Shearazad quitta le couloir, le cœur battant à tout rompre, chaque pas résonnant avec la force d'un marteau frappant l'enclume. Elle sentait la chaleur de sa colère encore bouillir en elle, une rage sourde qui ne se dissipait pas malgré la distance qu'elle mettait entre elle et Aemond. Chaque seconde passée loin de lui semblait n'être qu'une provocation supplémentaire, comme si ses moqueries résonnaient encore dans l'air qu'elle respirait. Elle serra les poings, les ongles s'enfonçant dans ses paumes, et jura silencieusement de ne plus jamais lui accorder une telle satisfaction.
Elle tourna brusquement au coin d'un autre couloir, essayant de calmer son esprit tumultueux. À cet instant, elle remarqua des serviteurs qui s'affairaient dans le hall, jetant de brefs regards nerveux dans sa direction. Ils pouvaient probablement sentir la tension qui émanait d'elle, comme une aura de feu qui menaçait de tout embraser autour d'elle.
Un jeune serviteur, osant briser le silence, s'approcha timidement. « Lady Shearazad, avez-vous besoin de quelque chose ? » demanda-t-il avec une voix hésitante.
Shearazad, encore prise dans sa fureur, ne prit même pas la peine de le regarder. « Non, laissez-moi tranquille, » répondit-elle d'un ton sec. Le serviteur recula immédiatement, visiblement effrayé, mais elle n'en avait cure. Elle n'avait pas le temps de se soucier de la peur des autres ; son esprit était trop occupé par le poison que distillait Aemond.
Shearazad traversa sa chambre comme une lionne enragée, son souffle court et son esprit bouillonnant d'idées vengeresses. Alors qu'elle continuait à faire les cent pas, son regard tomba sur un objet gisant au sol, juste à côté de l'endroit où la petite table qu'elle avait renversée s'était immobilisée. Un sourire, à la fois malicieux et calculateur, se dessina lentement sur ses lèvres.
Elle se pencha pour ramasser l'objet, un poignard orné. Son poignard, celui avec laquelle il l'avait menacé hier dans la nuit. Sa lame fine et aiguisée reflétant la lumière du jour qui s'infiltrait par les hautes fenêtres. Le métal froid dans sa main lui apporta une étrange sensation de contrôle. Si elle ne pouvait pas forcer Aemond à écouter, alors elle trouverait une autre façon de le manipuler. S'il y avait bien une chose qu'elle avait apprise au fil du temps, c'était que les Targaryen ne répondaient qu'à la force et aux défis.
Son plan commença à se former avec une clarté déroutante. Si elle ne pouvait pas aller vers Aemond, il faudrait le pousser à venir à elle. Elle devait lui donner une raison, une provocation si audacieuse qu'il ne pourrait l'ignorer.
Elle s'arma de détermination et sortit de ses appartements, serrant le poignard contre elle, le métal appuyant contre sa paume. Ses pas résonnèrent avec une intensité nouvelle dans les longs couloirs de pierre. Ceux qui la croisèrent s'écartèrent, certains baissant les yeux, d'autres chuchotant entre eux avec crainte et curiosité. Shearazad était une princesse, mais aujourd'hui, il n'y avait aucune trace de noblesse douce ou contenue en elle. Elle avançait avec l'assurance d'une guerrière prête à livrer bataille.
Elle se faufila à travers les galeries du château, évitant soigneusement les gardes qui patrouillaient. Elle savait exactement où elle devait aller, un endroit où elle pourrait planter les graines de sa provocation, juste sous le nez d'Aemond. Elle parvint à une petite cour intérieure, calme et désertée, un endroit qu'elle savait être souvent fréquenté par Aemond lors de ses moments de solitude.
Sans perdre une seconde, elle s'avança vers une grande colonne de pierre où étaient accrochées quelques bannières de la maison Targaryen. Le dragon tricéphale doré sur fond vert, symbole d'orgueil et de puissance, flottait doucement sous la brise. Shearazad sentit une vague de satisfaction parcourir son corps à la vue de cet emblème. C'était le moment.
D'un mouvement précis, elle planta le poignard dans le tissu épais de la bannière, en plein centre du dragon. Elle tourna la lame, déchirant le tissu d'un coup sec, le bruit de la soie déchirée résonnant dans la cour. Puis, avec une lenteur calculée, elle arracha la bannière du mur, la faisant tomber au sol dans un froissement méprisant. Elle planta ensuite la lame au milieu de l'emblème déchu, le poignard pénétrant la terre dure avec un bruit sourd.

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LOCKED || AEMOND TARGARYEN•
FanfictionL'enfance, avec ses rêves naïfs et ses ambitions démesurées, constitue souvent les moments les plus marquants de notre existence. Les visions d'un avenir radieux, les espoirs de grandir et de conquérir le monde, ainsi que les fantasmes de romance et...