Chapitre 3. « Witchy woman, she got the moon in her eye »

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On avait passé la journée en studio pour enregistrer différents morceaux pour les projets persos de plusieurs gars de L'entourage. Passer la journée entre pote à rapper, bouffer et glousser, j'avais vraiment le meilleur job. On avait aussi prévu un album en commun. Il allait vraiment être différent des autres, différents de nos projets persos. Il fallait juste qu'on trie les titres qu'on allait garder dans l'album, parce qu'on en avait une trentaine et il fallait vraiment faire un choix. Dans tous les cas, il allait en envoyer, c'était sûr. Et même si c'était pas le cas, un accomplissement entre frères, ça valait tout l'or du monde.

Puis ce débile de 2zer avait foutu un coup de pied dans une canette et s'était retourné la cheville. Me demandez pas comment, j'ai toujours pas compris. Ce qui était sûr c'est qu'elle était pas seulement foulée, les gars et moi on avait bien tous entendu un *crak*, et la tête de notre pote avait pas vraiment laissé place au doute.

C'était donc humblement que Nek et moi on s'était proposé de l'accompagner à l'hosto. Enfin on avait surtout pas eu le choix. Il restait que nous et Fram', et il avait prévu de voir son plan cul. J'avais sacrifié le mien au profit d'une bonne nuit à l'hôpital entre potes. Quel con. À cette heure-là j'aurais peut-être déjà tiré mon coup.

C'est donc comme ça qu'à 1h du mat' je me retrouvais aux urgences avec ce putain de boulet encore défoncé.

On s'était installé en salle d'attente, tout en continuant d'insulter 2zer pour sa connerie, totalement conscient du fait qu'on serait pas sortis de là avant 4 ou 5h du mat'.

On était assis à côté d'un gars au bras visiblement cassé et en face d'une meuf en bas de survêtement et en veste de sport, avec un gros sac de sport noir à ses pieds.

J'avais été que quelques fois aux urgences quand j'étais tipeu et encore j'en avais aucun souvenir. Mais j'aimais pas vraiment l'endroit. L'attente j'avais du mal déjà. Et puis tous ces gens angoissés et souffrants ça me mettait mal à l'aise.

J'avais rien à faire et mon regard se posa rapidement sur la meuf assise en face de moi. Elle avait l'air en panique, sa jambe tremblait nerveusement. Je me surpris à la trouver jolie malgré ses traits crispés et sa tenue sportive. Je me doutais que c'était pas par choix esthétique. Elle était pas épaisse et je me demandais si elle était le genre de meuf à faire belek à son alimentation et faisait du sport plus pour éviter de prendre de poids que par plaisir.

Elle avait des cheveux châtains remontés en un chignon visiblement fait à la va-vite, et son visage était assez enfantin. Elle devait pas avoir plus de vingt piges. Je crois qu'elle avait les yeux marrons mais ils étaient caché derrière des lunettes de vue ronde donc j'arrivais pas trop à savoir. Elle avait vraiment peu de formes ou alors elles étaient bien cachées par son survêt.

Une gamine quoi. Loin d'être le genre de meuf qui m'attire l'œil et que j'aime mettre dans mon lit.

Ça me fit penser à Eva, la latina que j'étais censé retrouver ce soir. En pensant à ses lèvres pulpeuses, sa poitrine abondante et ses fesses à la Kim K, je maudis encore une fois mon pote pour la nuit de rêve que j'étais en train de rater.

Une canette. Une putain de canette.

La gamine devait pas être française. Elle avait parlé en anglais au téléphone pendant dix minutes. Je crois que j'avais reconnu un accent ricain mais j'étais pas sûr. En tout cas ça devait être son mec, j'avais pas compris grand chose de la discussion à par sa dernière phrase. J'étais pas bilingue mais c'était clairement un « Je t'aime aussi ».

À un moment elle avait soupiré, l'air soulagée, et était restée là quelques minutes, les yeux dans le vide. Je voyais qu'elle se retenait de golri à nos conneries. Mais j'avais aussi l'impression qu'elle luttait contre l'envie de tout péter. 

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant