– Allez je suis sûr que vous rentrez, vous êtes minuscule !
Je levai la tête et jetai un regard meurtrier à Hugo.
Nous venions de quitter le self et étions debout devant nos casiers du collège. Les casiers étaient des petits carré ne mesurant pas plus d'un mètre sur un mètre et nos amis insistaient pour qu'Ali et moi nous accroupissions dans un casier chacun, afin de voir si on rentrait. J'avoue que j'étais curieuse de savoir si je tenais dedans aussi. Mais Ali n'était pas motivé.
– Oh allez Camara, je serai juste à côté et ils oseraient pas nous laisser tout l'aprèm' dedans. Hein ? finis-je avec agressivité en me retournant vers Tarek en particulier.
Ali se tourna vers nos trois amis et les toisa tous du haut de son mètre cinquante :
– J'ai juré si vous nous enfermez je vous ouvre le crâne. Bouhied fais pas le malin, ça va mal finir.
Nos amis étouffèrent un rire. Nous savions tous qu'Ali était hargneux et qu'il pouvait les battre tous les trois à plate couture s'il le voulait, mais nous savions aussi qu'il n'oserait jamais cogner ses frères.
C'est donc quelques minutes plus tard qu'Ali et moi tentâmes de rentrer dans nos casiers respectifs. Et ce fut concluant, nous tenions vraiment. Nos amis refermèrent la porte pour vérifier, et ce fut encore une fois un succès.
Mais en seulement quelques secondes, les choses se compliquèrent. Recroquevillée dans le noir, j'entendis une troisième voix, plus adulte :
– Bon les gars ça fait cinq minutes que vous êtes censé être en cours là.
C'était Val', un pion. Il avait l'habitude de nos conneries et s'adressaient toujours à nous avec un ton blasé.
– Allez là on se bouge !
– Ouais ouais, on récupère juste nos sacs dans nos casiers.
Putain mais Bouhied t'as vraiment zéro de Q.I, pestai-je intérieurement. Les trois avaient leur sac sur le dos.
– C'est ça fous-toi de ma gueule, allez bougez là !
J'entendis mon frère murmurer un « on fait quoi ? » et la voix d'Hugo, proche de mon casier murmurer un « on revient vous chercher après ».
Bah non en fait, on s'en fout de se faire engueuler, on veut sortir nous ! Mais ils étaient visiblement déjà partis.
– Eh ! Ils sont où les deux autres Dalton ? cria Val' dans la direction opposée de celle où on se trouvait.
Nos potes devaient être en train de sortir du hall.
Val', fan de l'univers de Lucky Luke, nous avait tous baptisés dès notre entrée en sixième : Ali était Joe parce qu'intelligent et hargneux ; Tarek était Averell, parce que je mettais un point d'honneur à dire que c'était le plus bête ; Raphaël était Jack, parce qu'il était la force tranquille ; Hugo était William, parce que plus intelligent que Tarek mais moins que Raph ; et moi j'étais Ma Dalton, leur daronne.
Val' affichait toujours un air blasé quand il avait affaire à nous mais je le soupçonnais de nous idolâtrer secrètement.
Au final, nos amis n'étaient pas revenu. Par chance, nous ne finissions qu'à quinze heure donc nous n'avions qu'une heure à attendre accroupis dans le noir.
J'avais entendu Ali pester dans le casier voisin pendant les vingt premières minutes, puis nous avions rigolé sur la façon dont nous allions défoncer nos amis.
Cet après-midi avait été la source de la phrase affectueuse qu'Ali et moi nous disions souvent pour rigoler : « Il n'y a personne d'autre avec qui j'aimerais être coincé dans un casier dans le noir un jeudi après-midi ».
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Jim Morrison
FanfictionÀ la base, j'avais pas envie de me retrouver à Paris. Mais bon, j'allais pas cracher sur l'opportunité. Je laissais presque toute ma vie derrière moi, mais je me doutais pas qu'il suffise d'une côte fêlée et d'une cheville cassée pour me trouver une...