Chapitre 1. « Hey brother ! There's an endless road to rediscover »

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10 Septembre 2013


Il était 20h et je venais de sortir de l'entraînement. Nous allions jouer notre premier match dans trois jours et je ne pouvais plus attendre.

Mon intégration dans ma nouvelle équipe s'était plutôt bien faite. Humainement, les filles me traitaient déjà comme si nous nous connaissions depuis des années. Il fallait juste que nous apprenions à nous connaître au niveau du jeu.

Je n'étais pas la seule nouvelle arrivante, trois autres joueuses faisaient leur arrivée depuis d'autres équipes et deux filles sortaient du centre de formation d'Issy Paris. Je m'étais d'ailleurs vite rapprochée de Stine, une norvégienne du même âge que moi. J'avais l'avantage de parler couramment anglais, ce qui nous permettait de communiquer facilement, et j'avais tout de suite pris l'initiative de l'aider à travailler son français en échange de quelque leçons de norvégien.

Les jours raccourcissaient de plus en plus. Le soleil était presque couché et je songeai qu'il n'était qu'une question de temps avant que je regrette ces moments où je pouvais sortir du Palais des Sports en admirant la petite lueur décliner derrière les bâtiments.

Je me dirigeai vers le RER pour rentrer chez moi, bas de survêtement et veste à l'effigie de ma nouvelle équipe sur le dos, mes écouteurs dans les oreilles et le sac de sport à l'épaule. Plus que quarante minutes de trajet et je pourrai profiter d'une bonne nuit de sommeil bien méritée.

J'étais joueuse de handball professionnelle, depuis trois ans en première division. Mais en parallèle il me fallait assurer mon après-carrière et je devais au moins décrocher une licence. J'avais bien pensé à faire un BTS mais le parcours universitaire était plus souple et s'adaptait mieux à ma carrière. Je pouvais diviser une année de licence pour l'effectuer sur deux années, ce qui me permettait de combiner la fac, les entraînements, les séances d'entretient musculaire et les matchs.

Voilà pourquoi tous les jours je faisais une heure trente de trajet, alternant entre la fac et le sport. La RATP me devait au moins soixante pour cent de ses bénéfices.

Tout en continuant à marcher, je me rappelai que je n'avais que deux heures de cours le lendemain matin, à 10h, et que je pouvais me permettre de ne pas rentrer ce soir. Cette idée en tête, je pris mon téléphone et appelai mon frère :

– Salut la moche ! s'exclama-t-il à peine le téléphone décroché, me réduisant par la même occasion l'ouïe de trente pour cent.

– Wesh le gueux ! Comment ça va ?

– Ça allait avant que t'appelle, parce que je te vois venir, je sais que t'as un truc à me demander... Qu'est-ce que tu me veux encore ?

– Oh rien, j'avais juste envie d'entendre ta voix mon Raphy, tu m'as manqué tu sais ?

– Bon accouches j'ai pas ton temps là ! l'entendis-je s'impatienter.

Se pousser mutuellement à bout était l'un de nos hobbies favoris.

– N'importe quoi, genre t'as quelque chose à faire, je sais que je suis ta seule raison de vivre ! Bref, je me demandais si je pouvais dormir chez toi ce soir ? Je viens de sortir de l'entraînement et je me suis dit qu'on pourrait se faire une petite soirée comme à l'époque ?

– Putain cette vieille que t'es ! « À l'époque » c'était y'a genre deux mois à tout péter.

– Ouais bah c'est beaucoup trop.

Raphaël et moi étions fusionnels depuis notre naissance. Nous avions passé neuf mois enfermés ensemble avant de naître et les quelques tentatives de nous séparer étant petits avaient toujours échoué. Tout cela était encore valable aujourd'hui puisqu'il m'avait suivi à Paris pour réduire la distance entre nous.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant