Chapitre 75. « Il y a autant de vérités que de gens pour la contempler »

2.9K 169 77
                                    

Je marchai dans la rue en compagnie de mes quatre amis, accrochée au bras de mon frère, en silence.

Lorsque je leur avais annoncé que je comptais finir la soirée, ils m'avaient rejoint sans parler.

Ma colère avait laissé place à une profonde lassitude. Mon choc à la tête m'avait fatiguée d'un coup et je n'avais plus vraiment la force de tenir tête aux abrutis qui me servaient d'amis.

Arrivés en bas de son bâtiment, Deen me retint par le poignet, laissant nos amis nous passer devant, et je levai la tête vers lui à contrecœur.

Il posa sa paume sur ma joue et je fermai les yeux pour ne plus voir le souci que je lisais dans les siens.

– Ça va ? me demanda-t-il doucement.

– T'inquiètes.

– Tu veux pas qu'on aille voir un médecin ? T'as peut-être un truc à la tête.

– T'inquiètes.

– Mel...

– C'est bon, t'inquiètes, soufflai-je finalement. Je vais bien, tu vas bien, je suis juste blasée mais si tu continues à m'en parler je vais m'énerver, donc évites.

Il esquissa un léger sourire.

– Pour ce que je t'ai dit avant... continua-t-il avec hésitation.

Ces fameux mots qui m'avaient tant retournée.

– Ouais, c'était sur le coup de la colère, t'inquiètes je comprends.

– Ouais. Fin', nan ! Fin'...

Il marqua une pause et regarda dans le vide derrière moi comme s'il pouvait y trouver de l'aide :

– Je le pensais vraiment mais je pensais pas le sortir quoi.

J'écarquillai les yeux. Je m'étais doutée qu'il était sûrement attaché à moi mais je n'avais pas pensé que nous en étions déjà là.

– Tu t'attendais à quoi espèce de cruche ? souffla-t-il en voyant ma surprise. Je pense que mon monologue de canard à la villa c'était assez explicite nan ? Je comptais pas en dire plus après ça, c'est juste toi tu m'as vénère à croire que tu méritais pas qu'on te défende là.

On y revenait.

– C'est bon, c'est bon, j'en parle plus, ricana Deen en voyant probablement mes traits se tendre légèrement.

J'avais envie de lui dire que je l'aimais beaucoup aussi. J'aurais aimé pouvoir le lui dire. Mais j'avais tellement peur. La dernière fois que je m'étais rendu compte que je l'aimais j'avais dû tout arrêter entre nous parce que ça n'était pas réciproque. Et si ça ne l'était toujours pas ? S'il pensait m'aimer à cause de l'adrénaline mais qu'au fond il se trompait ?

– Arrêtes de cogiter, t'as rien à me dire en retour, dit finalement le rappeur. Je te l'aurais pas dit si tu m'avais pas vénère, te prends pas la tête.

Je me sentis soulagée qu'il ne soit pas vexé par mon silence. Pourtant il méritait tellement que je lui dise ces trois mots. Mais je pouvais toujours le lui montrer.

Je m'approchai de lui et posai délicatement mes mains sur les lignes de sa mâchoire avant de relever la tête pour l'embrasser. L'une de ses mains vint se poser sur ma joue alors que l'autre était plaqué dans le creux de mes reins, me tenant fermement contre lui. Nos langues ne tardèrent pas à se rencontrer, puis Deen mit fin à notre échange et je me blottis contre lui.

– Allez viens, on va mettre ton paquet de surgelé favoris sur ta teuté, dit-il finalement.

– Petits pois ?

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant