LOCKED || AEMOND TARGARYEN•

38

La nuit était tombée sur le château, enveloppant les lieux d'un silence presque oppressant. Shearazad, assise seule dans ses quartiers, était agacée par l'absence de réaction d'Aemond. Elle avait espéré le voir réagir avec fureur à sa provocation, mais au lieu de cela, il avait semblé rester impassible. La frustration bouillonnait en elle, et elle faisait tourner le poignard entre ses doigts dans un mouvement nerveux, cherchant des réponses dans le cliquetis métallique.

Elle se leva brusquement, enfilant son peignoir par-dessus sa robe de chambre, et décida de régler ce qui la tourmentait. Sa démarche était résolue alors qu'elle sortait de ses appartements. Ser Bron, le garde posté devant sa porte, la regarda avec surprise. Il s'apprêta à la suivre, mais elle l'arrêta d'un geste.

« Ça ne sera pas nécessaire, » dit-elle, sa voix empreinte de détermination. Le garde hésita, son regard exprimant l'inquiétude.

« Je vous le jure, » ajouta-t-elle avec insistance, « je vais juste régler quelque chose avec quelqu'un. » Elle fixa le poignard dans ses doigts pour accentuer son propos.

Elle se dirigea vers les appartements d'Aemond, ses pas résonnant dans le couloir comme un prélude à la tempête. Lorsqu'elle arriva à la porte, elle frappa sans hésitation. Quelques instants plus tard, elle s'ouvrit pour révéler Aemond, vêtu d'un peignoir, visiblement surpris de la visite nocturne de Shearazad.

« Eh bien, tu me laisses entrer ? » demanda-t-elle avec une moue d'agacement feinte.

« Et si je refuse ? Tu vas me faire des choses horribles ? » répliqua-t-il avec ironie, cherchant à la provoquer.

« Haha, » répondit-elle agacé en le poussant légèrement pour pénétrer dans la pièce. Aemond se mordit la lèvre pour retenir un rire.

Une fois à l'intérieur, elle se dirigea vers le lit et s'y jeta avec une légèreté provocante. « Ça n'a pas changé ici, » dit-elle en observant la pièce d'un regard critique. « C'est quand la dernière fois que je suis venue déjà ? »

« Peut-être quand tu as tenté de me tuer, » dit Aemond en se servant un verre de vin.

« Non, » elle roula des yeux , « je m'en souviendrais sinon. » Aemond haussa les sourcils, buvant une gorgée de vin.

Shearazad sortit le poignard qu'elle avait pris, le faisant tourner entre ses doigts avec une maîtrise qui trahissait son calme. Elle pointa la lame vers Aemond, qui, surpris, fit un pas en avant.

« J'ai quelque chose qui t'appartient, on dirait, » dit-elle en penchant la tête sur le côté, observant son oncle avec une intensité provocante.

« Shearazad, donne-moi ce couteau, » ordonna Aemond, une note de menace dans sa voix.

« Viens le chercher, » répondit-elle avec un sourire défiant. Aemond se raidit, ses yeux fixant le poignard avec une intensité calculée.

« À quoi tu joues ? » demanda-t-il, perplexe.

Dans un ricanement sincère, elle répondit à sa question par une autre. « Pourquoi penses-tu que tout est toujours un jeu ? » Elle passa sa langue sur ses lèvres. « Si tu ne le veux pas, je le garde alors. »

Aemond avança pour saisir du couteau, mais Shearazad se leva également, se tenant fermement sur ses pieds. « Donne-le-moi... s'il te plaît, » demanda-t-il, son ton passant de l'ironique à l'urgent.

Shearazad esquissa un sourire amusé. « Pas tout de suite, » dit-elle en touchant doucement le bout de son nez avec la pointe de la lame. « Pas encore. »

Shearazad avança vers la table, le poignard en main. Elle attrapa le verre qu'Aemond avait laissé sur la table et le vida d'un trait, appréciant le goût riche du vin. Son regard se posa sur le récipient, ses lèvres esquissant un sourire satisfait.