Je m'étais réveillée le lendemain matin, seule dans mon lit. J'avais entendu Deen partir quelques heures auparavant et j'en étais soulagée. Je ne tenais pas à me réveiller à ses côtés, je ne voulais pas qu'il me voit aussi mal et je n'étais clairement pas dans le bon état d'esprit pour une confrontation.
J'étais encore allongée et j'avais l'impression d'étouffer. Je n'avais jamais été dans un tel état avant.
Mais il ne me fallut que quelques minutes pour me ressaisir et me lever, pleine de détermination. Il fallait que je bouge sinon j'allais péter un câble. Nous étions samedi, et j'avais toute la journée pour moi.
Je n'enlevai même pas le mode avion de mon téléphone, n'ayant envie de parler à personne, puis pris un petit-déjeuner rapide, enfilai un legging, un T-Shirt, un sweat et mes baskets, et partis courir, ma musique dans les oreilles.
Le froid de l'hiver me prit immédiatement au visage, et l'air frais qui brûlait ma gorge ne me dérangea pas une seule seconde tellement j'avais besoin de me dépasser.
Lorsque j'allais mal et que j'allais courir, je battais tous les records. Et c'est ce qui se passa : je courus le plus vite possible, pleine de haine et de frustration, sans m'arrêter une seule seconde, et ce pendant deux heures. Je n'avais pas vu le temps passer, je m'étais seulement arrêtée lorsque mes jambes avaient décidé d'abandonner la partie.
Je me sentais beaucoup mieux, j'étais libérée. Je n'avais pas oublié les événement de la veille mais tous les sentiments parasites qui m'avaient envahis avaient maintenant disparu. J'étais légère, joyeuse, de nouveau moi-même.
J'avais couru sans regarder où j'allais et j'essayais de me repérer. J'allais forcément retrouver mon chemin, je n'étais pas si conne. De toute façon j'avais un peu faim. J'avais toujours de l'argent sur moi, et je décidai de m'arrêter dans un kebab pour prendre un grec à emporter.
Je n'avais aucune idée d'où j'étais mais je m'en foutais. Je me dirigeai vers un quai des bords de Seine et m'y installai pour manger en regardant les bateaux mouche passer, en écoutant ma musique sous les faibles rayons du soleil.
Je ne pensais plus à rien et ça faisait un bien fou. Je n'utilisais que mes yeux et mes oreilles, mon cerveau était en mode off et je n'avais même pas eu besoin d'utiliser ma boîte de pète d'urgence.
J'étais bien ici, seule. C'était comme si le reste du monde n'existait pas.
Mais celui-ci se rappela à moi sous la forme d'une petite mamie qui s'installa à côté de moi. J'enlevai mes écouteurs et lui souris.
– Après l'effort de réconfort ? me demanda-t-elle en regardant la boîte jaune de mon repas.
Je lui souris de plus belle. Elle était toute mignonne. C'était la mamie typique, des cheveux blancs courts et ondulés, des vêtements qui avaient sûrement vécu la Grande Guerre, et des lunettes de vues dorées.
– Vous avez l'habitude de venir ici ? lui demandai-je plus par politesse qu'autre chose.
– Oui, j'avais l'habitude d'y venir avec mes enfants lorsqu'ils étaient petits. Maintenant j'y viens avec mes petits-enfants quand ils sont chez nous mais c'est pas encore les vacances, m'expliqua-t-elle.
– Ma famille me manque aussi. C'est d'autant plus dur après Noël hein ?
Elle m'interrogea du regard et je lui expliquai que je vivais loin de ma famille.
Nous discutâmes pendant plus de deux heures, marchant parfois, ou nous asseyant sur des bancs lorsque ses jambes avaient du mal à la porter.
Elle s'appelait Michelle et elle avait vécu toute sa vie à Paris. Elle était en retraite depuis quelques années et avait travaillé toute sa vie en tant qu'institutrice dans une école primaire. Elle avait quatre enfants, trois garçons et une fille, et dix petits-enfants. Son mari était mort six ans auparavant d'un cancer des poumons.
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Jim Morrison
FanfictionÀ la base, j'avais pas envie de me retrouver à Paris. Mais bon, j'allais pas cracher sur l'opportunité. Je laissais presque toute ma vie derrière moi, mais je me doutais pas qu'il suffise d'une côte fêlée et d'une cheville cassée pour me trouver une...