Chapitre 81. « And I wanna fight, but I can't contend »

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– Putain Princesse t'as une sale gueule.

– On en parle de la tienne ?

Ken et moi étions affalés sur son canapé au chaud sous un plaid, tous les deux fiévreux. Nous arrivions à peine à nous concentrer sur notre film. Le rappeur avait la tête mollement posée sur mon épaule et j'avais posé mes jambes sur les siennes, sur lesquelles il traçait de petits cercles avec sa main.

– Je suis sûr que c'est le tipeu de la librairie qui nous a refilé sa merde, râla-t-il faiblement.

Quelques jours plus tôt, nous étions tous les deux partis en expédition dans une librairie comme bien souvent, et un petit garçon avait arrêté Ken pour lui serrer la main. Depuis, lui et moi étions malades comme des chiens.

– Ouais bah t'étais pas obligé de me le refiler aussi, grognai-je.

– C'était pour passer du temps avec ma reus avant la tournée, se défendit-il.

– Tu parles ! Tu penseras même pas à moi.

– Ouais c'est possible.

Je lui donnai un faible coup de coude et nous nous reconcentrâmes sur l'écran de la télé.

– On peut pas changer là ? se plaignit mon ami. Miskine Les Frères Scott, s'il te plait quoi !

– Ta gueule, c'est trop bien, c'est mon adolescence.

– J'arrive pas à croire que Raph t'ai laissé regarder ça.

– Gneu gneu gneu, je m'appelle Nekfeu et je suis un gros con, me moquai-je.

– C'est déjà mieux que d'être une petite meuf.

Une querelle d'une dizaine de minutes s'en suivit puis nous continuâmes notre série.

– Attends mais c'est le daron de qui lui ? Du blond ou du brun ?

Je soupirai, agacée d'avoir été interrompue une nouvelle fois dans mon visionnage :

– Les deux. Il a mis la daronne de Lucas en cloque et après il s'est mis avec celle de Nathan. Franchement y'a rien de compliqué, il faut te servir de tes neurones de temps en temps, ça te ferait pas de mal.

– Putain ce que tu me saoules, j'ai hâte de me barrer en tournée et de plus voir ta gueule !

– Ouais bah moi aussi. Mais t'inquiètes, il nous reste que quelques jours à attendre.

Avant qu'il ne puisse répliquer, la porte d'entrée s'ouvrit sur Alice, un masque de médecin sur le visage et des sacs de course dans les mains :

– Je n'fais que passer, je range ça et je me casse avant d'attraper le choléra !

Ken et moi éclatâmes de rire alors que ma petite sœur disparaissait dans la cuisine.

– Laisses Lissa, je vais ranger, s'exclama Ken.

La petite tête de la jeune femme apparut dans l'entrebâillement de la porte, son corps caché par le mur, et j'éclatai de nouveau de rire.

– Vous deux vous touchez à rien, c'est des trucs pour ce soir, Moh a dit qu'il y avait soirée ici. Tout ce que vous touchez je le désinfecte ou je le jette.

Sur ces mots, elle disparut de nouveau, nous laissant morts de rire dans le canapé.

Quelques minutes plus tard, elle réapparut avec son masque, et nous fit un salut militaire :

– À ce soir, si vous êtes encore en vie ! Puissions nous nous revoir un jour.

Elle remit son sac à dos sur ses épaules, et ferma la porte d'entrée derrière elle.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant