Chapitre 132. « I've traveled all this way for something »

2.8K 169 209
                                    

17 décembre 2017



On y était, c'était le grand jour.

Après plus de deux semaines de compétitions, les filles de l'équipe de France étaient en finale du championnat du monde. Face à elles, la Norvège de Stine, tenante du titres et trois fois championne du monde.

Dans le public, des étendues de rouge pour la Norvège, de très nombreux drapeaux aux couleurs de l'Allemagne où avaient lieu le championnat, mais aussi  beaucoup plus de blanc et de bleu que je l'aurais cru. Les filles avaient des bêtes de supporters qui n'avaient rien lâché de toute la compétition.

Près du terrain, il y avait probablement Tyler, Fanny, Sohel, Raph, Tarek et Hugo.

Dans le salon de Ken, tous nos potes, quelques bières, sodas, et bols de chips sur la table basse, des maillots de l'équipe de France et de l'équipe de Norvège - Alice et Julia ne voulaient pas prendre partit mais on savait très bien qu'elles allaient acclamer la France -, le petit de Doums qui tentait tant bien que mal de se déplacer dans le dédale de jambes autour de la télé, un brouhaha de rire et de cris, bref, une ambiance comme je les aimais.

Ça avait surpris personne mais après son accouchement, Maëlle et sa détermination hors paire avaient réussi à se remettre en forme à temps pour les championnats. 

Bon, je disais ça, mais en vrai ça avait pas été gagné. 

L'accouchement s'était pas super bien déroulé, et j'avais cru perdre ma meuf et notre môme pour toujours. Il fallait croire que Maëlle avait pas repris assez de poids après la sortie du coma de Raph. 

J'avais rarement autant flippé de ma vie. Maëlle, à bout de force, avait tourné de l'œil plusieurs fois, puis on l'avait emmené en salle d'opération, et je m'étais retrouvé comme un con à pas savoir ce qu'il se passait, pensant que j'allais jamais la revoir. Pas terrible comme première expérience en tant que daron.

Au final, ils lui avaient fait une césarienne, j'avais pu la soutenir pendant l'opération et rencontrer mon bébé presque immédiatement puis fondre en larme comme le gros fragile que j'étais devenu juste à côté de Maëlle. Elle non plus elle en avait pas mené large d'ailleurs quand je lui avais montré notre bébé.

On avait choisit le prénom à la dernière minute, un prénom auquel on avait même pas pensé avant et qui pourtant sonnait comme une évidence.

Épuisée les premières heures, elle avait pas mis longtemps à reprendre du poil de la bête et maintenant tout allait mieux. Au hand, elle avait retrouvé une forme olympique et notre bébé se portait très bien. Depuis j'avais un peu tendance à le couver parce que j'avais énormément flippé ; il fallait vraiment que je me reprenne parce qu'en grandissant, les gosses surprotégés étaient les pires.

En tout cas, je l'aimais déjà comme un malade, et je comprenais maintenant ce qu'avait ressenti Tarek et pourquoi, malgré le fait qu'il soit archi pas prêt pour être daron, il avait pas abandonné Elyas.

Ça faisait que trois semaines que j'étais père, mais je me sentais déjà beaucoup plus mature qu'avant. Maëlle et moi on buvait quasiment plus, je bédavais plus autant qu'avant et j'avais comme but d'arrêter totalement sur le long terme. En fait, je voulais être en bonne santé pour notre gosse. J'avais plus le droit d'être égoïste et de penser qu'à moi et à mon cercle proche. Tout ce que je faisais maintenant, même ce que je me faisais à moi-même, c'était pour mon bébé. Et ça me dérangeait même pas, au contraire, je sentais que ça me rendait meilleur. Et je kiffais le nouveau moi.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant