Chapitre 2. « Si t'as des soucis, j'ai les mêmes aussi »

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Mon premier match s'était déroulé à la perfection. Moi qui ne pensait pas avoir beaucoup de temps de jeu en tant que nouvelle recrue, j'avais joué presque tout le match et marqué six buts. Nous avions mené le score pendant toute l'heure pour finir par gagner trente-sept à vingt-sept.

Alexis, qui pourtant voulait toujours me voir, n'était pas venu. Ça ne m'étonnait pas vraiment, nous n'étions pas grand chose l'un pour l'autre, nous couchions seulement ensemble. Mais ça m'énervait quand même : il était le premier à se plaindre de ne pas assez voir sa « copine » mais il ne faisait pourtant pas plus d'effort pour la voir. Par contre il m'embrouillait à ce propos à la première occasion, me reprochant de trop voir Raphaël et de ne pas lui accorder assez de temps.

Mon frère était présent, évidemment. Je n'en attendais pas moins de lui. J'aimais dire que je l'obligeais à venir et qu'en tant que frère jumeau il n'avait pas le choix, que c'était son devoir. Mais il était un grand fan de handball et je savais qu'il n'aurait raté mon premier match à Paris pour rien au monde.

Raphaël et moi avions commencé le hand ensemble à sept ans. Je ne m'étais jamais arrêté, j'avais alterné avec l'escalade pendant quelques années, gagnant un championnat de France chez les enfants. Lui avait complètement arrêté le hand pour se consacrer entièrement à l'escalade. Il était maintenant plusieurs fois champion de France et avait décroché quatre médailles de champion du monde à dix-sept, dix-huit, dix-neuf et vingt ans. Sa santé ne lui avait pas permis de continuer le hand et de devenir professionnel alors que c'était son rêve, mais elle ne lui avait pas enlevé l'escalade pour autant. Il continuait à gagner de multiples compétitions tout au long de l'année, et pourrait peut-être même aller aux prochains championnats mondiaux. J'étais vraiment très fière de lui.

C'est avec mon frère que je sortis du Palais des sports. Il était surexcité :

– T'as tout déchiré Mel, ton troisième but il était magnifique je sais pas d'où tu l'as sorti j'ai même pas vu la balle partir. T'es vraiment un génie ! Et t'as l'air d'avoir une bonne ailière de ton côté, je trouve que vous jouez plutôt bien ensemble même si ça fait peu de temps que vous vous connaissez !

– Ouais ouais, j'aime beaucoup cette équipe, on commence à bien se connaître tactiquement. Et ouais je sais que je suis trop forte, peut-être qu'un jour tu seras comme moi, il faut persévérer, répondis-je en jetant mes cheveux en arrière.

– Ah ouais d'accord bah si tu le prends comme ça c'est le dernier compliment que je te fais. Petite conne vas. Mémorise-le bien parce que c'était le dernier.

– Bah merde alors qu'est-ce que je vais faire sans tes compliments ? Je pense que je vais me laisser dépérir, j'ai plus le choix, dis-je d'un ton digne d'une pièce de théâtre tragique.

Nous nous regardâmes droit dans les yeux, tous les deux nous retenant de rire, attendant de voir lequel craquerait en premier. Nous pouffâmes tout les deux en même temps et j'entendis un cri de douleur sortir de la bouche de mon frère.

– Bah gros qu'est-ce qui t'arrive ? lançais-je en rigolant.

Je m'arrêtai tout de suite en voyant l'expression de son visage. Celle-ci n'avait rien de drôle du tout :

– Raph' ? Qu'est-ce que t'as ?

– Je... Putain de merde je crois que je viens de me péter une côte.

Il était maintenant plié en deux, le visage crispé par la douleur.

– La putain de sa mère ça fait un mal de chien !

Je compris immédiatement ce qui en était la cause et le forçai à se redresser, tout en caressant son dos.

– Ok Raph' faut qu'on aille aux urgences là, l'hôpital est pas loin tu crois que tu peux le faire à pied ? Sinon j'appelle une ambulance.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant