LOCKED || AEMOND TARGARYEN•

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Lorsque les portes massives du château de Dragonstone s'ouvrirent, Shearazad fut accueillie par une vision qu'elle n'avait pas anticipée : sa famille, tous présents, se tenant là, leurs regards remplis de tendresse et d'attention. Pourtant, au lieu de se précipiter dans leurs bras, elle recula instinctivement de quelques pas, comme prise de panique face à cette chaleur soudaine qu'elle ne savait plus comment recevoir.

Ses doigts, tremblants, se crispèrent sur les écailles de Skye, la petite dragonne bleu ciel qu'elle tenait précieusement contre elle. Ombrōs, son fidèle dragon gris massif, veillait à ses côtés, immobile mais vigilant, sentant la tension qui envahissait sa maîtresse. Il était prêt, comme toujours, à la défendre contre quiconque oserait s'approcher trop brusquement ou lui causer davantage de mal.

Le silence qui régnait autour d'eux était pesant, presque suffocant. Shearazad pouvait sentir le regard de chacun posé sur elle, mais elle ne parvenait pas à lever les yeux pour les affronter. La douleur la tenait captive, l'isolant dans une bulle d'inconfort et de souffrance.

Rhaenyra fut la première à rompre ce silence lourd. D'un pas rapide et déterminé, elle s'avança vers sa fille. Sans hésitation, elle la serra fermement contre elle, ses bras enveloppant Shearazad avec toute la force et l'amour d'une mère inquiète. Pourtant, malgré cette étreinte familière, Shearazad ne ressentit rien. Rien d'autre que ce vide béant qui s'était creusé en elle, cette immense douleur qui l'engloutissait depuis la perte de Maeridia et l'adieu à Aemond.

Rhaenyra passa doucement ses doigts dans les cheveux noirs de sa fille, un geste réconfortant, presque instinctif. Mais ce geste, qui autrefois aurait apaisé Shearazad, ne faisait désormais qu'accentuer la distance entre elles. Elle se crispa légèrement sous l'étreinte, son corps refusant de se laisser aller à cette tendresse. Ses doigts se serrèrent plus fort sur les écailles bleutées de Skye, comme si le contact du dragonnet endormi était la seule chose qui la reliait encore au monde.

La pression de sa mère ne lui apportait aucun réconfort, seulement un rappel brutal de tout ce qu'elle avait perdu. Le visage de Maeridia hantait encore ses pensées, tout comme celui d'Aemond, et la réalité de leur absence la frappait avec une force implacable. Comment pouvait-elle simplement revenir ici, parmi les siens, comme si tout était normal ? Comme si elle n'avait pas laissé une partie d'elle-même derrière, là-bas, sur cette plage où elle avait prononcé ses derniers adieux ?

Rhaenyra, sentant la résistance de sa fille, relâcha doucement son étreinte et la regarda dans les yeux. Elle pouvait voir la douleur profondément ancrée dans les traits de Shearazad, et pourtant, elle ne savait pas quoi dire. Aucune parole ne semblait appropriée, aucun geste ne semblait suffisant pour apaiser la souffrance de son enfant. Mais dans son cœur, elle savait qu'elle ne la laisserait jamais affronter cette douleur seule.

Shearazad, quant à elle, se sentait perdue. Elle avait cru qu'en revenant à Dragonstone, elle retrouverait un semblant de paix, mais ce n'était pas le cas. Le poids du deuil et des décisions passées continuait de la suivre, accablant chacun de ses mouvements. Elle était là, mais elle ne l'était pas vraiment, enfermée dans une tourmente intérieure qui ne semblait avoir aucune issue.

Shearazad prit un souffle profond, essayant de chasser la douleur qui l'étouffait, de ramener un peu de calme dans son cœur ravagé. Ses yeux parcoururent les visages qui l'entouraient, mais aucun d'eux ne semblait réel. Les personnes présentes n'étaient que des ombres, des reflets pâles de ceux qu'elle avait perdus. Rien, absolument rien, ne serait jamais plus comme avant. Elle sentit une vague de regret monter en elle, un regret si puissant qu'elle se surprit à souhaiter, même juste pour un instant, qu'elle ait péri sous les coups de couteau de son frère. Cela aurait été plus simple, plus rapide que cette agonie intérieure qui la déchirait depuis tant de mois.