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La batte en bois s'abattit avec force contre le corps de la jeune servante, chaque coup résonnant dans le couloir. Shearazad, dans un état de fureur incontrôlable, ne semblait pas se soucier des conséquences. Ses mouvements étaient empreints d'une rage presque sauvage, comme si la servante était le réceptacle de toutes ses frustrations et douleurs accumulées.

Les hurlements de la servante, déchirants et pleins de terreur, résonnaient dans les couloirs, atteignant rapidement les oreilles des gardes en poste. Le bruit brutal fit également éclipser Alicent, qui passait non loin de là. Elle s'immobilisa, son visage exprimant une surprise mêlée d'horreur alors qu'elle se dirigeait vers l'origine des cris.

Les gardes, alertés par les cris désespérés, se précipitèrent vers la scène, leur formation chaotique trahissant l'urgence de la situation. Ils trouvèrent Shearazad en pleine frénésie, la batte à la main, frappant encore et encore sans semble se soucier de la douleur infligée.

Alicent, se remettant rapidement de son choc initial, fit signe aux gardes de stopper l'attaque. Elle s'avança avec précaution vers Shearazad, une expression de détermination mêlée de consternation sur le visage.

« Shearazad ! » cria Alicent, essayant d'attirer son attention. « Arrête immédiatement ! »

Ses paroles semblaient se perdre dans le tumulte de la fureur de Shearazad. Les gardes, obéissant à l'ordre d'Alicent, s'interposèrent enfin entre la princesse et la servante, tentant de désarmer Shearazad et de l'éloigner. Ils prenaient garde de ne pas se mettre en danger, sachant que la colère de Shearazad était une force implacable.

La servante, ensanglantée et épuisée, était rapidement prise en charge par les autres serviteurs et soignants appelés en urgence. La scène qui se déroulait était une démonstration brutale de la détresse et de la rage que Shearazad ne parvenait pas à contenir.

Alicent, observant la situation avec une inquiétude croissante, savait que l'intervention ne ferait qu'apporter une paix temporaire. La colère de Shearazad était le symptôme d'un mal plus profond, un tourment que ni les gardes ni les mots d'Alicent ne pouvaient apaiser facilement.

Alicent, toujours choquée par la scène, fixa Shearazad avec une expression de désapprobation sévère. « Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as perdu la tête ? » gronda-t-elle, la colère et l'incompréhension se mêlant dans sa voix.

Shearazad, le regard glacé et distant, répondit d'une voix froide, presque dénuée d'émotion. « Elle m'a traité de toxicomane dégénérée, de pétasse impulsive et m'a dit que je devais me faire soigner, alors je l'ai cognée. »

Les mots de Shearazad, bien que prononcés avec une froideur apparente, portaient en eux la profondeur de sa douleur et de sa frustration. Alicent, malgré sa position de détentrice de l'autorité, pouvait percevoir la détresse sous-jacente dans le comportement de la princesse. Cependant, elle devait aussi faire face à la réalité brutale de la situation.

« Ce n'est pas une excuse pour agir de la sorte, Shearazad ! » répliqua Alicent, tentant de garder un ton ferme malgré le chaos environnant. « Nous devons régler cela de manière appropriée, pas par la violence. Tu ne peux pas te laisser submerger par ta colère de cette manière. »

Les gardes, ayant réussi à désarmer Shearazad, l'entouraient maintenant, leur présence imposante servant à contenir ses accès de rage. Alicent se tourna vers eux, leur ordonnant de calmer la situation et de s'assurer que la servante recevait immédiatement les soins nécessaires.

Alicent recula légèrement, surprise par la ferocité de la réponse de Shearazad. « Ne me touche pas, » ordonna Shearazad, les mots crachés avec une colère brûlante. Sa voix était un déluge de rage contenue, faisant éclipser toute tentative de réconfort ou de médiation.

Shearazad se tourna brusquement vers les gardes et les serviteurs qui observaient la scène, leurs visages marqués par la stupeur et la peur. « C'est un avertissement pour chacun d'entre vous. Le prochain qui fait quelque chose qui soulève mon énervement, je lui éclate la tête contre le sol. Pigé ? »

Son regard furieux balayait la pièce, chaque mot résonnant comme une menace claire et directe. L'atmosphère était chargée de tension, et les serviteurs, ainsi que les gardes, échangèrent des regards inquiets, comprenant parfaitement la gravité de la menace.

D'un pas déterminé, Shearazad quitta les lieux, sa démarche empreinte d'une résolution brutale. Elle ne se souciait pas des conséquences de ses actes, ni des regards perplexes et inquiets qui suivaient son départ. Son esprit était entièrement focalisé sur le besoin pressant de retrouver un réconfort temporaire, quelque chose pour apaiser le chaos intérieur qui la dévorait.

Elle sentait une obsession croissante pour la fumée de la poudre noire, ce refuge éphémère qui lui offrait une échappatoire à ses tourments. Le désir de respirer encore cette substance était devenu une compulsion, un moyen désespéré d'échapper à l'intensité de ses émotions et de retrouver un semblant de paix, même si ce n'était que pour un instant.

Sa démarche la conduisit directement vers ses appartements, où elle avait caché les sachets et les restes de la poudre noire. Elle se dirigea vers la commode avec une rapidité presque fébrile, ses mains tremblantes cherchant frénétiquement les sachets. Une fois en possession de la poudre, elle se précipita vers la cheminée, préparant rapidement le mélange comme elle l'avait fait auparavant.

Les gestes de Shearazad étaient mécaniques et précipités. Elle enflamma le mélange avec une certaine impatience, aspirant les volutes de fumée avec une soif désespérée. La chaleur de la fumée envahit ses poumons, et elle sentit progressivement la tension et le stress commencer à se dissoudre, du moins pour un temps. La frénésie dans son esprit se calmait, même si le soulagement était fugace et imparfait.

En inhalant la fumée, elle chercha à échapper à la réalité de ses actions, au poids de ses choix et à la douleur qu'elle ressentait. Pour un court moment, la fumée semblait effacer les échos de la colère et de la honte, la plongeant dans un état de calme relatif. Mais sous cette illusion de paix, les problèmes restaient, prêts à resurgir dès que l'effet de la poudre se dissiperait.

Shearazad, perdue dans ses pensées et son besoin d'évasion, se laissa aller à la fugacité de son réconfort temporaire, sans prendre pleinement conscience de l'impact de ses actions sur son avenir et sur ceux qui l'entouraient.

Shearazad aspira la poudre par la voie nasale avec une hâte frénétique, sentant la substance psychoactive se diffuser rapidement dans son système. Les effets se firent sentir presque instantanément. La poudre envahissait son sang, ses sens, et son esprit, la plongeant dans un état où la réalité se déformait.

Son calme se transforma en une semi-conscience, où elle n'était plus simplement apaisée, mais presque détachée de son environnement. Elle se retrouvait quelque part entre la vie et la douleur, entre une paix fragile et un tourment persistant. Les frontières entre ses pensées et ses sensations se brouillaient, et elle flottait dans un espace flou, ni totalement consciente ni complètement inconsciente.

Les émotions qui l'avaient déchirée semblaient s'éloigner, mais la douleur qui lui lacérait le cœur restait une présence constante, sourde mais omniprésente. La poudre, tout en offrant un répit temporaire, ne pouvait effacer les blessures profondes et les remords qui la hantaient. Elle était dans un état d'amollissement émotionnel, où les contours de ses pensées étaient flous et indistincts, un espace où elle pouvait se réfugier pour un court moment mais où la réalité de son désespoir et de ses actes continuait de la hanter en arrière-plan.

Les effets de la substance l'enveloppaient dans une sorte de brouillard, une brume où le monde extérieur semblait à la fois éloigné et proche. Elle était perdue entre des souvenirs brisés et des rêves incertains, incapable de trouver un véritable soulagement mais trouvant une forme de tranquillité temporaire dans cette semi-conscience.

Ainsi, Shearazad demeurait dans cet entre-deux, un espace où la douleur et la paix se mélangeaient, où ses émotions et ses pensées se déformaient sous l'effet de la poudre. Son esprit était suspendu dans un équilibre précaire, offrant un répit éphémère mais laissant les problèmes sous-jacents toujours présents, attendant d'être confrontés lorsque les effets de la substance s'évanouiraient.

Elle venait de rechuter, s'abandonnant une fois de plus aux bras épineux de la dépression, où les ténèbres se refermaient sur elle comme une étreinte inéluctable, pleine de promesses d'une paix fugace mais perpétuellement inaccessible.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant