La fumée s'élevant au delà des hautes toitures de Yurena fut finalement enfin visible. Au coeur des Rives Blanches, la première cité Nordique resplendissait comme un joyau nacré au milieu de son écrin de verdure. Ses hautes murailles blanches étaient semblables aux remparts de Mines-sous-pont, mais les bâtiments qui composaient la nouvelle capitale de l'Empire étaient, eux, dans la parfaite ligne de la culture des habitants. Les longères s'alignaient, pointant leur toits pointus vers les cieux clairs, retenus par d'imposantes poutres sculptées de motifs mythologiques divers. Les rues pavées étaient, là aussi, une nouveauté toute bienvenue dans les moeurs Nordiques, bien que certains se plaignent de la dureté des pierres sous leurs bottes. Les marchands avaient leurs étalages alignés le long de la rue principale, qui traversait la cité de part en part dans le sens de la vallée qui la contenait, troquant avec les locaux des produits venus de loin contre nourriture, fourrure, broderies, poteries et armurerie Nordique, qu'ils pourraient revendre dans des lieux où la monnaie avait cour. Cette cité était un coeur culturel et politique de l'empire, un poumon ouvrant la Nordicité si fermée aux autres peuplades, mais également un lieu où ces dernières pouvaient découvrir un autre visage que celui des conquérants et guerriers. C'était le rêve de Kiine, devenu réalité; une cité de paix, portant le nom de celle qui avait désespérément tenté de la maintenir chez elle.
Chaque pierre, chaque poutre, chaque tuile de cet imposant édifice était une fierté pour la Kesjare, et l'ensemble formait le plus beau et le plus éternel des mausolées qu'elle eut jamais pu offrir à son amante.
La Dragonicide soupira avec nostalgie à ces pensées, alors que la ville s'ouvrait peu à peu devant la petite délégation. Comme elle s'y attendait, une foule d'habitants s'amassa bientôt autour d'eux, alors qu'ils se dirigeaient vers les imposantes portes de la maison Impériale.
-Kesjarinna! Tu es déjà revenue! S'écriait une voix féminine.
-Oui, Bjarund. Notre affaire a rapidement été réglée.
-Kesjarinna! Ma fille voit cette enflure d'Harak en secret, mais l'administration ne veut rien faire!
-Et elle a raison, Telvis. Ta fille peut voir qui elle veut.
-Seigneure! Voici mon dernier né, honore le de ta bénédiction!
-Je ne suis point déesse, mais je lui souhaite bonne chance dans la vie, Alva.
-Eh bien... chuchota Lefko. Tu as la côte.
-Bien sûr.
-Je suis... surprise. Je n'ai jamais vu autant de personnes aduler unanimement un dirigeant...
-Nous sommes en Taiga d'Odin, ici, Lefko. Les gens qui ne m'aiment pas ne restent pas vivre sous ma férule, dans ma tribu. La mienne a peut être l'apparence d'un cité comme tu as pu y vivre au sud, mais le fonctionnement n'y a rien à voir. Ces gens sont comme ma famille. Je prends soin d'eux, et ils me le rendent.
Un léger sourire moqueur apparut sur le visage de la Kesjarinna.
-Tu réaliseras bien assez vite que je suis loin d'avoir la côte auprès de tout le monde, crois moi...
Les imposantes portes de la maison impériale s'ouvrirent sur la petite cours intérieure. Immédiatement, une vague déferlante de petites frimousses courut jusqu'à l'encolure fière d'Annsvir, qui grogna légèrement, mais se laissa faire.
-Mère! Tu es revenue!
-Comment s'est passé ton voyage?
-Julena a cassé mon épée en bois!
-C'est même pas vrai!
-Moi aussi, je suis heureuse de vous revoir. Sourit la Kesjarinna. Mais nous sommes fatiguées, et il nous faut nous reposer, d'accord? Pourquoi ne pas accompagner Annsvir se dégourdir les jambes dans la vallée?

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La Légende de Kiine
FantasyUn mal ancien rode. Alors que les Nordiques, pour deuxième fois de leur histoire, ont soumis toutes les tribus et le monde connu sous leur bannière, des signes inquiétant viennent troubler Orgnar, demi frère de l'Empereur, ainsi que Kynareth, guerri...