas drôle... je me suis sentie... » commença-t-elle, mais sa voix s'éteignit. Elle chercha ses mots, son regard se perdant un instant, trahissant une gêne qu'elle ne voulait pas admettre. Elle sera légèrement les poings, comme si elle se retenait de le repousser.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant