Le Destin du Kesjare III

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Le soleil brillait haut dans le ciel, caressant de sa douce lumière la fourrure des deux Fenrirs, avançant de leur démarche lupine au milieu des arbres de la Taiga. Ils pouvaient sembler parfaitement sereins, pourtant le mouvement fréquent de leurs oreilles, et leurs muscles bandés, prêts à bondir à chaque instant, laissait présager de leur réel état d'esprit, semblable à celui des deux femmes qui les montaient. Déambulant avec prudence à la frontière de la Taiga d'Odin, Kiine et Yuriana espéraient ainsi joindre rapidement le sud des Mines tout en évitant celui de la région Nordique, en proie aux fréquents affrontements entre les deux factions. Depuis la disparition de la menace draconiste, les tensions, bien loin de s'amenuiser, s'étaient amplifiées. Chaque camp considérait l'autre comme responsable de l'incursion des ennemis naturels des Nordiques dans leur territoire, et surtout chacun n'avait plus à se retenir dans la crainte de ne pouvoir se défendre en cas d'offensive draconiste. La guerre avait reprit de plus belle, et s'étendait peu à peu, à ce qu'on disait, au travers de l'Empire. Les révoltes des cités de Pont Majeur et de Dorean avaient été matées dans le sang, chaque faction considérant que cela leur apporterait une légitimité supplémentaire à la succession. La peur montait, la colère grondait, et le sang coulait. Dans ces conditions, Yuriana avait conseillé de se diriger vers le sud est et les cités libres proches de la Taiga d'Hel, refusant cependant toute incursion dans ses terres natales, mais Kiine n'avait pas voulu en démordre. Elle voulait aller à Mines-sous-Pont, dans l'oeil du cyclone.

-C'est de la folie, Kiine. Grommelait Yuriana. Nous serons prises entre les Nordiques au nord, les cité rebelles au sud, et Brocéliande à l'ouest. C'est bien le pire endroit où se rendre!

-J'ai fait une promesse, Yu. Je dois la tenir. Et puis, nous sommes neutres, et ce depuis le début du conflit... nous n'avons fait que combattre les draconistes. Nous n'avons ni attache avec les rebelles, ni avec les factions Nordiques, et il n'y a plus rien à Brocéliande qui devrait nous effrayer.

-Tu es trop optimiste, Kiine, comme toujours. Les Miniens ne se poserons pas la question de savoir si tu es impliquée où non. Ils haïssent les Nordiques, un point c'est tout. Et ton ascendance tend de toute façon à faire penser que tu n'es pas neutre.

Kiine se renfrogna.

-Orgnar n'a de père que le sens biologique pour moi. Dit elle.

-Ça suffira pour beaucoup. Et le lien du sang est fort, ne l'oublie pas.

-Le lien du sang, je l'ai avec toi, car nos sang ont coulé ensemble lors de notre lutte contre les draconistes. C'est tout ce qui doit être retenu. Et...

Kiine et Yuriana se stoppèrent soudain, et les deux Fenrir les portant se mirent à grogner.

-Un Grimm... grinça Yuriana. Et un gros. Que fait-on?

-On devrait l'éviter. Vu l'odeur, je crains que le spectacle ne soit pas très beau à voir.

-Il a massacré une tribu entière pour que ça pue autant? Pesta Yuriana. On se croirait à Hämnd.

-Hämnd?

-Une tribu d'Hel. Là où les hommes sont hors la loi.

-Les... humains?

-Non, les hommes. Les mâles. Les cheffes de cette Tribu et de celles qui lui sont inféodées ont appliqué les principes d'Hel un peu trop à la lettre.

-Mais... il y avait quasiment autant de guerriers hommes que femmes dans les troupes heliennes qui ont combattu les draconistes!

-Kiine... regardes la Taiga d'Odin. Malgré l'Empire, te donne-t-elle l'impression d'être unie?

-Pas le moins du monde. Marmonna Kiine. Odin a attendu la moindre occasion pour faire disparaitre Balta et prendre sa place, et tous ont sauté sur l'occasion.

La Légende de KiineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant