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Dans une précipitation presque instinctive, Shearazad se leva du lit, son souffle court et le cœur battant à tout rompre. Ses mains tremblaient lorsqu'elle tira violemment sur le drap, le pressant contre son corps comme un rempart entre elle et le Prince Targaryen. Son esprit était en proie au chaos, une tempête de pensées tourbillonnantes qui la submergeait. Elle sentait l'angoisse la saisir à la gorge, la peur lui nouer l'estomac. Le soleil était déjà haut dans le ciel, ses rayons filtrant à travers les rideaux épais, baignant la chambre d'une lumière crue qui rendait chaque détail douloureusement réel.

Aemond, réveillé en sursaut par ce mouvement brusque, fronça les sourcils en la voyant se recroqueviller ainsi, la terreur peinte sur son visage. Son regard glacé s'adoucit légèrement face à l'expression dévastée de Shearazad, mais l'incompréhension demeurait. Il n'avait jamais vu une telle peur dans ses yeux auparavant. Que s'était-il passé ? Il chercha à comprendre, sondant son visage à la recherche d'indices, mais il n'y vit que de l'effroi.

« Non, » murmura-t-elle, presque inaudible, ses lèvres tremblant sous l'effet d'une panique qu'elle peinait à contenir. « Non, non, non, non... j'ai pas fait ça. » Ses mots étaient entrecoupés de sanglots retenus, sa voix brisée par une détresse palpable. Elle secouait la tête frénétiquement, comme pour chasser une image horrible qui lui hantait l'esprit. Ses pieds nus reculèrent sur le sol froid, cherchant à mettre le plus de distance possible entre elle et lui.

Aemond fit un pas en avant, ses mouvements calculés mais prudents, tentant de percer le brouillard d'angoisse qui semblait l'envelopper. « Qu'est-ce que tu as ? » Sa voix se voulait douce, mais la perplexité et une pointe d'impatience perçaient dans son ton. Il tendit une main vers elle, mais son geste eut l'effet inverse de celui escompté.

« Ne t'approche pas de moi ! » cria-t-elle soudain, d'une voix aiguë et tremblante. Sa main se leva instinctivement, paume en avant, pour l'empêcher d'avancer davantage. Ses yeux, habituellement calmes et profonds, étaient maintenant dilatés par la peur, fixant Aemond comme s'il était une menace imminente.

Aemond, ignorant sa demande, décida de briser la distance entre eux d'un pas déterminé. Il la saisit par la nuque, ses doigts caressant ses joues, ses mains fermes mais pas brutales, tentant de la ramener à la raison. Le contact fit frissonner Shearazad, ses yeux s'agrandissant davantage, mais elle ne se dégagea pas.

« Qu'est-ce que tu as, Shearazad ? » répéta-t-il, plus pressant cette fois. Son regard, habituellement si assuré, vacillait maintenant entre l'inquiétude et la frustration. Il scruta ses prunelles sombres, cherchant désespérément à comprendre ce qui la tourmentait. « Dis-moi ce qui ne va pas. »

Shearazad recula d'un pas, son dos heurtant presque le mur derrière elle. Le désespoir se lisait dans ses yeux, un mélange de confusion et de peur. Elle ne voulait pas y croire. Elle ne pouvait pas croire qu'elle avait laissé son corps prendre le dessus sur sa raison. Elle ne voulait pas croire qu'elle s'était donnée à Aemond, pas croire que celui qui avait partagé son lit la veille était l'homme responsable de la mort de tant de ses proches, celui qui incarnait tout ce qu'elle haïssait.

« On... » tenta-t-elle de dire, mais sa voix se coupa, brisée par un sanglot qu'elle réprima presque instinctivement. Elle se mordit la lèvre, refusant de laisser ses émotions la trahir davantage.

Aemond comprit alors. Il comprit ce qui terrorisait la jeune femme, ce qui la laissait si désemparée, figée dans un mélange de terreur et de dégoût. À son tour, il recula de quelques pas, les traits de son visage se durcissant. La compassion et la douceur qui illuminaient ses yeux quelques instants plus tôt se dissipèrent, remplacées par la froideur habituelle du prince de fer.

« Tu regrettes, » déclara-t-il d'une voix plate, mais le poids de ses mots résonnait comme un coup de massue. Ce n'était pas une question, mais une affirmation, lourde de sens et de reproche. Il se raidit, implacable, son regard s'assombrissant de colère et de ressentiment. Un rire nerveux, amer, s'échappa de ses lèvres.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant