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Elle ne ressentait ni faim, ni soif, seulement une impatience croissante de quitter la pièce qui semblait se refermer sur elle, rétrécissant à chaque instant. En regardant son reflet dans le miroir, elle observait le contraste frappant entre la sophistication de son apparence et la confusion qui régnait dans son esprit. Ses cheveux, soigneusement relevés en un chignon impeccable, accentuaient les traits délicats de son visage d'ange. Le collier d'émeraudes et de saphir, posé sur son cou gracile, brillait avec une élégance qui aurait dû être réconfortante, mais elle n'y prêtait guère attention.

Ce qui captait son regard, ce qui lui tenait particulièrement à cœur, était la tache de naissance discrète mais persistante sur son cou. Cette marque, discrète mais significative, semblait presque vibrer de vie. Elle était plus qu'un simple imperfection physique ; c'était un lien tangible avec quelqu'un d'important, une trace d'une histoire partagée, d'un passé qui refusait de se dissiper. Chaque fois qu'elle posait les yeux sur cette tache, un flot de souvenirs et d'émotions la submergeait, la reliant à une personne qui, malgré la mort, demeurait indélébilement ancrée dans son cœur.

Cette tache de naissance était le dernier vestige de ce qu'elle était et de ce qu'elle avait perdu. C'était un rappel constant de son humanité, de ses liens et de son histoire, un détail qui lui rappelait qu'elle n'était pas seulement une prisonnière dans l'ombre de son propre désespoir.

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement, laissant apparaître Ser Bron dans l'encadrement. Shearazad le fixa un instant, luttant contre l'angoisse qui montait en elle, puis se leva avec une détermination froide. « Il n'était pas trop tôt, » lança-t-elle, testant encore une fois la patience du chevalier, un défi clair dans ses paroles. Sa robe blanche, éclatante contre la pâleur de son visage, ondula légèrement alors qu'elle se dirigeait vers la porte.

« Qu'on en finisse une bonne fois pour toute, » ajouta-t-elle, un mélange de résignation et de défi dans la voix. Un sourire étira les lèvres de Ser Bron alors qu'elle passait le seuil, et il était évident qu'il trouvait un certain amusement dans son ignorance de ce qui l'attendait.

Ils descendirent les escaliers avec une lenteur calculée, Ser Bron en tête, chaque pas résonnant dans les couloirs vides du Donjon Rouge. Shearazad suivait, ses talons claquant sur les marches en écho sinistre à son sentiment grandissant de malaise. Ser Bron ne montra aucun signe de fatigue ou d'impatience, se dirigeant résolument vers la porte arrière du château.

Ils passèrent cette porte massive et se retrouvèrent à l'extérieur, où l'air frais mordant se mêlait à l'odeur humide des collines environnantes. Shearazad sentit le contraste entre l'oppression des salles intérieures et l'espace ouvert des collines. L'arrière du château s'étendait devant eux, un paysage sauvage et indompté, presque en contradiction avec l'architecture imposante du Donjon Rouge.

Ser Bron conduisit la marche, se dirigeant vers les collines verdoyantes qui s'étendaient à l'arrière. Les pas de Shearazad se faisaient de plus en plus lourds à mesure qu'ils s'enfonçaient dans ce terrain inconnu, chaque pas résonnant comme un présage d'un destin qu'elle ne pouvait pas encore voir, mais qu'elle sentait peser sur elle comme une ombre inexorable.

À une certaine distance, un rassemblement s'était formé, une troupe disparate de chevaliers, de servantes et d'autres personnes dont les visages et les rôles restaient inconnus de Shearazad. Son cœur se serra à la vue de cette foule inattendue, et ses jambes tremblèrent, faiblissant sous le poids de l'angoisse et de l'ignorance de la situation.

Sentant sa lenteur, Ser Bron s'empara de son bras avec une fermeté accrue, la guidant brusquement à travers les fines herbes. Chaque pas semblait écraser l'espoir de compréhension, et le sol inégal ne fit qu'ajouter à son désarroi. Ils s'arrêtèrent enfin à une distance raisonnable du rassemblement, Ser Bron se dégageant de tout souci pour les mouvements de Shearazad, comme s'il n'était plus de son ressort.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant