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Shearazad avait la tête posée sur le torse dur et nu d'Aemond, leurs respirations s'étant calmées dans le silence paisible de la nuit. Les draps étaient éparpillés autour d'eux, témoins d'une intimité récemment partagée. Elle ne dormait pas ; ses yeux étaient ouverts, perdus dans les ténèbres environnantes. D'un geste léger, elle retraçait chaque muscle apparent de son amant du bout des doigts, explorant la surface de sa peau comme si elle cherchait à en percer tous les mystères.

Aemond, lui aussi, restait éveillé, ses yeux fixés sur un point invisible au plafond, comme aspiré par le torrent d'émotions et de sensations qu'ils venaient de partager. Il était immobile, les pensées tourbillonnant dans son esprit, tandis qu'il sentait la chaleur de Shearazad contre lui. Les murmures de leurs corps enlacés semblaient être les seuls témoins de ce moment suspendu entre passion et contemplation.

Dans ce calme presque irréel, un mélange d'amour et de complexité tissait leur lien. Shearazad réfléchissait à la manière dont leurs vies s'étaient entremêlées, comment l'amour qu'elle éprouvait pour Aemond avait pris le pas sur toutes ses autres loyautés, y compris celle envers sa propre famille. La chaleur de son corps contre le sien était à la fois un réconfort et une douleur lancinante, un rappel constant du prix qu'elle payait pour cet amour.

Aemond, de son côté, se perdait dans ses propres pensées, préoccupé par les implications de leur relation, les conséquences de leur union sur leurs vies et sur le monde qui les entourait. Il sentait une satisfaction profonde, mais aussi une tension sous-jacente. La force de leurs sentiments ne faisait que renforcer les défis auxquels ils faisaient face, les dilemmes moraux et politiques qui les assaillaient. Il étais fière, fière d'avoir réussi à mettre dans son lit la sœur de l'homme qui lui avait pris son œil, fière de s'être lié à elle pour une vie entière et par dessus tout fière de lui avoir fait un enfant.

Ils étaient liés par un amour qui semblait capable de transcender les conflits et les trahisons, mais cet amour était aussi teinté de complexité et de lourdeurs. Leurs cœurs étaient pleins de promesses et de secrets, de désirs et de doutes. En cette nuit silencieuse, ils étaient deux âmes en quête d'un répit dans l'étreinte de leur amour, un moment de répit avant que les réalités de leurs choix ne reviennent frapper à la porte.

Ils restaient là, ensemble, dans une sorte de suspension fragile, capturés entre la douceur de l'instant et la dureté des réalités à venir. Leurs pensées voguaient entre la tendresse du moment partagé et les lourdes répercussions des choix qu'ils avaient faits, conscients que rien ne resterait figé et que l'avenir, avec ses défis et ses incertitudes, attendait au tournant.

« Tu veux une fille ou un garçon ? » demanda Shearazad, rompant le silence tandis que son regard restait fixé sur un point invisible au loin.

Aemond resta silencieux un moment, réfléchissant à la question. Le calme de la nuit semblait envelopper leur conversation d'une profondeur inattendue.

« Si je te parle en tant que prince régent, je voudrais un garçon, » répondit-il enfin, sa voix mesurée. « Un héritier pour assurer la continuité du nom et de l'héritage. »

Shearazad se redressa légèrement, s'asseyant sur le bassin de son mari pour mieux le regarder. « Et en tant qu'Aemond, l'homme sentimental caché ? » demanda-t-elle avec un sourire malicieux.

Aemond hésita un instant, avant qu'un faible sourire n'apparaisse sur son visage. « Je voudrais une petite fille, » admit-il doucement.

« Vraiment ? » s'exclama Shearazad, surprise par cette révélation. Ses yeux s'illuminèrent d'une curiosité nouvelle.

Aemond hocha la tête, ses yeux se perdant dans l'obscurité comme s'il cherchait les mots justes. « Oui, un garçon... » dit-il en cherchant ses mots, « ça grandit, et lorsqu'on lui met une épée dans les mains, il s'endurcit. Il devient un homme capable de marcher sur son propre chemin, souvent loin de son père, qui peut devenir un souvenir plus ou moins lointain. » Il ajouta avec une ironie mordante, « Il pourrait même oublier son pauvre père, probablement malade et répugnant. » Son ton légèrement moqueur arracha un rire à Shearazad, un éclat de légèreté dans la nuit tranquille.

LOCKED || AEMOND TARGARYEN• Où les histoires vivent. Découvrez maintenant