Chapitre 108. « Don't need money, don't take fame »

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Ça faisait maintenant une semaine que Maëlle était sortie de l'hôpital. Elle avait intégré un centre de convalescence à côté de l'hosto. 

Moi, je squattais chez ses darons parce que j'arrivais pas encore à quitter Dijon : j'allais la voir tous les jours et le reste du temps je jouais la babysitter ou je taffais mon album à distance. Je savais que cette situation pouvait pas durer, mais je retardais le plus possible mon retour à Paname loin de ma meuf.

En ce moment, tous les jours je me disais que même si mon album marchait pas, que je me retrouvais sans un sous en poche, et que j'étais le membre le moins connu de L'Entourage, c'était franchement pas le pire qui pouvait m'arriver.

Parce que mine de rien, elle m'avait quand même traumatisé. J'évitais de lui montrer et de trop faire le canard, mais putain j'avais trop du mal à pas l'avoir sous les yeux. Surtout qu'elle était ingérable.

En même temps fallait se douter que mettre une hyperactive en fauteuil roulant et sous un traitement assez lourd dans un centre de convalescence, ça allait jamais faire bon ménage. Mais bon, c'était elle qui avait insisté pour pas rester chez son daron parce qu'elle voulait pas l'emmerder. Et je savais que c'était aussi un moyen pour elle de se cacher quand elle avait mal.

Je débarquai donc comme tous les jours en milieu d'aprèm, écouteurs dans les oreilles, et saluai gentiment les infirmiers et médecins que je croisais sur ma route. À force ils me connaissaient.

– Yo ma grosse, gueulai-je en débarquant dans sa chambre.

– Ah enfin putain !

Ce fut pas la voix de Maëlle qui me répondit, mais celle de Tarek. Celui-ci se dépêcha de se lever du lit sur lequel ils avaient eu l'air de regarder une série, prit son sac à dos et vint me checker :

– Elle est horrible aujourd'hui. Un monstre. Littéralement. Elle m'a fait regarder Kuzco. Encore. Alors bon courage gros, moi j'me taille.

Sur ces mots, le kabyle fuit hors de la chambre alors que Maëlle gueulait :

– Je t'ai entendu espèce de gros con !

Les cheveux attachés dans un chignon rapide, ses lunettes rondes sur le nez, habillée avec un sweat à moi et un jogging de l'équipe de France, je me disais que je devais être bien amoureux d'elle pour encore l'aimer alors qu'elle ressemblait à rien.

La grosse tête de Tarek refit son apparition dans l'encadrement de la porte :

– Moi aussi j't'aime !

– Dégage putain, j'veux plus voir ta gueule.

Tarek se marra puis s'éclipsa, tandis que je restai au milieu de la pièce, l'air méfiant. Je savais que j'allais potentiellement m'en prendre plein la gueule pour aucune raison.

– Me regarde pas comme ça toi !

Je me marrai en voyant son humeur tout à fait relative, et en constatant son accueil digne des deux premières fois où on s'était parlé :

– Toujours aussi commode, ça fait plaisir, lançai-je en m'approchant du lit avant de la checker et de l'embrasser.

Je sentis son sourire s'étirer tandis que nos lèvres jouaient ensemble. Depuis qu'elle s'était réveillée, j'avais remarqué que je savourais inconsciemment chacun de nos baisers alors que je l'avais jamais vraiment fait avant.

Je me détachai finalement d'elle alors qu'on était à deux doigts d'aller plus loin, avec la même intensité que d'habitude ; avec ses plâtres et ses côtes encore meurtries, il était hors de question que je lui fasse mal. Mais on trouvait des alternatives.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant