Chapitre 59. « Si mes parents voyaient, à quoi j'm'employais »

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– Allez Mika, je sais que tu peux le faire !

Au fond, je disais seulement ça pour l'encourager, car je doutais sérieusement que le nombre de joints que mon mec s'enfilait à longueur de journée ne l'aide à courir sans être essoufflé.

Nous étions partis depuis seulement vingt minutes de chez lui, en début d'après-midi, et courions depuis à peine dix minutes, et Deen était déjà épuisé. Pourtant il persistait, son égo étant plus fort que tout le reste.

– C'est... Facile pour toi... T'es née en courant... parvint-il à articuler.

– Ouais, enfin c'est surtout que moi je fumes qu'occasionnellement hein ! Je suis sûre qu'on peut faire une route tellement il y a de goudron dans tes poumons !

Deen souffla un grand coup et appuya sur son bassin avec sa main, puis son rythme de course ralentit petit à petit jusqu'à l'arrêt complet.

– Et bah il est beau le Deen Burbigo, me moquai-je. Et askip ça fait des dorseaux à La Villette.

Il m'agrippa par le cou pour m'attirer vivement contre lui avant de me mettre un coup de pied dans le derrière :

– P'tite conne, tu parleras quand t'auras autant de notoriété que moi, Madame j'ai-toujours-pas-été-resélectionnée-en-équipe-de-France.

Je m'écartai violemment de lui et le sondai, la bouche ouverte, surprise par tant d'insolence :

– C'était petit ça, très petit, dis-je en feignant un air vexé.

Il eut un sourire fier puis pris le temps de retrouver son souffle et s'élança de nouveau, moi à ses côtés.

Finalement il tenait bien : il ne s'était pas arrêté pendant vingt minutes et c'était quand même un effort conséquent pour un fumeur de la catégorie de Deen.

Nous nous arrêtâmes finalement lorsqu'il fut évident que ses poumons ne pouvaient pas supporter plus, et prîmes des boissons fraîches à emporter pour le chemin du retour.

– Au fait, Nek m'a dit que t'allais sur Dijon voir Hugo le weekend prochain, commença Deen. J'ai rien à faire, je peux venir avec toi si tu veux ?

Je souris à sa proposition ; ça me faisait plaisir. Nous étions déjà en juin et Hugo était hospitalisé depuis un mois. Je n'avais pas encore réussi à aller le voir et je m'en voulais énormément de le laisser seul.

– Ouais pourquoi pas, par contre j'aurais pas beaucoup de temps à t'accorder, le prévins-je.

– Je me doute, tu dois avoir la masse de trucs à faire en deux jours vu que t'es un reusta chez toi, rigola-t-il avant de redevenir sérieux : juste, je veux pas que tu sois toute seule pour aller le voir.

– Il y aura Raph et Bouhied, t'inquiètes.

– Ouais mais il faut quelqu'un qui te foute un coup de pied au cul pour te rappeler que c'est pas de ta faute, se justifia-t-il.

Je levai les yeux au ciel. Je savais que ce n'était pas de ma faute, j'avais réussi à l'intégrer pendant le weekend que nous avions passé chez mes arrière grand-parents.

Je mis mon gobelet de thé glacé vide à la poubelle avant de m'élancer pour sauter sur le dos de mon copain.

– Putain ! jura-t-il, pris de court, en essayant de rester en équilibre. Eh faudrait penser à manger, j'ai l'impression de porter une môme.

Je lui assénai une petite tape sur la tête :

– Au moins t'as aucune excuse pour pas me porter jusqu'à ton lit quand je m'endors sur le canapé.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant