LOCKED || AEMOND TARGARYEN•

97

La porte du château s'ouvrit doucement, révélant Jacaerys, les mains maculées du sang de sa sœur, et le visage ruisselant de larmes. Dans ses bras, le corps sans vie de Shearazad reposait, froide et silencieuse, un vide insupportable où jadis brillait la vie. Il tremblait, non pas de peur, mais d'une douleur si profonde qu'elle semblait le ronger de l'intérieur.

Ses yeux, souvent si vifs, étaient maintenant ternis, regardant à peine devant lui. Chaque pas qu'il faisait était une épreuve, comme s'il portait non seulement le poids de sa sœur, mais aussi le fardeau de ses choix. Le brouhaha du château, autrefois si familier, lui paraissait lointain, comme un écho dans un rêve troublé. Il marchait d'un pas lent, presque mécanique, en direction de la salle du conseil.

À mesure qu'il s'approchait, les murmures s'éteignaient. Les visages se tournaient vers lui, leurs expressions oscillant entre la surprise, la tristesse et l'horreur. Les partisans de Rhaenyra, assis autour de la grande table, se figèrent à la vue de la princesse traîtresse, inanimée dans les bras de son frère. Les mentaux d'or scintillants reflétaient la tragédie qui se déroulait sous leurs yeux, un tableau tragique de famille déchirée.

« Jace... » murmura une voix tremblante. Alicent, au fond du couloir, blêmit, comprenant le poids de ce qui venait de se passer.

Jacaerys, avec une force qu'il ne savait pas posséder, fit un pas en avant. Le silence devint palpable, chacun retenant son souffle, attendant ses mots. Mais au lieu de cela, il resta muet, la douleur étouffant toute capacité à articuler ses pensées. Les larmes continuaient de couler, gouttes de souffrance qui tombaient sur le sol, mêlant leur salinité au sang de Shearazad.

Il sentit le regard lourd de la reine mère sur lui, une colère voilée sous la tristesse. Les murmures d'incompréhension s'élevaient autour de lui, mais tout cela lui semblait lointain. Ce qui importait maintenant, c'était Shearazad, sa sœur, celle qu'il avait tant aimée, celle qui l'avait trahie.

« Elle... » commença-t-il, mais les mots se bloquèrent dans sa gorge, son cœur se serrant à l'idée de ce qu'il avait fait. « Elle une traîtresse. Et elle... elle était ma sœur. »

Les larmes redoublèrent, témoins silencieux de la douleur d'un frère déchiré. La tension dans la pièce était palpable, une mêlée d'émotions contradictoires : chagrin, colère, déception. Jacaerys se tenait là, un enfant perdu au milieu d'un champ de bataille où il avait lui-même déclenché la guerre.

Alicent se laissa submerger par le désespoir en voyant le corps sans vie de Shearazad, ses genoux heurtant le sol alors qu'elle prenait doucement la jeune fille dans ses bras. Elle la secouait frénétiquement, comme si ce geste pourrait ramener la princesse à la vie, refusant de croire que tout était fini. Son regard était perdu, hanté par une terreur profonde.

« Non, non, non, non... » murmurait-elle d'abord, puis la panique monta en elle, transformant sa supplique en un cri déchirant. « SHEARAZAD ! » hurla-t-elle, sa voix se brisant sous la douleur, un appel désespéré vers une vie qui ne reviendrait plus.

Les mains tremblantes, elle tapota les joues froides de la princesse, incapable d'accepter la réalité. « Shearazad, je t'en supplie... Je t'en prie, ouvre les yeux ! » Sa voix se brisa, son chagrin se répandant dans la grande salle, éclipsant tout autre son. « Que lui as-tu fait ?! » cria-t-elle en se tournant vers Jacaerys, les yeux remplis d'une fureur teintée de désespoir.

Jacaerys, figé par la scène, ne pouvait pas baisser la tête. Il ne répondit pas, les mots mourant dans sa gorge. Le poids de son acte le clouait au sol, incapable de faire face à la douleur d'Alicent, ni à la sienne.

Alicent, quant à elle, continuait d'enlacer le corps de Shearazad, ses larmes coulant sur le visage pâle de la princesse. « Je t'ai aimé comme ma propre fille, » sanglota-t-elle, caressant tendrement ses cheveux. « Pourquoi es-tu partie... pourquoi... » Son chagrin était palpable, une douleur insoutenable se répandant dans chaque recoin de la salle.