Chant d'Orgnar VI

626 47 3
                                    

-J'aurais peut être préféré un dragon... murmura Orgnar en se tenant le plus proche possible de la paroi rassurante de la montagne.

-Mm? Qu'avez vous dit, Orgnar? Demanda Kynareth avec un sourire malicieux, quelques mètres devant lui.

-Rien. Rien du tout. Continuons.

Orgnar tenait à sa fierté, mais la réalité était qu'il n'en menait pas large. Les longs escaliers, taillés à même la pierre, longeaient le pic sur une hauteur insoupçonnée, et n'étaient large que d'un mètre ou deux par endroit. En conséquence, en marchant au centre de l'escalier, on se retrouvait à quelques centimètres à peine du vide, de la chute, de la mort... la montée vers le temple d'Himlen semblait aussi terrible que la déesse elle même. Orgnar, bien habitué à avoir ses deux jambes bien campées sur la terre ferme, et dont la plus haute montagne qu'il ai jamais gravie était la colline de sa tribu natale d'Inam n'en menait pas large. À l'inverse, Kynareth semblait dans son élément, étant déjà venue de nombreuses fois rendre hommage à la Grande Déesse avec les membres de sa tribu natale.

-Courage, Orgnar! Lui lança-t-elle. Nous y sommes presque.

-Peuh, ce n'est absolument rien. C'étais une promenade de santé. Rétorqua le guerrier.

Kynareth s'arrêta quelques mètres plus loin, après un tournant cachant le reste du chemin à Orgnar pour l'instant.

-Eh bien, tant mieux pour vous Orgnar, car la promenade va encore durer un moment. Ma mémoire me joue des tours, nous sommes plus loin du sommet que je ne le pensais.

Orgnar ne put cacher la lividité qui atteint son visage. Mais sans dire un mot, il reprit sa lente et prudente ascension.

Après ce qui lui sembla être une éternité, ils arrivèrent enfin au sommet. Il était plus difficile de respirer à une telle hauteur, et cela procurait aux visiteurs une sorte de sentiment d'oppression, parfaitement désirée de la part des constructeurs. En posant un pied sur la terrasse boisée, Orgnar sentit ses jambes se dérober de soulagement, mais il réussit à se maintenir et à garder la face devant les prêtres et prêtresses de la déesse.

-Bienvenue, voyageurs. Les accueillit un vieux prêtre dont la longue barbe grise semblait descendre jusqu'à ses pieds. Je suis le Céleste Balgr. Votre venue a été lue dans les oracles. Veuillez me suivre.

Sans une once d'hésitation, Kynareth emboita le pas au vieil homme, suivie par Orgnar, émerveillé par la vue s'offrant à lui. Tout autour, il semblait ne plus y avoir de monde. Tout était blanc, et une sorte de mer de nuage immense recouvrait le sol, invisible depuis le temple. Seuls quelques monts en perçaient l'épaisse couche blanche de ci de là: au loin, au sud ouest, les Monts de Sapmi, ou vivait le peuple mystique des Suomen. Plus proches, les Monts Reculés, dernier bastion des peuples Nordiques dans cette direction, et qu'il avait observés durant toute son enfance, depuis la tribu d'Inam. Puis, se tournant vers la nord, on apercevait, loin dans le grand Nord, les Grands Monts Glacés, dont personne ne revenait jamais, aux confins du monde connu... et plus proche, presque à deux pas, d'autres cimes transperçant les nuages. Des Monts Sombres et fumeux, qui semblaient défier le temple et le monde des dieux. Des Monts Maudits habités par la race des traitres... les Monts d'Alduin. Orgnar déglutit. C'était là, sous ces cimes sombres, que le menait son voyage avec les guerriers de la tribu de Kynareth.

Balgr mena les deux guerriers jusqu'à une immense statue blanche, posée au centre de la plateforme aérienne, et entourée de grand braséros. La statue d'Himlen, la déesse des Cieux... la couleur utilisée pour la sculpter évoquait la pureté des nuages eux même, mais la dureté de ses traits ne faisait pas oublier de qui il s'agissait.

La Légende de KiineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant