Chapitre 95. « J'irai jusqu'au bout pour rendre les miens fiers »

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Je me suis rendu compte que j'étais vraiment devenu un putain de canard le jour où j'avais décidé de faire une surprise à ma meuf en prenant un avion en direction du Danemark pour la surprendre pendant son mondial.

Bon, j'avais quand même rameuté avec moi Eff et Jazzy, histoire de pas trop faire fragile, et même si Ivan clamait haut et fort que le hand ça le faisait chier, je savais qu'il kiffait voir jouer Maëlle.

Voilà pourquoi on se retrouvait tous les trois dans un bled nommé Kolding en plein mois de décembre. La con de sa tante, on se pelait les couilles, elles avaient intérêt à le gagner ce putain de mondial.

On passa notre premier jour à fureter dans les rues de la ville, même s'il y avait pas grand chose à y faire, et on assista au premier match de la France le 5 décembre, sans rien dire à Maëlle.

Pas besoin de préciser que ma meuf avait brillé durant ce match, c'était une évidence. Les françaises avaient foutu un 30-20 à l'Allemagne et Maëlle avait marqué six buts. Avec les gars on était comme des ouf. Elle nous avait un peu fait flipper à un moment quand une défenseuse lui avait foutu un coup d'avant-bras accidentel dans la gorge et qu'elle s'était retrouvée étendue par terre pendant quelques minutes, mais elle s'était rapidement relevé et avait continué son match comme si de rien n'était. C'étaient des monstres ces meufs.

On aurait voulu voir le match de la Norvège de Stine aussi, mais les deux filles étaient pas dans la même poule et Stine jouaient une heure après à 300 kilomètres. Tendu. Mais elle était pas conne, elle savait qu'on la kiffait de ouf, donc elle serait pas vexée. Et puis on l'avait quand même appelé pour l'encourager. Apparemment c'était un match à oublier puisqu'elles s'étaient fait battre par la Russie d'entrée.

Les gars et moi on alla manger avant de retrouver notre handballeuse préférée, puisque de toute façon elle devait probablement débriefer avec son entraîneur et retourner à l'hôtel.

On attendit même jusqu'au lendemain matin pour lui faire la surprise, et lorsqu'elle nous vit, ses yeux s'écarquillèrent et un sourire immense prit place sur son visage. Putain, dommage qu'on soit pas que tous les deux parce que rien que de la voir comme ça, ça me donnait des idées.

Elle couru dans notre direction avant de nous checker un à un ; je me vexais pas, j'avais toujours autant de mal avec les démonstrations en public et de toute façon, son regard mentait pas.

– Putain j'arrive pas à croire que vous soyez là !

– T'as vu tout ce qu'on fait pour toi ? s'exclama Eff. J'espère que tu retiendras que c'est nous qui sommes là et pas ton S-Crew de merde là.

Maëlle eut un éclat de rire et je me promis d'entendre ce son si joyeux toute ma vie. 

Putain, ça me réussissait pas d'être loin d'elle, pourtant je l'avais pas vu depuis une semaine grand max.

– La seule différence c'est juste qu'ils sont en tournée et que vous, vous galérez à sortir vos projets.

Aïe. Coup dur pour le Cheff. Mais c'était si vrai. Pour lui comme pour moi.

– C'est pas le cas de tout le monde, railla fièrement Jazzy.

La handballeuse écarquilla les yeux, comme si elle avait eu une révélation :

– Putain mais oui, tu le sors bientôt ton album !

Puis sur un ton que je savais ma meuf voulait attendrissant, elle rajouta tout en faisant ses yeux de chien battu :

– Tu pourrais me passer les morceaux que t'as terminé dis ? Pour me motiver pour mes matchs...

Je voyais que l'argentin résistait, et il lui céda pas, mais je savais aussi que dans les jours qui allaient venir, il allait forcément craquer. Personne lui résistait à cette saloperie, personne.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant