Je me rappelais mot pour mot de la conversation qui avait commencé à nous faire tous les deux douté sur notre couple. Alors que Deen et moi étions ensemble depuis près de sept ans en comptant les quelques coupures (oui, sept ans, ça me paraissait irréel), il avait suffit d'une discussion – plutôt calme et posée qui plus est – pour provoquer notre rupture. Comme une simple idée dans Inception, une fois nos vies telles qu'elles étaient avant que nous soyions parents mentionnées, il avait été impossible de nous ôter de la tête que nous étions peut-être allé trop vite en besogne.
Je m'en souvenais comme si c'était hier.
Il était environ vingt-deux heures, les garçons étaient couchés depuis longtemps, et Deen et moi avions décidé de nous faire une petite soirée à deux : un dîner sur le canapé autour de deux kebabs avaient succédé à un apéritif où l'alcool avait peut-être trop coulé puis, joyeux mais pas bourrés, nous nous étions chamaillés en tentant de maîtriser nos rires pour ne pas réveiller nos deux nuggets, avant de finir allongés sur notre lit. C'est une fois là-bas que nous avions décidé de nous rouler un bédo, et que Deen avait commencé à parler du passé :
– La première fois que je t'ai vu je pensais que t'étais mineure, avait-il simplement lancé sans aucun contexte en rigolant.
Je m'étais redressée sur un coude pour avoir une meilleure vue sur son visage aux expressions joyeuses, ma bouche dans un -o presque parfait, seulement déformé par une esquisse de sourire :
– Tu me l'avais jamais dit ! avais-je lancé d'un ton outré.
Deen s'était contenté de hausser les épaules.
– Pourtant t'es quand même revenu à la charge quand tu m'as croisé en terrasse, avais-je répliqué. Pédophile va !
Mon mec s'était marré, puis il m'avait attiré contre lui :
– J'aime bien les p'tites jeunes, qu'est-ce que tu veux que je te dises !
Ça avait été à mon tour de rigoler, ma tête posée sur son torse se soulevant au rythme de sa respiration et de ses ricanements.
– Moi je pensais que j'allais encore devoir distribuer des patates ! avais-je avoué, ce qui avait fait rire Deen. Déjà en te voyant je me suis dit « putain le mec se prend pas pour de la merde ». Je suis désolée mais t'avais grave une dégaine de macho séducteur et imbu de sa personne, m'étais-je défendue en rigolant lorsque mon rappeur avait semblé vexé par ma révélation. Remarque, ça a pas trop trop changé...
J'avais ensuite sursauté lorsque Deen m'avait dégagée sur le côté d'un mouvement d'épaule, puis j'avais ri de son air offensé.
Nous étions restés silencieux de longues minutes et, la fume aidant, j'étais complètement passée à autre chose lorsque mon mec répliqua d'un ton à la fois songeur et inquiet :
– Tu trouves vraiment que je suis macho et imbu de ma personne ?
J'avais ricané, me moquant du fait que mes paroles l'aient perturbé à ce point, puis j'avais répondu avec honnêteté :
– Macho... C'est ce que tu laisses paraîtres mais on se rend compte que c'est pas le cas en te côtoyant. Imbu de ta personne par contre...
J'avais levé les yeux au ciel d'un air énigmatique lorsque j'avais sorti ma deuxième phrase d'une voix à la fois emplie de suspense mais aussi de fausse culpabilité. Deen avait grogné, et nous ne nous étions pas plus étendus sur le sujet. Je ne pensais pas que mon mec était réellement imbu de sa personne ; mais parfois il se la pétait un peu trop.
– T'aurais cru qu'on allait finir ensemble ? avais-je ensuite demandé après de longues secondes de silence, reposant mon pète dans le cendrier sur ma table de nuit.
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Jim Morrison
FanfictionÀ la base, j'avais pas envie de me retrouver à Paris. Mais bon, j'allais pas cracher sur l'opportunité. Je laissais presque toute ma vie derrière moi, mais je me doutais pas qu'il suffise d'une côte fêlée et d'une cheville cassée pour me trouver une...