Le corps inerte de Shearazad reposait sur le lit, figé dans une paix trompeuse, vidée de toute vie et de sang, laissant dans son sillage un silence lourd et oppressant. Aemond, assis près d'elle, leur enfant dans ses bras, fixait le vide, observant les heures sombres s'écouler lentement, comme une torture silencieuse. Le temps n'avait plus de sens pour lui. Chaque instant semblait se prolonger, écrasant un peu plus son esprit sous le poids d'une réalité qu'il refusait d'accepter.
La petite Maeridia, fragile et innocente, ne cessait de pleurer, ses cris perçant l'air comme des aiguilles dans le cœur déjà brisé de son père. Elle semblait sentir l'absence de sa mère, comme un manque viscéral qui la tourmentait au plus profond d'elle-même. Ses pleurs résonnaient dans les sombres couloirs d'Harrenhal, un écho déchirant de la douleur qui s'était emparée de cette maison maudite. Chaque cri de l'enfant semblait exacerber la souffrance d'Aemond, le rappelant à une vérité qu'il ne pouvait supporter : Shearazad ne reviendrait pas. Pourtant, il ne pouvait pas l'accepter. Pas encore.
Les servantes et la nourrice, présentes mais impuissantes, restaient à distance, craignant la colère du prince. Elles n'osaient rien dire, rien faire. Aemond avait essayé de calmer Maeridia, la berçant, murmurant des mots désespérés, mais la rage et la tristesse en lui étaient trop grandes. Il ne savait plus comment être père, ni comment être un homme face à une telle perte. Les rares fois où l'une des servantes avait tenté de s'approcher pour prendre l'enfant, Aemond les avait repoussées d'un geste violent, sa rage à peine contenue. Elles avaient appris à rester en retrait, regardant impuissantes le prince sombrer dans ses ténèbres.
La nuit s'étendait, longue et glaciale, enveloppant Harrenhal dans une obscurité oppressante. Aemond se tenait là, immobile, incapable de se détacher du corps inanimé de Shearazad. Chaque souffle de Maeridia contre lui lui rappelait cruellement la vie qui continuait, même dans ce monde déchiré. Il aurait dû faire quelque chose. Organiser des rites funéraires, ou au moins accepter l'aide des Frères du Silence. Mais il ne pouvait pas. Il restait simplement là, comme figé, attendant. Attendant quoi ? Il l'ignorait. Peut-être un miracle. Peut-être une intervention divine qui lui rendrait celle qu'il aimait.
Mais tout ce qu'il avait, c'était le silence d'Harrenhal, hanté par le poids des fantômes du passé. Aemond ne savait pas encore quoi faire, mais il savait qu'il ne pouvait pas, ne voulait pas, accepter cette fin. Il attendait, incapable de bouger, espérant, dans un coin de son esprit brisé, que quelque chose changerait. Que cette tragédie n'était pas la fin.
La porte de la chambre s'ouvrit doucement, sans un bruit, comme si même les gonds craignaient de troubler la scène de deuil à l'intérieur. Une silhouette apparut dans l'embrasure, celle d'Alicent, presque aussi dévorée par le chagrin que ceux qui se trouvaient déjà dans la pièce. Ses yeux, fatigués par des années de luttes et de sacrifices, balayèrent rapidement la pièce, s'arrêtant un instant sur les servantes qui, comme des ombres, s'étaient pliées à leur devoir dans cette tragédie. Elles s'affairaient sans bruit, conscientes de leur impuissance face à la douleur écrasante qui régnait ici. Mais Alicent ne leur prêta que peu d'attention, ses yeux se posant enfin sur le dos voûté de son fils, Aemond.
« Aemond, » murmura-t-elle, sa voix brisée par une tristesse infinie, le nom de son fils chargé de tout ce qu'elle ne pouvait exprimer. C'était une prière, une supplication silencieuse, comme si en prononçant ce simple mot, elle pouvait transmettre tout l'amour et la douleur qu'elle portait en elle, tout ce qu'elle était incapable de dire.
Les servantes, sentant qu'elles n'avaient plus leur place ici, se retirèrent discrètement, les yeux baissés, respectueuses du moment intime entre la reine mère et son fils. Le silence, alourdi par le chagrin, retomba sur la pièce, comme une chape de plomb. Alicent avançait doucement, ses yeux embués de larmes, contemplant ce fils qu'elle avait tant aimé, et qui, aujourd'hui, était brisé comme elle ne l'avait jamais vu auparavant.

VOUS LISEZ
LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...