Chapitre 37. « Hey, I'm gonna get you too, another bites the dust »

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Alors que nous venions à peine de nous installer devant une série sous un plaid, le téléphone de Deen vibra.

– C'est Nek, dit-il. Soirée chez lui. On décale ?

J'acquiesçai et remis le reste de mes vêtements éparpillés par terre.

Ken nous avait quitté il y avait de ça seulement trois heures et nous allions déjà le revoir ; c'était fou à quel point je ne pouvais pas passer quelques heures sans cette bande de rappeurs idiots.

Nous nous dirigeâmes vers le RER, son bras posé sur mon épaule, habitude qu'il avait pris et qui ne me dérangeait plus du tout. Qu'est-ce qu'il faisait froid !

« Oui c'est normal, c'est l'hiver Maëlle, bien joué », songeai-je. « T'avais qu'à mettre un manteau au lieu de sortir avec juste une veste en cuir espèce de connasse ».

Sur le quai, voyant probablement que je me gelais les miches, Deen m'attira contre lui et frotta mon dos. Je me blottis contre son torse, mes mains serrées à l'intérieur de mes manches posées sur sa poitrine.

Depuis quelques temps nous nous rapprochions lentement, ça ne m'avait pas échappé. Ça n'avait d'ailleurs probablement échappé à personne : de simples inconnus nous étions passé à amis, puis à amis proches, à amis avec ambiguïté, à amis avec avantages, pour finir par amis avec avantages et exclusivité.

Je devais avouer que ça me faisait un peu flipper. Mes sentiments à l'égard de Deen étaient totalement flous et j'évitai d'y penser un maximum.

– Merde, jura mon ami, brisant le silence qui nous entourait.

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– J'ai oublié mon bigo, faut qu'on retourne le chercher.

– Oh nan c'est bon j'ai la flemme, vas-y tout seul je t'attends !

Il chercha encore dans ses poches et sa sacoche histoire d'être sûr.

– Ou pas d'ailleurs, continuai-je. Je me caille le cul, si y'a une rame qui se pointe je la prends.

Il me lança un regard accusateur, tel un daron.

– C'est bon je restes là, allez bouges.

Alors qu'il s'éloignait en marchant, je lui criai :

– Et t'as intérêt à courir hein, en plus ça te ferait du bien !

Il m'adressa un doigt d'honneur, pressa le pas, et je vis son bonnet rouge disparaître au coin d'un mur.

Bon bah voilà, je n'avais plus qu'à attendre. Il avait intérêt à se dépêcher parce que si on loupait un train il allait m'entendre !

Sur le quai, seule une fille attendait, à quelques mètres de moi. C'était une petite noire aux cheveux noirs bouclés magnifiques. Elle était fine avec une silhouette élancée sous une doudoune noire en velours côtelé, un jean noir et des Vans bleues marine. Elle portait une petite sacoche et je ne lui donnais pas plus de dix-sept ans. Elle était toute mignonne et avait l'air d'avoir aussi froid que moi.

Je contemplai mes environs, histoire de m'occuper en attendant mon ami, mais il n'y avait rien de bien reluisant : des rails, des bancs sales, des murs blancs et des lumières cassées.

Ce con s'était forcément arrêté pour faire autre chose, ou alors il était sacrément lent, parce que son appartement était à à peine cinq minutes de marche.

La patience Maëlle, la patience. Il fallait vraiment que je songe à travailler cette facette de ma personnalité.

– Donnes ton phone !

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant