Le Destin du Kesjare XVIII

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Un éclair déchira le ciel nocturne, révélant une étendue rocheuse qui semblait s'étendre à l'infinie, grise, terne et plate, à perte de vue. Durant ce court instant où son environnement lui fut visible, Kiine se demanda où elle se trouvait, avant que l'obscurité ne retombe. Lorsque la foudre tomba pour la seconde fois, elle entrevit les deux silhouettes, à quelques pas devant elle. L'une leva son épée, l'autre, déjà au sol, leva un bras implorant. Son cri de terreur résonna dans l'obscurité revenue, et Kiine se joint à elle. C'était la voix de Yuriana, qui résonna longuement dans la tête de la jeune femme, perdant peu à peu ses notes de douleurs et ses tourments mortels pour se faire plus douce et inquiète.

-Kiine, tout va bien! Disait-elle. C'est fini... là, du calme, ce n'était qu'un mauvais rêve. Chh, ne bouge pas, tu es blessée... Méphiltès! Elle a reprit connaissance!

En effet, Kiine venait d'ouvrir les yeux, et la lumière aveuglante du soleil lui brûla la rétine. Elle était couchée sur un matelas étonnamment confortable, et recouverte de draps doux et soyeux qui caressaient agréablement sa peau à tous les endroits où elle était nue. Au dessus de son visage, se dessinaient deux yeux sombres cerclés de longs cils noirs, emplis d'un soulagement sans fin. Les longues mèches noires qui encadraient le magnifique visage de Yuriana ne faisaient qu'embellir le spectacle qu'elle offrait déjà, occupant presque tout le champ de vision de la blessée. Cette dernière sourit avec la même tendresse que celle qu'elle lisait dans ces yeux qu'elle chérissait tant, et voulut tendre ses bras pour saisir ce visage, l'embrasser de toutes ses forces, et serrer ce corps parfait contre le sien jusqu'à ce qu'ils fusionnent. Ce simple petit mouvement déclencha une réaction en chaîne dans son corps et elle hurla de douleur.

-Ne bouge pas, je te dis! S'énerva Yuriana en la forçant à rester couchée, une main posée sur son front. Mephiltès! Ho, Méphiltès!

Une voix répondit aux appels de la guerrière en Pontois, et elle soupira avant de lui rétorquer dans la même langue avec un air sombre.

-Désolée, ma louve. Dit-elle. Il semble que ce fichu guérisseur soit sorti en ville acheter des ingrédients pour ses onguents avec ses apprentis. Au meilleur moment, évidemment...

-Je préfère... voir ton visage au réveil que le sien. Plaisanta la blessée, et son rire lui arracha une nouvelle grimace accompagnée d'un gémissement.

-Arrête de bouger, par Himlen! Tu es salement amochée! J'espère que ça te servira de leçon, à te jeter la tête la première dans la première embuche qui apparaît.

-Désolée... mais elle avait prévu de me piéger de toute façon... et... de nous faire échanger la Matrice.

-Je m'en doutais bien. Soupira Yuriana. Heureusement, on a réussi à récupérer les Reliques, et toi en un seul morceau.

-J'ai... dormi longtemps?

-un peu plus de deux jours. Méphiltès disait que tu ne te réveillerai pas.

-Je n'allais pas partir... sans te dire au revoir, quand même.

-Alors ne me dis jamais au revoir. Rétorqua la guerrière Helienne avec un sourire amoureux.

Réalisant le voeu muet de la blessée, elle réduit la distance qui les séparaient et lia tendrement ses lèvres aux siennes. Ses mains calleuses, abimée par les combats et endurcie par le maniement de l'épée, glissèrent pourtant avec douceur dans les cheveux de Kiine, qui poussa un soupire d'aise. Leur visages s'éloignèrent à leur grand regrets, mais ils restèrent assez proche pour que la légère odeur mentholée de Yuriana continue de rassurer la blessée.

-Nous voilà revenues à la case départ... murmura cette dernière. Lefko est partie sans que j'ai pu honorer complètement ma promesse... et les Reliques doivent toujours être emmenées en lieu sûr.

La Légende de KiineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant