BONUS 5 2/? : « Tout le monde préfère Elma »

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Et joyeux deuxième confinement à tous... Bon courage. Je sais que ça peut être dur, je sais que les personnes anxieuses ou dépressives vont encore en baver énormément, et même sans ça, je sais à quelle point le confinement peut être dur à vivre. Donc si jamais vous avez du mal, si y'en a parmi vous qui ont besoin de parler de temps en temps ou simplement de se lâcher sur la situation actuelle, hésitez pas, je suis là. Je suis personne mais je suis là.

Bref. Plein de bisous, je suis avec vous. ❤

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6 mai 2020

– Renard, dit doucement Maëlle pour la deuxième fois en articulant bien et en signant. Re-nard.

Jude, les yeux exorbités, faisait preuve d'une concentration maximale pendant le cours de LSF de sa mère, reproduisant comme il pouvait ce qu'on venait de lui montrer. Moi, j'essayais de retenir le signe que ma meuf venait de nous apprendre. Ok, comme ça on aurait dit qu'à trente-trois piges je galérais plus que mon gosse de deux ans à apprendre la langue des signes, mais en vrai de vrai on lui apprenait juste quelques mots par jour à lui, ce qui n'était pas mon cas : quand le cours était fini et que les petits allaient jouer, avec Maëlle on continuait de se bourrer le crâne avec une centaine de signes et de phrases.

Cette dernière alternait entre Jude et Oscar : d'un côté, elle apprenait de nouveaux mots tous les jours oralement et en signant à notre aîné, et de l'autre, elle montrait des objets ou interprétait des actions à notre cadet avant d'associer un signe au geste. C'était tout bénef, nos deux gosses acquéraient du vocabulaire tous les jours. Et c'était impressionnant de voir qu'Oscar savait déjà mieux exprimer ses besoins par des signes que Jude au même âge par des grognement, des syllabes sans aucun sens, ou des pointements du doigt.

Une fois que Jude eut l'impression d'avoir intégré le mot et comme tous les jours, il sourit tout fièrement et se tourna vers son petit frère pour lui signer le nouveau mot qu'il avait appris. Évidemment, Oscar comprit rien à ce que son aîné lui disait, mais il rigola et Jude finit par rigoler avec lui. À la vue de leur hilarité, Maëlle et moi on comprit immédiatement que la suite des cours était morte pour aujourd'hui, et on les posa tous les deux dans le parc d'Oscar avec des jouets, nous laissant une petite demi-heure pour approfondir notre LSF à tous les deux.

Clairement, Maëlle se débrouillait bien mieux que moi. En même temps elle parlait déjà Anglais couramment, Norvégien quasi-couramment, et elle avait un bête de niveau en Espagnol et en Arabe. Donc signe ou pas, apprendre une nouvelle langue c'était que dalle pour elle.

Presque trois mois qu'on était confinés, et au final on avait pris le pli. Même si ça commençait à devenir long et qu'il y avait clairement du relâchement dans la France entière, on avait tous les quatre pris nos petites habitudes, et je crois que ça nous aurait pas dérangé de rester confinés quelques semaines de plus.

Maëlle faisait maintenant sa séance de muscu de deux heures tous les matins, s'entretenant pour une éventuelle reprise en utilisant parfois Jude et Oscar comme haltères ou comme poids pendant ses pompes, ses abdos, et le reste de ses exos. Je l'accompagnais souvent aussi, m'occupant surtout de faire faire de l'exercice aux petits et m'octroyant quelques minutes pour pouvoir faire mes propres exos.
Je taffais mon album depuis chez nous, m'étant habitué à être dérangé quelques fois par mes fils qui voulaient jouer, et me mettant plus du tout la pression pour la date de sortie : ça faisait trois ans que mon public attendait un nouveau projet, j'étais plus à quelques semaines près.
On se débrouillait aussi pour aider nos gosses dans leur développement, abandonnant parfois beaucoup Jude pour nous consacrer à l'évolution d'Oscar mais nous rattrapant toujours en passant du temps seulement avec notre aîné.
On inventait des jeux pour expliquer la situation du monde aux deux petits, pour qu'ils se rendent compte le moins possible de la gravité des choses.
Il nous arrivait aussi de disparaître pendant quelques heures pour aller nous balader avec nos fils, retrouvant souvent Tarek et Elyas sur le chemin, ou poussant parfois jusqu'à chez le Cheff, Max ou Ivan pour faire des petites soirées posées.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant