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Dans le faible silence du matin, Ser Criston était encore éveillé, le corps nu en contact avec celui de la princesse. La sensation de sa peau contre la sienne lui était étrangement familière, comme un écho lointain d'une intimité désordonnée. Le soleil n'allait pas tarder à se lever, et dans la pénombre naissante, il observa brièvement le visage de Shearazad, reposé tendrement sur son torse. Ses traits étaient paisibles, presque innocents, malgré l'intensité de la nuit précédente.

Criston ressentait pour elle une affection particulière, une forme d'attachement qui frôlait le malsain. Il se savait tiraillé entre la chaleur physique de l'instant et la conscience de ce qu'il représentait réellement dans sa vie. Cette affection était teintée de possessivité et de désir, une combinaison troublante qui le perturbait. Alors que le jour approchait, il se demandait comment il pourrait se conformer à ce qu'il ressentait sans se perdre dans la complexité de ses propres émotions.

Lorsque les premiers rayons du soleil commencèrent à percer l'obscurité et que les pas des domestiques se firent entendre dans le couloir, Criston se leva doucement pour ne pas réveiller Shearazad. Il laissa la couverture reposer délicatement sur elle, puis se rhabilla rapidement. Avant de quitter la pièce, il se retourna une dernière fois pour la regarder, et s'approcha à nouveau. Avec une tendresse inhabituelle, il déposa un baiser léger sur son front chaud, un geste plein de douceur avant de s'éclipser silencieusement, laissant la princesse encore endormie, seule avec ses rêves perturbés.

Ne sachant pas que dans la pénombre des yeux l'avait observés, dès ses pas sur la porte de la princesse, et étais revenu lorsqu'il l'avait quitter. Des yeux avait tous vu le début et la fin. Des yeux qui étais ceux de Aemond lorsque les siens ne pouvait pas voir.

La servante pénétra dans la chambre, ses pas légers pour ne pas éveiller la princesse. Elle commença ses tâches matinales avec soin, consciente que dans quelques heures, Aemond aurait un résumé détaillé de la nuit précédente, ou du moins, de ce qu'elle pensait s'être passé. Nimérya s'acquittait de ses tâches avec une précision calculée, consciente du poids des informations qu'elle allait transmettre.

Dans ses appartements, Aemond se tenait dans l'ombre, un verre de vin à la main, l'air perdu dans ses pensées. Le matin était encore jeune, et il était exceptionnellement matinal, comme si une forme de libération s'était manifestée. La disparition de la servante astucieuse, qui avait joué un rôle considérable dans la vie de Shearazad, lui offrait une sensation de soulagement presque palpable. Aemond se sentait débarrassé d'un poids qui, pendant trop longtemps, avait alourdi ses journées et ses nuits.

Il réfléchissait intensément, ses yeux fixés sur le vin rubis dans son verre, une lueur froide et calculatrice dans son regard. « Paix à son âme, » pensa-t-il ironiquement. Il n'avait jamais douté que cette fille finirait par lui causer des ennuis. Sa présence aux côtés de Shearazad était une constante source de frustration pour lui. Elle semblait constamment se dresser entre lui et la princesse Velaryon, une barrière obstinée, une ombre qui détournait son chemin.

Aemond avait perçu, sans même avoir besoin de la connaître profondément, qu'elle était trop intelligente et résiliente pour rester une simple servante. Sa ruse et son habileté avaient fait d'elle un obstacle significatif, un défi à surmonter. Sa force et son audace étaient telles qu'elles avaient altéré le cours de ses plans, faisant d'elle un rempart qu'il devait éliminer pour atteindre ses objectifs. La servante, avec son esprit acéré, était un frein, un élément perturbateur dans l'équilibre qu'il cherchait à établir avec Shearazad.

Maintenant, alors que la pièce baignait dans la lumière tamisée du matin, Aemond se sentait apaisé par la disparition de cette présence gênante. Il était prêt à réévaluer ses stratégies, à ajuster ses plans pour tirer parti de la nouvelle situation. L'absence de la servante, bien qu'inattendue, lui offrait une ouverture précieuse. Il savait que chaque pièce du jeu avait son importance, et maintenant qu'une pièce perturbatrice était retirée, il pouvait se concentrer sur l'ajustement de ses prochaines étapes, avec une détermination renouvelée pour naviguer dans le labyrinthe complexe de ses ambitions et désirs.

Shearazad elle, encore ébranlé par le chagrin d'hier matin et les regrets qui venait toquer au porte de son esprit, semblait imiter un sommeil qui n'étais plus là. Les rayons de soleil à travers le rideau l'avait éveillé et avec elle tous les sentiments de la journée et la nuit précédente. Un mélange de douleur et de réalisation d'un côté et de l'autre celui de regret et de culpabilité.

Shearazad rabattit la couverture sur ses yeux, espérant ainsi masquer ses larmes qui coulaient malgré elle. La tristesse enveloppait son corps dès le matin, une lourdeur persistante qu'elle n'arrivait pas à écarter. Après avoir goûté à un sommeil profond, un répit bien mérité qu'elle n'avait pas connu depuis des semaines, elle se retrouvait maintenant brusquement ramenée à la dure réalité du monde.

Les larmes, incontrôlables, continuaient de couler, chaque goutte semblant porter le poids de son chagrin et de son épuisement. Elle ferma les yeux avec force, cherchant à échapper à la douleur et à l'angoisse qui marquaient son réveil. Dans cette tentative désespérée de retrouver un semblant de paix, elle se replia sur elle-même, essayant de se rendormir.

Peu à peu, malgré le tourbillon de pensées et de sentiments, elle se laissa emporter à nouveau dans les bras de Morphée, espérant échapper à la réalité et trouver, même temporairement, un peu de tranquillité. Le sommeil, bien qu'interrompu et fragile, l'enveloppait à nouveau, lui offrant un répit éphémère dans un monde chaotique.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant